V 1 à 3 :
appel aux humbles
Si Sophonie annonce avec
vigueur l’imminence du jour du Seigneur, ce n’est pas uniquement à destination
des impies qu’il le fait. Parce qu’il est au service de Dieu comme sentinelle,
le prophète se doit de dire à ses contemporains ce que Dieu lui a transmis.
Rien ne laisse cependant présager, dans le contenu des annonces qu’il fait, que
celui-ci va porter du fruit et avoir un impact significatif auprès d’eux.
L’histoire démontre d’ailleurs l’inverse. Bien que la repentance et les
réformes entreprises par Josias aient permis un sursis, le jugement de Juda
était scellé depuis Manassé.
Le message de Sophonie
s’adresse à toute la nation, mais il vise surtout un groupe particulier de
personnes en son sein : les humbles. Eux seuls, chez qui se trouvent
encore une sensibilité pratique pour Dieu, sont en mesure de faire quelque
chose d’utile pour leurs vies et leur avenir du message du prophète. L’annonce
de l’imminence du jour de la colère du Seigneur ne doit pas être source de
résignation ou de démobilisation, mais l’occasion qui leur est donné de se
sanctifier encore davantage. Si pour les impies qui les entourent,
l’extermination est inéluctable, elle ne l’est pas pour eux. Un reste
subsistera dont ils peuvent faire partie : v 3.
Le même mot d’ordre que celui
de Sophonie conclut le livre de l’Apocalypse à l’intention des justes : « Et
il me dit : Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre. Car
le temps est proche. Que celui qui est injuste soit encore injuste, que celui
qui est souillé se souille encore ; et que le juste pratique encore la
justice, et que celui qui est saint se sanctifie encore. Voici, je viens
bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon son
œuvre : Apocalypse 22,10-11. » Les
signes annonciateurs de la fin ont une double portée. Ils sont là pour dire à
l’impie que son jugement est proche. L’exemple de Noé montre malheureusement
que, bien que prévenu, celui-ci n’en tient aucun compte : 2 Pierre 2,5 ; Hébreux 11,6. Ces signes parlent
aussi au juste. Plus efficaces qu’un sermon, ils sont une incitation pressante
pour lui à se préparer, par la justice de ses actes, à être trouvé digne de son
Dieu. Qu’au fur et à mesure que Tes pas se font entendre, notre vie se détache
du péché de ce monde pour épouser la justice de Ton royaume, ô Dieu !
V 4 à 7 :
extermination annoncée des philistins, à l’ouest
L’invitation lancée aux humbles
du pays à chercher le Seigneur et la justice est d’autant plus d’actualité que
l’extermination des peuples hostiles à Juda qui sont dans son entourage est arrêtée.
Le pays des philistins à l’ouest, en premier, sera ravagé. Les villes du bord
de la mer seront dévastées, privées d’habitants. Elles seront redonnées au
reste de Juda qui y fera paître ses troupeaux. Ce retournement de situation
inimaginable ne sera dû qu’à une seule cause : l’intervention souveraine
de Dieu.
Alors qu’Israël vit aujourd’hui
sous la menace permanente de voisins hostiles, il aurait tout à gagner à relire le livre de Sophonie.
Le salut d’Israël ne tient qu’à une seule chose : la fidélité de Dieu. Il
passe en même temps par un phénomène présent tout au long des âges : la
sanctification du reste qui Lui est attaché. « Le reste qui subsiste,
sauvé du jugement, devient le fondement d’un développement ultérieur… la marche
avec Dieu du reste fidèle sauve l’avenir du monde. Ils sont les vrais porteurs
de l’histoire en général et, dans l’Ecriture, les véhicules de la chronologie
du monde : Erich Sauer. » C’est ce reste fidèle aujourd’hui encore
qui est la courroie de transmission des différentes étapes du dessein de Dieu.
C’est par elle que celui-ci s’accomplit dans une continuité sans rupture.
Insignifiante aux yeux du monde, la présence des hommes fidèles à Dieu en son
sein est de la plus haute importance pour Lui. Car ils sont « les agents
de chaque nouveau commencement et témoigne de l’unité du plan salvateur de
Dieu : Erich Sauer. » Que Dieu nous donne la conscience de la valeur
élevée que nous avons à Ses yeux dans ce monde, une valeur plus importante que
celle de ses dirigeants qui passeront et dont l’œuvre mourra avec eux !
V 8 à 11 :
extermination de Moab et d’Ammon, à l’est
Après les philistins, c’est à
Moab et Ammon, les deux peuples issus de l’union des filles de Lot avec leur
père : Genèse 19,30 à 38, que Sophonie fait
part des menaces de jugement de Dieu. Le jugement que Dieu prononce sur des
peuples n’est jamais arbitraire. Il est toujours motivé par des faits précis
qui ont provoqué Sa colère. Ici, c’est l’attitude de Moab et d’Ammon, cousins
éloignés du peuple de Dieu, qui est en cause. Dieu, dit le prophète, a entendu
les outrages et les injures dont ils se sont rendus coupables envers Israël au
temps de leur détresse. L’acte de condamnation d’Ammon et de Moab n’est pas
propre à Sophonie. On le retrouve dans plusieurs autres livres prophétiques
traitant du même sujet : Esaïe 15 et 16 ;
Jérémie 48,25-27 ; Ezéchiel 25,1 à 11.
Le jugement prononcé par Dieu contre les deux peuples n’est pas fortuit. Il répond à une logique qu’il vaut
la peine de méditer. Moab et Ammon seront rendus, dit Sophonie, semblables à
Sodome et Gomorrhe, les deux villes desquelles Lot, leur père, a été sauvé. La
motivation des deux filles de Lot, en couchant avec lui, n’était pas d’ordre
moral. Isolées dans leur grotte, après la destruction des deux villes et la
mort de leur mère : Genèse 19,26, les deux
filles du neveu d’Abraham n’avaient qu’un souci : perpétuer la descendance
de leur père : Genèse 19,32. Comme il le
fit pour Abraham et Agar, Dieu exauça leur souhait. Nous sommes ici au début
des choses. Sophonie, inspiré de Dieu, révèle ce qui en sera la fin. Il
confirme la parole de Jésus au sujet de ce que le jugement arrachera dans le
monde : Toute plante, dira-t-Il, que mon Père n’a pas plantée sera
déracinée : Matthieu 15,3. Moab et Ammon
ont échappé au jugement de Sodome et Gomorrhe. Ils sont nés par des moyens
charnels du salut de Lot. Ils ne subsisteront pas. Le souhait des deux filles
de Lot ne se réalisera pas. Moab et Ammon seront à leur tour rendus semblables
aux deux villes honnies.
Le jugement de Dieu n’est pas
arbitraire. Il ne fait que rendre à chacun la moisson de ce qu’il est. Ce qui
est né de la chair subit le jugement réservé à la chair : la mort. Seul ce
qui vient de Dieu a le pouvoir de passer au travers du jugement de Dieu :
cf 1 Corinthiens 3,12 à 15. Que chacun dès lors
s’examine et sois sûr de la nature de ce qui l’identifie !
V 12 à 15 :
extermination des peuples du nord et du sud
Sophonie termine le tour d’horizon
des peuples qui subiront le jugement de Dieu en s’adressant de Sa part aux
grandes puissances de l’époque au sud (les Koushites), et au nord du pays (les
Assyriens). Pour elles aussi, comme pour les autres, pas de salut ! Ces
grandes puissances ont beau se croire invincibles : elles finiront elles
aussi en ruines.
Une place spéciale est donnée
par le prophète à Ninive, la capitale assyrienne. On le sait : ce n’est
pas la première fois que la grande ville entend parler du jugement imminent de
Dieu sur elle. Au temps de Jonas, le prophète, elle a été avertie. Suite à sa
repentance, Dieu lui a fait grâce. Ninive a survécu : Jonas 4,11. Mais la grande ville ne s’en est pas
souvenue. Il suffira de quelques générations pour qu’elle retourne dans ses
crimes et ses exactions. Pire ! La grâce dont elle a été l’objet l’a
rendue arrogante. Epargnée une première fois, Ninive se croit désormais
invincible. Mais le temps de la grâce et de la patience de Dieu est terminé.
Nahum l’a annoncé, Sophonie le confirme : Ninive va affronter de plein
fouet la colère de Dieu. La ville sera un lieu dévasté qui servira de gîte à
des animaux sauvages de toute espèce. Sa destruction est arrêtée ! Elle
sera si complète et di radicale qu’elle frappera l’esprit de quiconque passera
près de ses ruines !
Que ce soit Ammon, Moab ou
Ninive, ce n’est pas sans avoir connu le Seigneur que ses peuples seront jugés.
Les uns étaient proches parents d’Israël, les autres ont été l’objet de la
miséricorde de Dieu. La colère de Dieu est le résultat du mépris de Sa grâce.
Ceux qui la subissent ne sont pas des victimes, ils sont inexcusables. La grâce
dont nous sommes l’objet nous rend responsables de vivre à la hauteur du don
reçu. Ne la prenons pas comme un cadeau bon marché ! Souvenons-nous qu’elle
exprime la main tendue d’un Dieu qui ne désire pas la mort du méchant, mais sa
conversion et son salut : Ezéchiel 18,23 ;
33,11.