lundi 21 juin 2010

Malachie 2,10 à 16

L'ALLIANCE ROMPUE

1. INTRODUCTION :


Après avoir dressé le procès des prêtres et défini la part de responsabilités qu’il leurs revenait dans l’état moral et spirituel de la nation, Malachie se tourne maintenant vers le peuple pour stigmatiser l’infidélité par laquelle l’unité du peuple de Dieu se trouve brisée et l’alliance avec son Dieu profanée. Si les responsables spirituels d’une entité sont les premiers à qui Dieu demande des comptes pour l’état de celle-ci, ils ne sont pas les seuls à devoir le faire. Chacun à son niveau est responsable devant Dieu des décisions qu’il prend et des actes qu’il commet. Quand bien même des responsables ne seraient pas à la hauteur de leur vocation, leurs défaillances ne justifient pas pour autant les péchés et les écarts de conduite du peuple. Toute l’histoire du peuple d’Israël et de l’Eglise témoignent du fait que le péché toléré d’un seul membre du peuple suffit à porter un coup fatal au témoignage de l’ensemble et à la bénédiction de Dieu sur tous : Josué 7,1.11-12 ; Actes 5,1 à 6 ; 1 Cor 5,1 à 5. Quelle incidence a le péché d’une personne sur le tout ? Où commence et où s’arrête la liberté de choix d’un membre du peuple de Dieu ? C’est à ce type de questions que le passage de la prophétie de Malachie répond.

2. L’APPARTENANCE : LE PRINCIPE SPIRITUEL DE BASE : v 10

Comme il l’a fait au 1er chapitre à propos des prêtres, c’est par deux questions que Malachie introduit l’interpellation qu’il adresse aux membres du peuple concernés par le péché qu’il va dénoncer pour les amener à réfléchir selon Dieu à leur conduite. Les deux questions posées par Malachie ne présentent aucune difficulté quant à leur réponses. Celles-ci sont d’une évidence telle qu’il paraît presque absurde de les poser.

Le fait que l’évidence est le mode par lequel le prophète opère pour amener ses contemporains à la réflexion sur leur conduite n’est pas le fait du hasard. Ce fait témoigne tout simplement du fait qu’il est impossible pour quiconque d’entrer dans le péché sans automatiquement gommer de sa mémoire des réalités qui relèvent du bon sens. Les questions posées ici par Malachie ont un but : rappeler aux membres du peuple le cadre et les limites auxquels se heurte leur liberté :

1ère limite : en tant que membre du peuple de Dieu, nous ne sommes pas des individus isolés. Nous faisons partie d’une famille dont les membres sont rattachés par de forts liens et dont Dieu est le Père. Cette limite implique que chaque chose que je fais, et dont je me rends coupable, rejaillit inévitablement sur l’ensemble. Comme Dieu l’a dit à Josué, le péché pratiqué par l’un, quand il n’est pas jugé, est le péché de tous : Josué 7,1.10-11

2ème limite : en tant que peuple créé par Dieu, je fais partie d’une nation régie, comme toutes les nations, par des règles internes. De même que quiconque qui vit en France est sanctionné s’il vient à contrevenir aux règles qui régissent la société française, celui qui, au nom de sa liberté personnelle, contrevient aux règles de la nation sainte à laquelle Il appartient, et dont Dieu est la tête, mérite d’être sanctionné : 1 Pierre 2,9.

Avant la prière de Jésus pour les Siens précédant Son départ, Malachie remet en valeur le principe évident, mais oublié, selon lequel c’est l’unité du peuple de Dieu dans l’obéissance à Dieu et la soumission à Sa volonté qui est la garantie de la durabilité de Sa bénédiction sur lui. Dans l’état dans lequel se trouvait la nation au moment où parle Malachie, il était impossible à Dieu d’écouter leurs prières et d’agréer leurs sacrifices : v 13.

Comme il en a été dès le début, Malachie rappelle au peuple de Dieu que, encore et toujours, les péchés conscients que nous pratiquons, dans lesquels nous persévérons et desquels nous refusons de nous séparer, sont et restent le principal obstacle à l’exaucement par Dieu de nos prières : Psaume 66,18. Si Dieu, nous connaissant, ne s’attend pas à trouver au milieu de nous un peuple parfait, sans péché, ce qu’il ne peut accepter par contre est son installation sans réaction au milieu de nous : un état de fait que Pierre ne supporta pas à Jérusalem et Paul à Corinthe : Actes 5,1 à 6 ; 1 Cor 5,1 à 5.

L’Eglise ne doit jamais, en aucun cas, être un lieu semblable à celui dans lequel vivaient les chèvres de Robison Crusoe : leur enclos était si vaste que celles qui se trouvaient à l’intérieur étaient aussi sauvages que celles de l’extérieur. Deux sphères nettement différentes existent :

- la 1ère est celle du Royaume de Dieu dans laquelle la liberté de chacun est soumise à la volonté de celui qui en est le Chef

- la seconde est celle du monde, dont le prince est le diable, autorité visible dans les actes et les attitudes de ceux qui en sont membres : Jean 8,44

C’est par nos actes que nous témoignons du Père et du Chef auquel nous appartenons !

NOTA : Importance et réalité du sentiment d’appartenance :

Le sentiment d’appartenance est le fait de se sentir pleinement intégré dans un groupe. Ce sentiment dépasse le simple fait d’être un membre physique du groupe. Il implique une identification personnelle aux références du groupe : à son identité, ses valeurs, ses normes, ses habitudes. Le sentiment d’appartenance est renforcé par les attaches affectives personnelles, le sentiment et les actes de solidarité envers les autres membres et la considération mutuelle.

Le sentiment d’appartenance est le fondement de la cohésion de la vie d’un groupe et de son esprit d’équipe. Il s’exprime visiblement par le fait que les objectifs du groupe priment sur les buts personnels et que les succès comme les échecs du groupe sont aussi ceux de chacun. C’est le sentiment d’appartenance à un groupe qui fait que chacun y trouve sa place sans heurts avec les autres. La part irremplaçable de l’un est complété et dépendante de la part irremplaçable de l’autre, dans le seul but du service de la collectivité toute entière.

3. NATURE DES PECHES D’INFIDELITE :

Après avoir rappelé les principes qui conditionnaient les relations des membres du peuple entre eux et avec Dieu, le prophète en vient aux faits commis, faits synonymes à ses yeux de trahison entre eux et de rupture d’alliance avec Dieu :

1er fait : le mariage des israélites avec des femmes étrangères : v 11

Notons que si Dieu s’oppose à de telles alliances, ce n’est en aucun cas pour des critères raciaux, mais uniquement pour des raisons spirituelles. Comme il le dit dans la loi, ce que Dieu craint, en voyant un israélite épouser une païenne, c’est que celle-ci le conduise à se détourner de Lui pour l’amener à adopter ses dieux : Deut 7,1 à 4. La preuve que la crainte de Dieu à ce sujet était fondée sera donnée par l’exemple même de Salomon, un des hommes pourtant réputés les plus sages de tous les temps : 1 Rois 11,1 à 8. A l’opposé de cet exemple, Dieu Lui-même donnera à Rahab et Ruth, deux femmes d’origine païenne, ayant abandonné leurs dieux pour s’attacher à l’Eternel, de faire partie de la lignée du Christ : Mat 1,5.

Il est courant d’entendre parmi les enfants de Dieu l’argument selon lequel le fait d’épouser un non croyant peut aboutir à l’heureuse conclusion de la conversion de celui-ci. Si la grâce de Dieu peut le permettre, jamais la Bible ne soutient un tel point de vue. L’expérience, au contraire, tend à prouver l’inverse : succombant à l’attrait qu’exerce sur lui l’incroyante, c’est le croyant faible qui s’éloigne de Dieu plutôt que l’incroyante qui s’en approche !

En quoi, le fait pour un membre du peuple de Dieu d’épouser une femme étrangère, adoratrice d’une autre dieu, est-il une trahison envers ses frères et un acte de rupture à l’alliance de Dieu ? Plusieurs raisons :

1. L’union est vécue par Dieu comme une profanation de ce qui est sacré : v 11b. L’enfant de Dieu, dit Paul, est un membre de Christ et son corps le temple du Saint-Esprit. En s’unissant à une incroyante vouée à l’idolâtrie, le croyant s’engage dans une alliance contre nature qui porte atteinte au caractère même de Dieu : 1 Cor 6,12 à 20. C’est pourquoi Paul indique que si le chrétien, suite à sa conversion, peut se séparer de son épouse incroyante, il ne peut se remarier qu’avec une croyante : 1 Cor 7,12 à 15.39.

2. L’union d’un croyant avec une incroyante porte préjudice au témoignage de Christ et l’affaiblit dans l’église. Si, déjà, le mariage est une condition qui oblige les époux à s’adapter l’un à l’autre, parfois au détriment du Seigneur : 1 Cor 7,32 à 35, combien davantage ce partage, qui diminue la part consacrée au Seigneur, sera-t-il une réalité dans un tel cas de figure ! L’idée que le croyant transmet à l’incroyante en l’épousant est que, certes, les commandements de Dieu existent mais que, finalement, ils n’ont que peu d’importance. Ce n’est pas à lui seul, mais aussi à sa conjointe que, sur le plan spirituel, le croyant nuit.

3. L’union d’un croyant avec une incroyante a des répercussions inévitables sur leur descendance commune. Au lieu d’engendrer des enfants éduqués dans la foi, c’est un foyer déchiré et divisé que, inévitablement, les époux offrent à leur progéniture. Comment, dans ce cas, le père pourra-t-il éduquer les enfants selon le Seigneur : Ephés 6,4 et leur inculquer les valeurs de la Parole de Dieu : Deut 6,6-7

4. L’union d’un croyant avec une incroyante témoigne du fait que ce qui l’a attiré vers elle n’avait rien à voir avec le Seigneur auquel il appartient, mais ne provenait que de considérations humaines et charnelles. S’il n’y avait rien de Dieu en elle, il faut se poser la question de savoir de quelle nature était ce que le croyant a aimé en elle au point de l’épouser : Prov 5,20 à 23.

2ème fait : la banalisation du divorce comme préalable au mariage des israélites avec des femmes étrangères : v 14

Un péché ne venant jamais seul, Malachie en vient maintenant à ce qui, en son temps, représentait aux yeux de Dieu le comble de la trahison, de l’infidélité et de la rupture du contrat d’alliance qui, par ses obligations, liait le peuple de Dieu à son Dieu : le divorce.

Si, rappelons-le, la cause de tous les désordres qui étaient dans le peuple venait du fait que celui-ci avait oublié qu’il devait vivre comme une famille dont Dieu était le Père ou une nation sainte dont Dieu était le Créateur : v 10, c’est dans le cadre de la famille humaine, et plus particulièrement des liens sacrés qui fondaient le mariage que cet oubli était le plus criant. Il peut nous arriver, comme Israël, de continuer à exister en tant que peuple de Dieu, de nous considérer même, en tant qu’Eglise, comme une famille dont les membres sont, à nos yeux, comme de vrais frères et sœurs. Malachie nous prévient : nous sommes menteurs aux yeux de Dieu si cet esprit de famille que nous voulons montrer au monde ne se traduit pas dans le cadre des liens de notre propre foyer.

C’est vu sous cet angle que Malachie nous transmet, de la part de Dieu, comme aucun autre passage de l’Ecriture ne le fait, Sa vision du divorce. Il nous dit de Sa part trois choses à ce sujet :

1. le divorce d’un mari est une trahison de l’engagement pris lors du mariage envers la femme avec qui il s’est lié devant Dieu.

Pour nous faire sentir le degré auquel atteint cette trahison, Malachie donne un double titre à la femme à laquelle les liens du mariage nous ont attachés :

- c’est la femme de ta jeunesse, celle qui, dans les meilleures années de la vie, s’est offerte à toi et qui a fait toute ta joie : Prov 5,15 à 20. Est-il juste, maintenant qu’elle a porté tes enfants, qu’elle a tant fait pour toi et ton bonheur que, parce que les années ont passé, tu la rejettes pour une autre plus attirante à tes yeux ? Avant d’être une rupture, le divorce est d’abord aux yeux de Dieu la marque d’une profonde ingratitude et d’un grand égoïsme.

- C’est la femme de ton alliance. Si le mariage te donne des droits en tant qu’époux, il t’impose aussi des devoirs, semble dire Malachie. Sache donc que le jour où tu as signé le contrat d’alliance qui te liait à ta femme pour la vie, c’est non seulement devant les hommes, mais devant Dieu que tu as apposé cette signature. Dieu te demandera compte de ton abandon.

2. C’est dans l’esprit que se produit la rupture avant qu’elle ne le soit dans les faits : v 15 (fin).

Prenez donc garde en votre esprit, dit Malachie, car c’est dans ce que vous nourrissez dans le secret de votre cœur que commence le processus qui aboutit un jour à la rupture : Mat 5,27 à 29. Sachons bien que la tentation du divorce, de plus en plus courante en notre temps dans les milieux chrétiens, n’a pas pour seule cause la convoitise. Elle peut aussi être l’aboutissement de problèmes relationnels non réglés au fur et à mesure dans la vie du couple :

- le refus de se pardonner certains torts

- le refus de servir l’autre, l’égoïsme

- le manque de communication : une vie où l’on se croise : plus d’intimité, d’échange, d’amitié : Mal 2,14 parle de l’amie que doit être l’épouse. Amie = confidente privilégiée

- le danger d’une trop grande proximité avec d’autres femmes

- des attentes injustifiées
- etc…

« Un homme, dit Thomas Watson, ne se garde pas chaste en ayant une femme, mais en aimant sa femme. » Prenons garde en notre esprit. C’est là que se trouve la genèse de toutes les ruptures conjugales malheureuses.

3. le divorce est l’une des choses les plus détestables qui soit aux yeux de Dieu : v 16.

Il est détestable pour de multiples raisons :

- pour l’acte de violence qu’il représente pour le cœur de la personne trahie : v 16b. Il n’est pas interdit de penser ici que les larmes versées et les cris poussés près de l’autel, rendant impossible le fait pour Dieu d’agréer les offrandes apportées par les israélites à Son autel, soient ceux des femmes abandonnées par leurs maris qui n’avaient que Dieu vers qui se tourner pour répandre leur chagrin.

« Ces petites pensées « innocentes » qui folâtrent « gentiment » par-delà les frontières du mariage équivalent, au regard de Dieu, aux pensées d’un malfaiteur qui se prépare à assaillir quelqu’un pour le mettre à mal : John Benton. »

- à cause du péché qui, quelles que soient les raisons souvent avancées (incompatibilité d’humeur, monotonie…) en est toujours la cause. Même quand Jésus autorise le divorce, soulignons que c’est à contre-cœur qu’Il le fait, davantage par compassion pour ceux qui souffrent que pour valider un processus justifiable : Mat 19,3 à 9.

- A cause des dégâts, souvent irréversibles, qu’il occasionne dans le cœur et l’esprit des enfants issus du couple. Comment les enfants nés de famille chrétienne pourrait-il apprendre l’amour, la patience, le pardon, la fidélité, la responsabilité s’ils voient leurs parents, se disant chrétiens, se séparer pour cause de refus de les pratiquer ! C’est le couple qui, selon Paul, est la meilleure illustration de la relation profonde qui lie Christ à l’Eglise : Ephés 5,21 à 33

Dieu haïssant la répudiation, Il promet la plus sévère des corrections à qui passerait outre Ses avertissements : v 12 ; Prov 2,16 à 19 ; 6,27 à 35. Que, par Son Esprit, Dieu nous donne conscience de la gravité des péchés que notre société banalise si facilement !

samedi 19 juin 2010

Malachie 2, 1 à 9

PROCES DES SACRIFICATEURS

1. INTRODUCTION :

Nous avons vu dans le 1er chapitre que, si Malachie dénonce le mépris dont le peuple de Dieu fait preuve à Son égard à travers les sacrifices honteux qu’il Lui offre, c’est d’abord sur les prêtres que le prophète fait reposer la responsabilité de cet état de fait. Si le peuple était coupable de ses péchés, les prêtres, censés être la conscience spirituelle du peuple et les gardiens de l’obéissance à la loi, l’étaient encore davantage.

Aussi Malachie poursuit-il en s’en prenant ici, exclusivement cette fois-ci, de nouveau à eux, convaincu qu’il est qu’une tête malade( les responsables) ne peut donner un corps en bonne santé: cf Esaïe 1,5-6.

2. MESSAGES AUX SACRIFICATEURS :

V 2 : 1er message : la relation avec Dieu est une relation conditionnée

Le 1er message que, au nom de Dieu, Malachie rappelle aux sacrificateurs est que les privilèges dont ils sont l’objet de la part de Dieu doivent s’entendre dans le cadre d’une relation conditionnée avec Lui. Les prêtres ne sont au bénéfice des bénédictions de Dieu que dans la mesure où ils sont fidèles à la double vocation qu’ils ont reçue de Lui :

1ère vocation : L’écouter

C’est toujours ici, selon Dieu, que tout commence. En effet, si le premier commandement de la loi, que les sacrificateurs devaient enseigner, est celui d’aimer Dieu, la loi elle-même le fait précéder d’un mot d’ordre sans lequel il est impossible de la pratiquer : Ecoute Israël : Marc 12,29 à 31. Plus que les activités et le faire, Jésus rappellera à maintes reprises que l’écoute de Dieu et de Sa Parole est la condition incontournable de tout bonheur, plénitude, efficacité dans le service de Dieu : Luc 8,21 ; 10,38 à 42 ; 11,28.

Quoi que ce soit qui n’aille pas ou que nous trouvons malade ou en mauvais état dans notre vie, nous pouvons dire à coup sûr que l’origine du mal tient au départ à une seule chose : notre manque d’écoute de Dieu et de Sa Parole : 1 Sam 12,15 ; Néhémie 9,29.

Des passages que nous avons lu, il ressort clairement une idée qu’il nous faut retenir. Ecouter dans le langage de Dieu signifie bien autre chose qu’entendre. L’écoute de Dieu et de Sa Parole n’a de sens que si elle est vécue dans l’esprit d’être disciple : Esaïe 50,4, de mettre en pratique ce que Dieu dit et de s’y conformer : Jacques 1,22 à 24. C’est pour ne pas avoir pratiqué ce type d’écoute que les sacrificateurs ont péché contre Dieu et ont amené le peuple à pécher ensuite contre Lui.

2ème vocation : Lui rendre gloire

Il y a bien des manières de s’acquitter de cette vocation que Dieu adresse à tout homme, en particulier à ceux qui sont les Siens. Nous rendons gloire à Dieu :

- lorsque nous disons la vérité et reconnaissons notre état de péché et nos fautes devant Lui : Josué 7,19 à 21
- lorsque nous rendons à Dieu le culte, l’honneur, la reconnaissance qui Lui reviennent pour ce qu’Il est et ce qu’Il fait pour nous : Mat 22,21
- lorsque nous répondons à Ses bienfaits et à Ses dons d’une manière qui soit, à notre niveau, à la hauteur de Son amour pour nous : Jean 12,8 ; 1 Jean 4,19.

Quel que soit le ministère ou le service que nous avons, souvenons-nous que toute activité, tout engagement pour Dieu n’a de sens que s’il s’inscrit dans la double vocation qui nous est adressée : L’écouter, Lui rendre gloire.

Malachie nous prévient du danger qu’il y a pour tout serviteur de Dieu de penser que, puisqu’il est l’objet de Sa faveur, rien de grave ni de malheureux ne peut lui arriver. Quel que soit le cadre d’alliance dans lequel nous nous trouvons, les bénédictions qui s’attachent à la grâce dont nous sommes l’objet restent soumises en tout temps à des conditions : exemples :

- Deut 4,25-26 : la pérennité des promesses données à Israël : Deut 8,2.19 dans la 1ère alliance était suspendue à leur fidélité à cette alliance

- Rom 6,16 : la promesse de la liberté vis-à-vis du péché est suspendue à la condition de notre obéissance à Christ : Rom 8,13

- Col 1,21 à 23 : la promesse de notre salut définitif est liée à la condition de rester dans la foi sans nous détourner de l’espérance que nous apporte l’Evangile

La grâce de Dieu, qui fait de nous Ses associés dans Son œuvre, n’est pas conditionnée, dans Sa réception, à nos mérites : Ephés 2,8-9. Cependant, elle ne peut pleinement porter ses fruits dans nos vies que si nous la traduisons par le comportement qu’elle nous enseigne comme étant celui qui plaît à Dieu : Ephés 2,10 ; Tite 2,11 à 13

V 2 et 3 : 2ème message : le comportement de Dieu envers Son peuple est le reflet du comportement du peuple envers Lui.

Les sacrificateurs traitant Dieu avec mépris, Dieu ne voit aucune raison pour laquelle Il devrait continuer à leur prodiguer Ses soins attentionnés ou les faire jouir de Sa faveur. La seule façon qu’Il juge efficace pour leur faire comprendre la gravité de leur attitude est de les traiter de la même manière qu’ils Le traitent : Psaume 18,24 à 28.

Il nous est possible, à la lecture des versets parlant de la façon avec laquelle Dieu va traiter les prêtres, de trouver les paroles et la réaction de Dieu choquantes. Elle ne l’est que parce que nous n’avons pas saisi la portée des sentiments que Dieu exprime au 1er chapitre sur le mépris qu’Il ressentait de la part de ceux qui avaient la charge de donner gloire à Son nom ! Nous sommes parfois si endurcis de cœur que ce n’est que lorsque nous sommes traités par les autres comme nous les avons traités que nous comprenons la gravité de nos actes.

Quels qu’ils soient, les jugements et les châtiments de Dieu envers le monde ou les Siens, portent tous la marque du même témoignage : ils sont justes et équitables : Hébr 12,5 à 11 ; Apoc 16,4 à 7.

Outre le mépris dont les sacrificateurs infidèles seront l’objet, l’autre moyen de pression  sur lequel Dieu agira contre eux sera de les priver de leurs revenus : v 3a. Serviteurs de Dieu, les Lévites n’avaient hérité d’aucune propriété. L’Eternel seul devait être leur héritage : Deut 10,9. Héritiers de Dieu, leurs revenus provenaient de 3 sources :

- de la dîme payée par les autres tribus d’Israël : Nomb 18,21

- d’une part des sacrifices consumés par le feu que le peuple apportait : Deut 18,1

- les lévites avaient reçu en outre comme patrimoine de la part de Dieu, 48 villes disséminées dans tout le territoire d’Israël avec leurs abords pour y faire vivre leurs propres troupeaux : Nomb 35,1 à 8.

Ce sont sur toutes ses sources de revenus que l’Eternel allait agir pour châtier Ses serviteurs infidèles.

Nous pouvons penser à tort que notre salaire ou nos revenus sont exclusivement le fruit de notre travail. Ils sont en fait un cadeau de Dieu : Aggée 2,8 : un cadeau que Dieu a le pouvoir de nous reprendre si, au lieu de Le servir comme Il le souhaite, nous ne pensons qu’à profiter pour nous-mêmes de Ses bienfaits. Si la menace concerne tout le monde, elle s’applique encore bien davantage à ceux dont le ministère nécessite d’être à plein temps au service de Son culte !

V 4 à 7 : 3ème message : l’objectif de Dieu, en agissant comme Il le fait, n’est pas de rompre l’alliance avec Lévi (les prêtres), mais de la rétablir en l’amenant à retourner aux attitudes et au comportement qui étaient ceux des lévites au début de l’exercice de leur ministère.

Un des combats et une des grandes difficultés auxquels sont confrontés chaque chrétien et chaque église est de garder le zèle et les attitudes qui étaient les leurs au début de leur vie avec Dieu : Apoc 2,5. Si elle peut arriver, il est rare que la déchéance ou l’éloignement du chrétien vis-à-vis de Dieu soient brutaux. La plupart du temps, cela se fait insensiblement, compromis après compromis, jusqu’au point d’atteindre parfois le niveau le plus bas : ex : 1 Sam 2,12 à 17.22.

Alors que les Lévites se satisfaisaient de la médiocrité et du service minimum, Malachie leur rappelle que le niveau que Dieu désire leur voir atteindre dans leur service est celui qu’avaient les premiers lévites, tels Phinéas par exemple : Nomb 25,6 à 13 ; Psaume 106,28 à 31.

Les Lévites du temps de Malachie l’ayant oublié, Dieu leur rappelle ici les attitudes qu’Il attend d’eux et le contenu de la mission qu’Il leur a donné. Pour être les serviteurs qualifiés qu’Il attend d’eux, les Lévites doivent :

- plus que les autres, être habités par la crainte de Dieu : v 5. Pour ne pas l’avoir eu, certains en sont morts : Lév 10,1 à 5

- plus que les autres, être habités par la loi de Dieu : v 6a et 7, ce qui sous-entend qu’ils soient pour le peuple des modèles de respect et d’application dans leurs vies de cette loi : la même exigence est réclamée de nous tous dans le NT : Col 3,16 ; Jac 1,22

- plus que les autres, être des hommes droits qui soient une conscience pour les autres : v 6b : un souci partagé par Paul : 2 Cor 4,2.

Pour Malachie, et en conclusion de ce point, les Lévites ne peuvent atteindre le standard de qualité requis par Dieu dans le service que s’ils sont conscients de leur identité devant Dieu. Les Lévites ne sont pas des hommes comme les autres : ils sont des envoyés, des représentants, des missionnaires de Dieu : v 7b ; 2 Cor 2,17

Avant Paul, qui insiste beaucoup sur ce point, Malachie montre ici que ce n’est que lorsque l’on est conscient de l’identité spirituelle qui est la nôtre que l’on peut avoir le comportement qui en découle. C’est mettre la charrue avant les bœufs que de demander à un chrétien de réformer sa conduite avant qu’il n’ait pris conscience de la nouvelle personne qu’il est en Christ : 2 Cor 5,17. C’est la conscience de ce que je suis en Christ et pour Dieu qui me donnera la capacité de l’être dans les faits devant les hommes.

V 8 et 9 : 4ème message : le sujet d’accusation principal de Dieu à l’encontre des Lévites : l’utilisation dévoyée de la loi

Totalement liés à la loi, c’est pour leur utilisation frauduleuse et dévoyée de la loi que les Lévites seront principalement jugés par Dieu. Le procès de Dieu à leur encontre porte sur 3 chefs d’accusation précis :

- contrairement à leur père Lévi qui marchait avec Dieu dans la paix et la droiture : v 6, les Lévites du temps de Malachie s’étaient écartés de la voie, c’est-à-dire de la stricte obéissance à la loi : v 8a. Leur péché était semblable à celui des pharisiens qui déformaient ce que disait la loi en y mêlant des interprétations qui leur convenaient : Marc 7,8 à 13.

- laxistes avec la loi, les lévites avaient entraîné d’autres après eux dans les mêmes travers, les conduisant par la loi à tomber dans le péché à leur tour : Esdra s 10,2-3.18 à 44.

- dépositaires par la loi de l’exercice de la justice, les lévites s’étaient rendus coupables de favoritisme dans leurs jugements : v 9, en ayant égard à la personne du grand et du riche par rapport à celle du pauvre et du petit : Deut 1,17 ; Michée 3,9 à 11.

Le réquisitoire dressé par Malachie nous rappelle à quel point est grande la responsabilité qui pèse sur les épaules des enseignants de la Parole de Dieu : Jac 3,1. Non seulement ceux-ci devront rendre compte du contenu de leur enseignement, mais de l’application qu’ils en auront faite dans leurs vies !

3) CONCLUSION :

Pour conclure cette section, dans laquelle Dieu dresse l’acte d’accusation des sacrificateurs de l’époque de Malachie, nous pouvons dire que les reproches de Dieu à l’égard de Ses serviteurs portent sur trois domaines qui, s’ils sont capitaux pour Lui, doivent aussi l’être pour nous :

1er domaine : les attitudes

Mal 2,5 nous dit que les sacrificateurs de l’ancien temps avaient la crainte de l’Eternel. C’était cette crainte respectueuse qui était à la base du sérieux avec lequel ils faisaient leur service. La crainte disparue, immédiatement l’esprit dans lequel se faisaient les choses se détériora.. La crainte de Dieu est le commencement de toute sagesse : Prov 1,7

2ème domaine : l’enseignement donné

Mal 2,6 nous dit que les sacrificateurs anciens se préoccupaient d’être de véritables messagers de la Parole de Dieu. Ils avaient à cœur, non seulement de bien enseigner, mais de ne rien enseigner de faux. Les nouveaux sacrificateurs n’enseignaient plus la Parole telle qu’elle était : ils s’étaient écartés des voies prescrites par Dieu pour enseigner au peuple leurs voies. L’Ecriture ne cesse de souligner la grande responsabilité qui pèse devant Dieu sur les épaules de quiconque enseigne Sa Parole : Jac 3,1

3ème domaine : le comportement

Mal 2,6 rappelle également quel était le comportement des sacrificateurs anciens : Lévi, dit Dieu, marchait dans la paix et la droiture. Si l’attitude est première dans ce qui fait notre façon d’être, l’Ecriture souligne de part en part la nécessité pour tout serviteur de Dieu de veiller à son comportement : 2 Cor 1,12 ; 1 Tim 3,2. Car c’est par lui que, d’abord, nous sommes ou ne sommes pas des modèles pour les autres.

vendredi 18 juin 2010

Malachie 1, versets 6 à 14

Reproches divins


Après la déclaration d’amour introductive de Dieu à l’égard d’Israël, l’Eternel, par la voix de Son messager, en vient aux reproches qu’Il a à formuler. Avant le peuple, la première cible de ces reproches se trouve être les prêtres ou sacrificateurs : v 6.

La raison de cette priorité de Dieu tient à une raison simple. C’est que, pour tout organisme malade (couple, famille, nation, Eglise), c’est d’abord à ceux qui en sont la tête que Dieu s’adresse pour définir les responsabilités premières de cet état de fait.

Ainsi, bien qu’Eve ait péché la première, c’est à Adam que Dieu va s’adresser d’abord pour poser des questions et établir la vérité au sujet de ce qui vient de se passer : Genèse 3,9. De même c’est au père de famille que Dieu demande d’aimer sa femme et de ne pas irriter ses enfants : Ephés 5,25 ; 6,4. Quel que soit le domaine, celui qui est placé en responsabilité plus grande est aussi davantage redevable à Dieu de l’état de la situation sur lequel il a autorité.

En ce qui concerne le domaine de la relation entre Dieu et Son peuple, les sacrificateurs occupaient les postes clés :

1. ils faisaient office de médiateurs entre Dieu et le peuple. Ils servaient Dieu dans le sanctuaire en Lui présentant toutes les espèces de sacrifices exigés par la loi pour assurer la relation entre Dieu et Son peuple : culpabilité, réparation, offrande, holocaustes… : Hébreux 5,1 ; 10,11. Une tribu entière, la tribu de Lévi, avait été consacrée à cette charge : Deut 10,8-9. A ce sujet, les Lévites avaient reçu des recommandations précises de Dieu : la loi de Moïse interdisait formellement l’offrande d’animaux aveugles, infirmes ou malades : Lév 22,18 à 25 ; Deut 15,19 à 21. Seul un animal parfait et en bonne santé pouvait constituer un sacrifice d’une qualité digne d’être agréée par Dieu. Si le peuple était coupable d’amener à Dieu des bêtes malades ou difformes, la faute des sacrificateurs était, non seulement de ne pas les refuser, mais d’oser penser qu’une telle offrande pouvait satisfaire Dieu.

2. en plus de leur service dans le sanctuaire, une seconde responsabilité des sacrificateurs consistait à l’enseignement systématique de la loi au peuple : Mal 2,4 à 7 ; Lév 10,8 à11 ; Néh 8,2. Non seulement les sacrificateurs du temps de Malachie n’appliquaient plus la loi, mais ils négligeaient de la faire connaître au peuple.

Si Malachie relève les insuffisances du service des sacrificateurs, il ne s’arrête pas là. Car ces insuffisances ne sont que la partie immergée de la réalité. Le véritable problème ne se situe pas d’abord dans la mauvaise qualité de service des prêtres. Elle est bien plutôt dans ce qui se trouve caché au plus profond des coeurs : l’abandon de tout le respect légitime dû à la personne de Dieu : v 6 et 8.

Application : Nous pouvons, en tant que peuple de Dieu, chanter à Dieu de beaux cantiques, formuler de belles prières, assister de manière formelle à de nombreuses rencontres autour de Lui ou de Sa Parole. Tout ceci cependant reste sans valeur, s’il n’est marqué par le premier sentiment que doit nous inspirer la conscience de la grandeur de la Personne devant qui nous nous tenons : le respect, la révérence, la déférence…

Quels sont les marques et les symptômes d’un culte irrévérencieux face à Dieu ? Regardons ce qu’en dit Malachie et voyons quelles applications nous pouvons en tirer pour nous. Pour Israël de l’époque du prophète, il était dans le fait :

1. que le peuple offrait à Dieu des sacrifices qui ne lui coûtaient rien : v 7 et 8.

Or, un sacrifice ne peut avoir de valeur que s’il a coûté quelque chose de valeur et de précieux de la part de celui qui l’offre : cf 2 Sam 24,24 ; Jean 12,3 à 5. La mesure de notre amour et de notre consécration à Dieu ne s’évalue pas sur la base de belles déclarations, mais sur celui des sacrifices réels auxquels nous sommes prêts à consentir pour les lui exprimer : temps, affection, renoncements divers.

Que penserait quelqu’un que j’appelle ami si, en guise de cadeau au jour de son anniversaire, je lui offrais le contenu de ma poubelle, ce dont je ne veux plus, mes rebuts… ? Toute attitude qui consiste à offrir à Dieu les « restes de sa vie », « ce qui vient après tout le reste », en pensant que « ça ira déjà pour Lui et qu’avec cela Il peut s’estimer heureux » est d’un affront sans borne aux yeux de Dieu.

L’attitude que l’on a envers Dieu se reflète souvent dans celle dont on fait preuve dans le service de l’église locale.

2. que le peuple rendait à Dieu un culte mécanique, irréfléchi : v 8 .

Le peuple faisait à l’égard de Dieu ce qu’il n’aurait jamais osé faire à un grand de ce monde.

Son offrande, dit un commentateur, ressemble à celle que ferait tel maître d’hôtel désobligeant à l’égard d’un prince d’Orient. « Voici que le maître d’hôtel entre dans la grande salle à manger et, prononçant les mots « Avec les compliments du chef », il retire le couvercle du plat d’argent et présente au prince un gigot d’agneau puant, faisandé, et grouillant d’asticots ! Comment croyez-vous que le prince va réagir, demande le commentateur ?

Les applications de cette attitude faite de mépris dans le service de Dieu sont faciles à trouver :

- tel chrétien qui ne se permettrait jamais d’être en retard à son travail se permet régulièrement de ne pas être ponctuel aux rencontres de l’église. Plaire au patron, c’est important ; Dieu, Lui, est large. Il a le temps…

- tel chrétien qui n’hésite pas à dépenser sans compter quand c’est pour se faire plaisir avec des amis trouve toujours que tout est trop cher quand il s’agit de financer l’œuvre de Dieu

- tel chrétien qui n’hésite pas à passer des heures entières à parler de banalités avec des amis la moitié de la nuit trouve soudainement que passer une heure dans la prière avec des frères est trop fatiguant

La question que Dieu nous pose ici est la suivante : nous disons facilement que Dieu compte pour nous plus que toute autre personne. Notre vie dans les détails prouve-t-elle cette affirmation ou l’infirme-t-elle ?

3. que le peuple rendait à Dieu un culte illusoire et méprisant : v 9 à 13

Après la qualité des sacrifices, c’est à la qualité de tous les services que Malachie s’en prend ici en parlant aux sacrificateurs. Nous devons le savoir : il est impossible de servir bien longtemps Dieu avec un cœur partagé. Notre cœur est un. Il ne peut se donner entièrement qu’à une chose : cf  Mat 6,24. Commençant quelque part, notre déficience par rapport à Dieu ne tarde pas à se montrer dans tous les domaines qui exigent de nous du cœur : vie d’église, relations fraternelles, vie de famille…

Déficients dans le domaine de l’offrande des sacrifices, les sacrificateurs l’étaient partout :

- ils continuaient à demander à Dieu de leur faire grâce, mais ne faisaient preuve d’aucun esprit de repentance : v 9. Dieu pouvait-Il leur faire bon accueil ? La demande de grâce qui n’est qu’un prétexte pour soulager sa conscience sans réformer sa conduite n’a aucun poids devant Dieu : elle ne sera pas entendue.

- ils continuaient d’entretenir le feu de l’autel, alors que, depuis longtemps, Dieu n’agrée plus rien venant de leurs mains. Face à cette attitude, Dieu pose la seule question qui vaille d’être posée : qui parmi vous fermera les portes du temple ? Dieu préfère voir les salles, dans lesquelles un culte hypocrite Lui est rendu, fermées plutôt qu’ouvertes ! Une absence de culte cause moins de tort à la réputation et à la gloire de Dieu qu’un culte creux et vide !

- ils continuaient à assurer le culte, mais trouvait tout service pour Dieu lourd, pesant, fatigant : v 13. Tout était préférable, au point de vue de la joie ressentie, au fait de servir Dieu. C’était donc à reculons et à contre-cœur que les sacrificateurs continuaient (parce qu’il fallait bien vivre de quelque chose) à assurer le service minimum dans le temple de Dieu.

Question : quels qualificatifs mettrais-je à l’idée d’un projet de service pour Dieu : captivant, motivant, stimulant, enrichissant ou plutôt, pesant, ennuyeux, fatigant, saoûlant ? Si je trouve ce que j’ai à faire pour Dieu plus lourd et laborieux que ce que j’ai à faire pour moi ou les autres, c’est que, quelque part, ma vie spirituelle est affectée du même syndrome que celle des Israélites du temps de Malachie.

Les chaussures que je porte dans ma vie chrétienne sont-elles celles du zèle que communique l’Evangile de paix : Ephés 6,15.

Au milieu de tous les reproches formulés, Malachie met pour terminer le doigt sur la cause première de l’irrévérence que les sacrificateurs manifestent à l’égard de Dieu : leur oubli de Sa grandeur, une gloire et une grandeur telles qu’un jour elle illuminera toutes les nations comme le fait le soleil : v 11.

Alors qu’Israël aurait dû être le peuple précurseur, porteur de cette gloire, par son attitude il a failli. C’est pourquoi, Malachie annonce plus loin la venue de Celui par qui la gloire de Dieu va de nouveau briller dans le pays et dans le temple : 3,1-2. C’est sur le fond sombre de la faillite d’Israël et de ses chefs que se produira l’événement de la venue du Messie.

Le texte de Malachie pose pour nous une dernière question. Si Israël, peuple de Dieu, était conduit sur le plan spirituel par un clergé, les sacrificateurs, telle n’est plus la situation dans le Nouveau Testament. Nous tous, croyants, sommes sacrificateurs pour Dieu : 1 Pierre 2,9 ; Apoc 1,6. Car tous, d’une manière ou d’une autre comme chrétiens, faisons office par nos prières, notre témoignage, notre service, nos actes, de médiateurs entre Dieu et ceux qui Le connaissent ou ne Le connaissent pas encore : le père de famille, le (la) responsable de l’école du dimanche, le prédicateur, les missionnaires encore davantage que les autres : Rom 15,16. Tous travaillent au même but : unir plus profondément les hommes à Dieu.

La question se pose donc à chacun de nous de savoir comment nous remplissons cette mission, avec quel entrain, dans quelles dispositions de cœur ? D’une manière générale, une autre question se pose : la venue première du Messie s’est greffée sur la réalité de l’abandon du clergé officiel de la vraie piété. Dans quel état Jésus trouvera-t-il Son Eglise lorsqu’Il reviendra pour la seconde fois ?

mercredi 16 juin 2010

Malachie 1,1 à 5

1ère section : v 1 à 5 : mise en question par le peuple de Dieu de la réalité de Son amour pour lui

Ouverture du dialogue :

Conscient du mécontentement qui se trouve dans les cœurs, c’est Dieu qui, le premier, prend la parole pour ouvrir le dialogue avec Son peuple. Dieu, par Son messager, va exprimer tout haut ce qui se dit en secret, ce que le peuple n’oserait peut-être pas directement dire à Dieu, mais qu’il ne se prive pas d’exprimer de bouche à oreille.

Application : Sommes-nous conscients, en tant qu’enfants de Dieu, que toutes nos plaintes, nos murmures, nos mécontentements, exprimés entre hommes, sont en fait des plaintes, murmures et mécontentements formulés contre Dieu et entendus par Lui : une mise en doute, quelque part, de Son amour ?

Le dialogue de Dieu avec Son peuple commence par une affirmation qui indique Sa position, la réalité qui est la Sienne à son égard : Je vous aime ou Je vous ai aimé, dit le Seigneur !

Pourquoi cette affirmation ? Parce que l’amour de Dieu est la seule explication du statut particulier que possède Israël en tant que peuple choisi : Deut 7,7-8. Quelle autre raison que celle de l’amour ferait qu’Israël puisse privilégier d’un statut différent des autres peuples ? L’oubli de cette raison première, qui est à la racine de l’identité d’Israël, explique à elle seule la cause de la rédaction du livre.

Application : d’où vient que dimanche après dimanche, il nous faille nous exhorter à aimer Dieu, Le servir, Lui rendre le culte qui Lui est dû ? Quelle est la cause de l’ordre premier de Dieu dans la loi de L’aimer de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée : Mat 22,37 ? Pour quelle raison le Seigneur a-t-Il pris soin d’instaurer le mémorial de la Cène dans l’Eglise ? La raison est la même que celle qui est avancée dans ce livre : pour que nous n’oubliions jamais que toute notre identité d’enfants de Dieu repose sur le fait unique de Son amour pour nous : Rom 5,8 ; Ephés 2,4.

Traitement de la réponse donnée par le peuple de Dieu au fait de l’amour de Dieu : en quoi nous aimes-tu ?

Le peuple ayant perdu de vue les preuves évidentes de l’amour dont il a été l’objet de Sa part, Dieu va les lui rappeler. Le plaidoyer de Dieu ne repose pas sur de simples bons sentiments, mais sur une liste de faits irréfutables. Preuves et arguments :

1. L’amour de Dieu pour Israël se démontre par la différence de faveur dont Jacob a été l’objet de sa part dès sa naissance par rapport à son frère jumeau Esaü : v 2.

Rien pourtant à l’origine ne distinguait Jacob d’Esaü :

- tous deux étaient fils d’Abraham et d’Isaac, héritiers des promesses de Dieu faites à leur descendance : Genèse 17,1 à 8

- Bien que jumeaux, donc nés en même temps, Esaü était l’aîné de Jacob, donc l’héritier légitime des bénédictions du père. Pourtant, avant même que les enfants soient nés, Dieu annonce qu’Esaü sera soumis à Jacob : Genèse 25,19 à 26. Partant de ce fait, Paul l’utilisera pour définir le fondement sur lequel repose le principe de l’élection : la grâce seule et en aucun cas la valeur personnelle ou le mérite de celui qui en est l’objet : Rom 9,10 à 13.

Application : rappelons-nous que le même principe d’élection par grâce s’applique en ce qui concerne notre statut d’enfants de Dieu : Ephés 1,3. Celle-ci relève de la décision de Dieu seul, décision qui a son origine avant la fondation même du monde, en-dehors donc de toute valeur ou mérite personnels.

Pour autant, la faveur de Dieu relève-t-elle de l’arbitraire seul ? Que signifie le fait que Dieu a aimé Jacob et haï Esaü ? Trois réponses sont ici possibles :

1ère réponse : l’emploi des verbes aimer et haïr sont utilisés dans une optique de comparaison. On les retrouve, utilisés pour la même fin, dans la bouche de Jésus Lui-même lorsqu’Il parle à Ses disciples du degré d’allégeance qui doit être le leur à Son égard par rapport à leurs proches : Luc 14,26. L’amour que doivent porter les disciples à Christ doit être si différent et supérieur de celui qu’ils portent à ceux à qui ils sont liés par les liens du sang qu’ils sont aussi étrangers l’un à l’autre que le sont amour et haine.

Ici, Dieu dit à Israël que la faveur dont il a été l’objet par rapport à son frère jumeau, les Edomites, a la même grandeur que la distance qui sépare l’amour de la haine.

Application : sommes-nous bien conscients de ce que cela signifie pour nous d’être l’objet de l’amour de Dieu : Rom 8,31 à 39.

2ème réponse : l’emploi des verbes aimer et haïr souligne le fait qu’il n’existe aucune demi-mesure dans la position dans laquelle nous nous trouvons devant Dieu. Ou nous sommes l’objet de sa grâce, ou celui de Sa colère : Jean 3,36. Ou nous faisons partie de Son royaume ou nous appartenons aux ténèbres : Actes 26,18. Ou nous sommes au bénéfice de la justification apportée par Christ, ou nous sommes l’objet de la condamnation qui repose sur tous les fils d’Adam : Rom 5,16-17.

Le monde spirituel est un monde dualiste : amour – haine ; lumière – ténèbres ; mort – vie…

3ème réponse : Si l’élection de Jacob par Dieu au détriment d’Esaü s’est faite avant qu’ils n’aient fait ni bien ni mal, le développement des deux enfants démontrera le bien-fondé du choix préalable de Dieu :

- bien que fourbe, Jacob était désireux des bénédictions spirituelles réservées à l’aîné : Genèse 25,29 à 31

- Esaü, quant à lui, ne manifestera que mépris à l’égard de cet avantage naturel : Genèse 25,32 à 34 ; Hébr 12,16-17

Ce n’est pas l’élection qui crée la disposition, mais la disposition révèle le bien-fondé de l’élection !

2. L’amour de Dieu pour Israël se démontre par la différence de traitement que connaîtront les deux nations dans leur développement : v 3 à 5.

Tandis qu’Esaü est sévèrement châtié pour ses péchés, sans espoir de relèvement, l’avenir d’Israël est le lieu à partir duquel se révélera la gloire de Dieu pour toutes les nations. La prophétie a sans nul doute ici une double portée :

- elle concerne la venue du Christ, gloire d’Israël : Luc 2,29 à 32

- mais aussi Son futur règne glorieux : Esaïe 2,1 à 5

Les privilèges énormes dont a bénéficié Israël étaient ainsi la plus grande cause de tristesse que ressentait Paul, devenu apôtre des païens, en pensant à ses frères juifs qui refusait le salut apporté par Christ : Rom 9,1 à 5.

Application : sommes-nous conscients des privilèges énormes qui sont liés à notre statut d’élus : Rom 8,15 à 17. S’il y a bien une chose qui nous est interdite en tant qu’enfants de Dieu, c’est de douter de Son amour à notre égard !

mardi 15 juin 2010

MALACHIE : INTRODUCTION

1. Position du livre :

Par la position qu’il occupe dans le canon biblique, le livre du prophète Malachie doit retenir notre attention de manière particulière :

a. Il est le dernier livre de l’Ancien Testament, celui qui, en quelque sorte, récapitule et conclut tout ce que Dieu a à dire à Israël, le peuple qu’Il a choisi.

Le livre de Malachie, nous le verrons, est un rappel condensé de tous les grands thèmes développés par les prophètes :

- c’est un rappel du statut particulier qu’occupe Israël, le peuple de Dieu : un peuple choisi par Dieu : Mal 1,2
- c’est un rappel des obligations qu’entraîne pour Israël, et surtout, ses prêtres, ce statut particulier : Malachie 1,6 ; 2,1
- c’est un rappel de la place que doit occuper la loi dans le culte rendu à Dieu par Son peuple : Mal 2,7

Outre le fait qu’ils sont les porte-paroles de la pensée de Dieu pour les hommes de leur temps, le message de tous les prophètes s’aligne sur les 3 principes énoncés par Moïse, à la conclusion de la promulgation de la loi :

- l’obéissance à la loi mène à la bénédiction : Deut 28,1 à 14

- la désobéissance à la loi conduit à la malédiction : Deut 28,15 à 68

- la repentance apporte la restauration : Deut 30,1 à 10

b. En tant que dernier livre de l’Ancien Testament, il est le livre qui précède les Evangiles.

Par la position qu’il occupe, le livre de Malachie est, pourrait-on dire, un livre charnière. Il a, à la fois, un pied dans l’Ancien Testament, mais il introduit déjà le Nouveau, par l’annonce qu’il fait de la venue imminente du messager préparant la venue du Seigneur : Mal 3,1

Après Malachie, la seule voix prophétique qui se fera entendre en Israël sera celle de Jean-Baptiste, le précurseur de Jésus : Marc 1,2. Le livre de Malachie place désormais le peuple de Dieu dans un contexte d’attente : celle de la venue imminente du Messie promis à l’humanité : Gen 3,15 et à Israël en particulier : Deut 18,18-19 depuis si longtemps. Parce que nous chrétiens vivons dans le même contexte, celui de l’attente du retour de Christ, le livre de Malachie est porteur pour nous aussi de messages importants.

2. Présentation du livre :

Si Dieu inspire chaque prophète et se révèle à lui : 2 Pierre 1,21, c’est de manière personnelle que chacun d’entre eux a traduit dans les mots et le style qui lui convenaient le message dont il était le porteur. Le procédé particulier suivi par Malachie est le dialogue fictif entre Dieu et Son peuple.

Le livre de Malachie suit ainsi du début à la fin un même processus : un jeu de reproches adressés par Dieu suivi d’un argumentaire de réponses fait d’affirmations, de plaintes et de demande d’explications. Il exprime à la fois le mécontentement de Dieu à l’égard du peuple et celui du peuple à l’égard de Dieu. Malachie parle comme avocat de Dieu et accusateur du peuple. Le découpage du dialogue se repère facilement par le fait que les mêmes expressions en introduisent les différentes parties :

1ère reproche : Mal 1,2 : je vous aime… mais vous dites : en quoi…

2ème reproche : Mal 1,6 : un fils honore son père… mais vous dites : en quoi…

3ème reproche : Mal 1,11 : en tout lieu on offre de l’encens pour mon nom… mais vous dites : Mal 1,12-13

4ème reproche : Mal 2,13 : vous couvrez l’autel de Dieu de vos larmes… et vous dites : Pourquoi : 2,14

5ème reproche : Mal 2,17 : vous fatiguez le Seigneur par vos paroles et vous dites…

6ème reproche : Mal 3,7 : revenez à Moi et vous dites…

7ème reproche : Mal 3,8 : Oui, vous me frustrez… et vous dites.

8ème reproche : Mal 3,13 : Vos paroles ont été dures et vous dites : v 13 et 14

3. Présentation de l’auteur et époque de rédaction :

Outre son nom qui signifie « Messager », nous ne connaissons rien de personnel sur l’auteur du livre. A cause des références répétées qu’il fait aux prêtres et au service qui se fait dans le temple, et la similitude des péchés qu’il dénonce avec ceux de l’époque d’Esdras et de Néhémie (les divorces des prêtres et leur union avec des étrangères : Esdras 9 et 10), Malachie est un prophète qui se situe dans la période postérieure à l’exil, après que le temple ait été reconstruit.

Après l’enthousiasme et l’engouement des premiers moments, Israël était retombé dans un culte tiède et formaliste un peu semblable à celui que le Seigneur dénonce pour l’Eglise de Laodicée : Apoc 3,15-16. Tel est le contexte spirituel dans lequel il faut entendre le message du livre.