mercredi 8 décembre 2010

Malachie 4

1. INTRODUCTION :

A cause de la place que ce chapitre occupe dans la Révélation, il convient que chacun de nous prête une attention particulière aux paroles qui nous sont transmises ici de la part de Dieu par Malachie. Car, outre le fait qu’il conclut le livre du prophète, ce chapitre clôt la Bible juive, toute la série de paroles que Dieu aura donné à Israël depuis Moïse. Suite aux paroles dites ici par Malachie, un silence de 4 siècles va s’établir entre Dieu et Israël. Ce silence n’est pas le fait du hasard. Il est là pour dire et signifier à la nation que le temps de la préparation et des promesses liées à la venue du Messie est terminé. La prochaine voix qui s’élèvera et se fera entendre n’aura pas comme objet, comme les voix précédentes, de projeter la foi de ceux qui l’entendront vers le futur, mais de les inviter à croire maintenant. Car, désormais, le temps de l’attente est terminé. C’est celui de la réalisation qui commence : Marc 1,14-15 : le temps est accompli !

2. LE JOUR DE L’ETERNEL :

Alors que les chapitres précédents du livre de Malachie étaient consacrés aux débats et à l’argumentation entre Dieu et Son peuple, place est faite dans la conclusion du livre aux affirmations. Il y a dans nos vies et dans la vie du peuple de Dieu, des temps où l'on peut plaider, discuter, contester, argumenter devant Dieu. Mais arrive aussi le temps où, les choses ayant été dites, la place doit être laissée à Dieu. Car, quels que soient notre avis ou nos sujets de dispute et de contestation avec Lui, c’est Lui seul qui apporte dans l’histoire le mot de la fin. Nous préparer dès maintenant à l’entendre est la plus sage décision que nous puissions prendre !

S’il y a un jour auquel tout homme devrait se préparer, c’est le jour de l’Eternel. Ce jour nous est décrit par Malachie comme par le reste des prophètes et de la Bible comme le jour le plus terrible de l’histoire :

a. C’est un jour grand et redoutable : Mal 4,5, expression que l’on retrouve aussi chez le prophète Joël : Joël 2,11 ; 3,4. Ce sera, disent Esaïe et Joël, un jour de ravage : Esaïe 13,6 ; Joël 1,15, un jour d’ardente colère pour Dieu qui réduira la terre en désolation et en exterminera les pécheurs : Esaïe 13,9, un jour de ténèbres et non de lumière : Amos 5,18.20, le jour du rendez-vous de Dieu avec toutes les nations : Ezéchiel 30,3 ; Abdias 1,15. Ce jour est appelé dans le Nouveau Testament comme le jour du Seigneur, le jour du retour de Jésus-Christ : 1 Thes 5,2, le jour de la rétribution des justes et des injustes : 2 Thes 1,5 à 10, le jour du jugement : 2 Pier 2,9 ; 3,7, le jour où la création première sera anéantie : 2 Pier 3,10.12, le grand jour du combat de Dieu : Apoc 16,14 et de Sa colère ainsi que de celle de l’Agneau : Apoc 6,7.

b. C’est un jour qui sera pour les méchants comme une fournaise : Mal 4,1, une expression qui nous rappelle que, si notre Dieu est un Dieu plein de grâce, de miséricorde et de patience, Il est aussi un feu dévorant : Exode 24,17 ; Deut 4,24 ; 9,23 ; Esaïe 10,16 ; Hébr 12,29. Le feu de Dieu est le feu de Sa jalousie : Soph 3,8. Peu avant que Jésus vienne sur terre, Jean avait prévenu ses auditeurs : Celui qui vient après Lui baptisera d’Esprit-Saint et de feu : Mat 3,16. Toujours, partout, le feu est considéré dans la Bible comme un élément à la fois purificateur et destructeur.

Pour le peuple de Dieu, ce feu peut revêtir la forme de la persécution et de l’épreuve : 1 Pier 4,12. Le feu est aussi l’élément qui, au jour du tribunal de Christ, éprouvera la qualité de l’œuvre de chacun : 1 Cor 3,13 à 15.

Pour les injustes, le feu de Dieu sera un feu éternel de souffrances : Apoc 21,8, un feu préparé au départ pour le diable et ses anges : Mat 25,41, qui ne s’éteindra pas : Mat 3,12 ; Ezéchiel 21,1 à 4, le feu de la géhenne : Mat 5,22.

Si les jugements de Dieu au cours de l’histoire ont été temporaires et partiels : ex : Sodome et Gomorrhe, Ninive, Babylone, le jugement du Jour de l’Eternel se distingue par le fait qu’il sera total, global et définitif. Dieu, précise Malachie, ne laissera aux méchants ni racine, ni rameau : 4,1. Le jugement du Jour de l’Eternel éradiquera le mal de façon si complète qu’aucun rejeton, ni redémarrage de l’iniquité et de l’idolâtrie ne seront possibles ( racine et rameau représentent les deux extrémités d’un arbre).

3. LE SOLEIL DE JUSTICE

De même que la nuée qui séparait les Egyptiens des Israélites était synonyme de mort d’un côté et de vie de l’autre : Exode 14,19-20, Malachie montre que, si le feu de l’Eternel signifiera la ruine des méchants, il sera, par contre, pour les justes, le début d’une allégresse sans fin : 4,2. Le même feu qui consumera les ennemis de Dieu réjouira le cœur de ceux qui L’auront craint. Joie et guérison seront les bienfaits qu’apporteront ses rayons.

A l’étude de ce passage, Malachie semble dire qu’il n’y a pas deux réalités auxquelles seront confrontés perdus et sauvés, mais une seule. Tandis que les uns (les sauvés) connaîtront les bienfaits de son recto, les autres (les perdus) souffriront d’être exposés à son verso. Comme le feu est bienfaisant au corps si l’on se sait tenir à distance respectueuse de la flamme, il est source d’infinies souffrances pour quiconque a l’audace de le braver. Telle est l’explication de la situation si opposée que connaîtront damnés et élus face à la même réalité. Notons que sans Christ, notre justice, aucun de nous ne pourrait subsister face aux flammes éternelles du feu de la sainteté de Dieu : Esaïe 33,14.

« Le feu, tel que nous le voyons dans le soleil, est la source de toute vie sur la planète. En soi, il est une puissance terrible de destruction. Si l’on viole les lois de la nature en l’approchant de trop près, on en est puni par la souffrance et la destruction. Et pourtant de cette source embrasée rayonnent toutes les merveilles et toutes les beautés, les couleurs et la chaleur de la lumière douce et bienfaisante. Sans feu, pas de lumière. Sans lumière, pas de vie sur la terre, car la lumière pénètre dans la nature entière pour vivifier, nourrir, donner couleur et forme à toute chose…. Le feu vengeur de l’enfer fait partie de Dieu, c’est une partie intégrante inéluctable de Sa nature, car ce sont exactement les mêmes flammes qui brûlent dans l'amour au céleste royaume. Si Lucifer et ses armées, puis les hommes séduits par lui, ne s'étaient pas détournés du royaume de la lumière de Dieu vers le royaume de son feu, nul n’aurait jamais connu ni éprouvé le caractère féroce et infernal de ces flammes… L’enfer est ainsi devenu, non tant un lieu qu’une manière d’être. Partout où le moi rebelle domine, c’est l’enfer : c’est là que brûle la colère de Dieu. Au-dedans, là où les flammes de l’emportement, de la haine, de la malice et de la convoitise font rage, là est l’enfer : Norman Grubb : La loi de la foi.

4. DERNIER RAPPEL, DERNIERE ANNONCE :

C’est sur un dernier rappel, englobant tout l’enseignement de l’Ancienne Alliance et une dernière promesse, inaugurant l’imminence de la Nouvelle Alliance que se termine le livre de Malachie :

a. Dernier rappel : v 4

Souvenez-vous de la loi de Moïse ! Car en elle se trouve tout ce dont vous avez besoin pour vivre : Lévitique 18,5. Qui a la loi a la connaissance et l’essence même de la vérité : Rom 2,20. Aussi, tant que le ciel et la terre subsisteront, pas un trait de lettre de la loi ne disparaîtra : Luc 16,17. Tout enseignement qui méprise la loi ne peut à terme que conduire à l’erreur !

b. Dernière annonce : v 5 et 6

Dieu finit le livre et clôt l’Ancienne Alliance en annonçant quelle sera la prochaine étape de la Révélation : le retour d’Elie, le prophète, dont la mission sera de ressouder la nation divisée, de manière à ce qu’elle échappe à la malédiction du jugement.

Accomplie en partie par la venue de Jean-Baptiste : Jean 1,21 ; Matthieu 11,14, l’annonce s’accomplira en totalité à la fin des temps par le retour de Moïse et d’Elie peu avant le jour de la colère : Apoc 11,1 à 6. Comme Moïse et Elie rencontrèrent Christ pour parler de Son départ à Jérusalem et de Sa mort prochaine : Luc 9,31, les deux témoins apparaîtront au vu et su de toute l’humanité pour l’avertir du retour imminent du Christ, preuves vivantes qu’un tel fait est possible.

« Revenez à Moi, et Je reviendrai à vous : Mal 3,7. Tel est le grand appel de Dieu au travers du livre du prophète. Qu’il trouve un écho profond dans nos cœurs !

dimanche 5 décembre 2010

Malchie 3,13 à 18

Un Dieu décevant

Dans le cadre du procès qui, dans tout le livre du prophète, oppose Dieu à Son peuple, nous arrivons dans ce passage au 5ème contentieux entre les deux parties. Comme les quatre précédents, c’est sous la forme d’un reproche adressé par Dieu au peuple et d’une demande de justification par le peuple à Dieu sur le bien-fondé du reproche émis, qu’est construite l’argumentation visant à résoudre le différent :

1er reproche : Je vous aime : Mal 1,2 – Demande de justification : En quoi nous aimes-Tu ?

2ème reproche : vous méprisez mon nom : Mal 1,6 - Demande de justification : en quoi avons-nous méprisé Ton nom

3ème reproche : Vous me fatiguez par vos paroles : Mal 2,17 – Demande de justification : en quoi le fatiguons-nous ?

4ème reproche Vous me frustrez : Mal 3,8 – Demande de justification : en quoi T’avons-nous frustré ?

5ème reproche : Vos paroles ont été dures contre Moi : Mal 3,13 – Demande de justification : En quoi avons-nous parlé entre nous contre Toi ?

1. Ce que sont nos paroles :

C’est, dit Jésus, de l’abondance du cœur que la bouche parle : Matthieu 12,34. De même que, chez Dieu, la Parole est le moyen par lequel Il exprime ce qui est caché au plus profond de Lui-même, Ses intentions, Ses désirs : Hébr 11,3, la parole est chez l’être humain l’orifice duquel jaillit les sources qui habitent dans son cœur : Jac 3,10-11. La parole est plus que la formulation verbale de nos idées. Elle est, dit un commentateur, comme il en est pour Dieu : Ps 33,6.9, le moyen de création de notre univers. Quelle que soit la nature des paroles que nous prononçons, obligatoirement, elles affectent et façonnent notre environnement : famille, amis, relation avec Dieu et les autres. D’où la raison pour laquelle, selon Jésus, les paroles serviront de témoins à charge ou à décharge dans le jugement final qui scellera le sort définitif de tout homme : Mat 12,37.

2. Ce que sont des paroles dures contre Dieu

A l’écoute de ce que disent entre eux les israélites, Dieu leur fait le reproche de prononcer des paroles dures contre Lui. Que sont pour le cœur de Dieu des paroles dures à entendre ?

Analyse de la nature de ces paroles dures à entendre par Dieu :

a. Ce sont des paroles dans lesquelles perce la déception : v 14 ! Ceux qui les prononcent expriment le fait que ce qu’ils espéraient recevoir de Dieu, en échange des services qu’ils avaient rendus, n’a pas satisfait leur attente. Elles nous rappellent, dans une mesure plus grave encore, les paroles des pèlerins d’Emmaüs rencontrés par Jésus : Luc 24,21.

b. Ce sont des paroles empreintes d’accusation et de cynisme : v 15 ! Fruit de l’attente déçue, elles expriment les conclusions subjectives, qu’elles savent pourtant contraires au bon sens, auxquelles sont parvenues les personnes sur la base de leur analyse de la situation. Des paroles dures contre Dieu sont des paroles dans lesquelles on L’accuse de mentir et de ne pas être à la hauteur de Ses promesses !

c. Ce sont enfin des paroles qui sentent la colère, sentiment qu’expriment de manière universelle tous ceux qui, quelque part, s’estiment victimes de l’injustice. Des paroles dures contre Dieu sont des paroles dans lesquelles Dieu est accusé de ne pas être le Dieu juste qu’Il prétend être !

3. Analyse des causes sous-jacentes aux paroles dures que l’on peut exprimer contre Dieu

A la lumière de la réponse de Dieu donnée aux juifs du temps de Malachie, complétée par d’autres passages bibliques, trois causes peuvent être à l’origine des paroles dures d’amertume que nous pouvons prononcer contre Dieu :

a. 1ère cause : de fausses attentes

La 1ère raison pour laquelle les israélites sont déçus de Dieu est que leur foi s’est nourrie de fausses attentes à Son égard. A l’écoute de leurs arguments, il apparaît que les israélites ont doublement mal pensé au sujet de la conception qu’ils avaient de la bénédiction :

- la bénédiction était synonyme pour eux du don par Dieu d’une vie marquée par le bien-être dans le temps présent. Or, malgré leurs services, les israélites n’avaient pas vu leur situation sociale et matérielle changer.

- La bénédiction était envisagée chez eux en termes de gain, comme le salaire ou la rémunération de Dieu pour leurs services. La concevant comme un dû, ils ne pouvaient que se sentir lésés de ne pas obtenir en fin de compte ce à quoi ils pensaient avoir droit.

Nous devons absolument nous défaire, dans notre relation avec Dieu, des deux fausses idées sur lesquelles reposait la conception de la bénédiction de Dieu chez les israélites du temps de Malachie. Tout service pour Dieu qui repose sur un calcul est obligatoirement perverti à la base : Luc 17,10. Pour deux raisons au moins, notre relation avec Dieu ne reposera jamais sur un système d’échange équitable : la 1ère est que quoi que nous fassions pour Dieu, même s’Il s’en réjouit, nous ne Lui apportons rien de vital duquel Il serait privé sans nous : Psaume 50,12 ; la seconde est qu’il ne peut jamais y avoir égalité entre ce dont nous sommes redevables à Dieu et ce que nous Lui rendons ! De même, nous devons nous défaire de l’idée que servir Dieu nous mènera obligatoirement à une vie facile. Toute la Bible est là pour témoigner des souffrances, revers, calamités, épreuves dont ont souffert de nombreux serviteurs, par ailleurs fidèles à Dieu : Job, Moïse, Joseph… La bénédiction que conçoit Dieu pour nous est le plus qu’apporte le fait de Sa présence fidèle dans nos vies, non celui que représenterait l’épargne de toute difficulté : Mat 28,20.

b. 2ème cause : le danger que représente l’illusion d’une obéissance partielle

S’ils se trompaient dans leurs attentes à l’égard de Dieu, il est un 2ème domaine dans lequel les israélites faisaient fausse route : c’était le niveau de leur soi-disant consécration. Dans les reproches qu’ils adressent à Dieu, les israélites parlent comme si eux-mêmes étaient irréprochables à Son égard et que Lui seul avait manqué dans le contrat qui les liait l’un à l’autre. La réalité était tout autre. Non seulement les termes du contrat, tel qu’ils le concevaient, étaient faux, mais, de plus (tout le livre de Malachie en témoigne), la qualité des services qu’ils rendaient à Dieu était loin d’atteindre le niveau qu’Il attendait.

Il y a toujours danger à trouver satisfaction dans le niveau d’obéissance que nous démontrons envers Dieu. Une telle attitude, contraire à la motivation qui animait Paul : Phil 3,12 à 14 ; 1 Cor 9,24 à 27, peut peut-être fournir au cœur naturel des raisons d’en vouloir à Dieu, mais celles-ci, en aucun cas ne sauraient peser au point d’établir l’injustice de Dieu. Tant que nous n’avons pas atteint, dans l’obéissance à Dieu, le niveau de Jésus-Christ, nous n’avons aucun argument à faire valoir à Dieu pour prétendre à quoi que ce soit de Sa part : Hébr 12,4 à 13. « Souviens-toi de moi selon Ta miséricorde » est la seule prière que nous pouvons, en tant que serviteur, faire monter vers Lui : Psaume 25,6

c. 3ème cause : la perte de la juste perspective des choses

La 3ème cause de l’erreur de jugement que se faisaient, dans leur situation, les israélites à l’égard de Dieu vient de l’oubli de leur part de regarder le présent à la lumière du jugement inévitable qui va venir. Cette erreur était déjà celle commise par Asaph, lorsque trompé par les sirènes de la prospérité apparente dont jouissaient les méchants, il souffrait pour sa part de passer par l’épreuve : Psaume 73,1 à 5. Dans sa crise, Asaph se mit à penser comme les israélites contemporains de Malachie : il ne voyait plus quel avantage il y avait pour lui à marcher avec Dieu et Lui être fidèle, quel en était le gain ! Psaume 73,13-14. Le dilemme prit fin pour lui lorsqu’il considéra leurs fins : Psaume 73, 16 à 20. De ce point de vue seulement, il saisit à nouveau la différence qui existe entre le sort du juste et du méchant.

Le même argument est ici repris par Malachie. Oui ! Il est possible aujourd’hui que l’on ne trouve que très peu d’avantages à marcher avec Dieu ! Pire, il peut se trouver que l’on connaisse, en tant que croyant, un sort plus difficile que l’arrogant : Mal 3,15. Si c’est en cette vie seulement que nous espérons en Christ, dit Paul, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes : 1 Cor 15,19. Car il arrive le jour de la colère : Mal 4,1, jour où la différence entre le juste et le méchant, celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas : Mal 3,18, sera visible par tous ! Alors nous comprendrons à quel point notre foi en Dieu et notre obéissance sont un avantage. Nous trouverons alors sans difficulté toutes les raisons de Le louer pour Sa grâce et Sa fidélité à Ses promesses !

« Je désire avoir toujours devant les yeux à la fois le ciel et l’enfer, tant que je me tiendrai sur la jetée de cette vie, entre l’infini de ces deux océans ; et je crois en toute vérité que la méditation quotidienne des deux sied à tous les hommes de raison et de religion : John Wesley. »

4. La réaction des justes aux paroles dures proférées contre Dieu : Mal 3,16 à 18

Si Dieu entend les paroles dures qui sont prononcées contre Lui, que ce soit en public ou en privé, Il entend aussi celles de ceux qui, à contre-courant de l’avis majoritaire, ne peuvent, du fond de leur cœur, adhérer aux propos des désabusés. De tout temps, il apparaît que, au sein même de l’incroyance généralisée, un reste de fidèles à Dieu subsiste : cf 1 Rois 19,18 ; Rom 11,5 ; Luc 2,25 et 38.

« Les jugements de Dieu dans l’histoire ne sont jamais totaux (cf le déluge, Elie, Esdras et Néhémie…). Autrement, le rapport entre ce qui est passé et ce qui est à venir serait perdu. Ce qui survient à leur suite serait différent et indépendant plutôt que continuation et progrès… Une nouvelle vie doit toujours sortir du sein du jugement ; sans cela l’unité du tout ne saurait être conservée et le futur ne saurait être organiquement lié au passé ou au présent. Telle est la signification des hommes pieux dans le monde. Dans le jugement, ils sont les agents de chaque nouveau commencement. Ils témoignent de l’unité du plan de salut de Dieu. (Erich Sauer).

Nous sommes nous aussi, en tant que disciples du Christ, appelés à faire partie de ce reste, un groupuscule certes minoritaire, mais qui, dans sa minorité, fait entendre une autre voix, un autre son de cloche que celui véhiculé par la majorité désabusée, amère, méprisante envers Dieu. Outre le fait important de s’inscrire en faux par rapport au message global véhiculé autour d’eux, Malachie en relève un autre qui vaut largement le poids de l’opposition à laquelle il a à faire face. Ce poids est celui de l’appui et de l’approbation de Dieu pour les positions prises par ce groupe, positions qui, Il le promet, seront récompensées en leur temps : Mal 3,16 à 18.





vendredi 3 décembre 2010

Malachie 3,8 à 12

Un Dieu frustré

Le passage que nous abordons ici a pour sujet deux questions personnelles et précises posées à Dieu

1. 1ère question : Un être humain peut-il frustrer Dieu ?

La question qui nous est posée en tête de cette partie est d’importance. Car, suivant la réponse qui lui est apportée, elle nous conduit à deux conceptions totalement opposées de la Personne de Dieu ! Examen des deux réponses possibles :

a. Qu’induit la réponse « non » à la question posée ?

1ère chose : si Dieu n’est affecté en rien par notre conduite, si, quelle que soit la façon avec laquelle nous nous comportons à Son égard, cela ne provoque en Dieu ni chaud, ni froid, l’idée qui en résulte est que Dieu, bien qu’existant en tant qu’Etre, possède moins d’attributs de ce qui caractérise une personne que nous ! Un Dieu qui ne ressent pas de frustration est un Dieu qui ne saurait ce qu’est l’amour, la joie, l’espérance, le bonheur, comme la tristesse, la déception, le dépit ou la colère qui résulte d’une relation interpersonnelle.

2ème chose : si Dieu n’est en rien affecté par notre façon d’être et de nous conduire à Son égard, toute la légitimité de la notion de colère qui est à la base de Son jugement, perd sa raison d’être ! Comment Dieu pourrait-Il nous juger si, dans le ciel dans lequel Il vit, rien de ce qui se passe au milieu de nous sur terre ne L’importe ou ne Le touche ?

3ème chose : Si Dieu est insensible aux émotions que nous pouvons connaître en tant que personne, il est inutile de s’adresser à Lui et de compter sur Lui et Sa grâce dans les difficultés auxquelles nous avons à faire face dans la vie. Un Dieu qui ne ressent rien est un Dieu pour qui la grâce ne signifie rien !

b. Qu’induit la réponse « oui » à la question posée ?

1ère chose : elle implique que, bien que Dieu soit un Dieu tout-puissant et autosuffisant en Lui-même*, Dieu est un Etre au moins aussi personnel que nous ! Dieu, à cause cet attribut de Sa nature, est donc quelqu’un qui est totalement impliqué dans la relation qu’Il a avec nous. Ce qui conduit au 2ème constat !

*La Bible affirme de long en large que Dieu est immuable et qu’Il ne change pas : Jacques 1,17 ; Mal 3,6. Il est Dieu de toute éternité : Psaume 90,2 ; 93,2. « Il n’y a dans sa vie ni période de croissance, ni période de déclin. Il n’acquiert pas de nouveaux pouvoirs, et ne perd pas ceux qu’Il a toujours possédés. Il ne connaît ni maturation, ni développement. Il ne devient ni plus fort, ni plus faible, ni plus sage avec le temps. Il ne peut devenir meilleur puisqu’il est déjà parfait. Dieu ne peut jamais cesser d’être ce qu’Il est ! Telle est la puissance de « la vie impérissable » de Dieu : Héb 7,16.

2ème chose : tout ce que nous vivons, faisons, disons, et même pensons, a une incidence sur Dieu. Comme Dieu peut être réjoui par la façon avec laquelle nous répondons à Son amour, Il peut être profondément attristé, déçu par les actes mauvais, égoïstes dont nous nous rendons coupables à Son égard ou à l’égard d’autrui : Job 1,8 ; 2 Sam 11,27 ; Ps 51,5-6. Oui, nous pouvons frustrer Dieu, Le priver de quelque chose qu’Il espérait, Le déposséder de ce qui, légitimement, Il est en droit d’attendre de nous !

3ème chose : Parce que Dieu est une Personne à part entière, nous pouvons en tant que personne Lui faire part de nos problèmes, de nos luttes, de nos difficultés de personne. Tous nos combats réels se passent à l’intérieur de nous-mêmes, dans le conflit continuel entre les intérêts contraires dans lesquels se débat notre personnalité. Comment Dieu pourrait-Il nous entendre, compatir avec nous, s’Il n’était animé d’aucune émotion, s’Il n’avait à se battre avec aucun dilemme ? Toute l’Ecriture témoigne du fait que l’Eternel, notre Dieu, est un Etre à qui le problème du mal et des relations suscitent en Lui les mêmes interrogations, émotions que celles auxquelles nous avons à faire face : Esaïe 63,9 ; Exode 32,14 ; Jonas 3,10 ; Jérémie 18,18 ; Amos 7,3.6.

2. 2ème question : En quoi T’avons nous frustré ?

La question posée à Dieu par le peuple trouve une réponse claire et précise ! Une des choses qui frustre le plus Dieu est l’ingratitude dont fait preuve Son peuple à l’égard des bienfaits dont il est l’objet, ingratitude qui s’exprime par le fait que Dieu ne voit venir vers Lui aucun retour des richesses desquels Il les a pourvu !

La question plus profonde qui nous est posée ici est celle de la signification spirituelle que revêt l’utilisation que nous faisons des biens que nous possédons, et, en particulier, celui de notre argent. Quel lien l’argent que nous possédons a-t-il avec Dieu ? En quoi est-il, aux yeux de Dieu, un critère de valeur, un test indicateur de la qualité de la relation que nous avons avec Lui ? telles ont les questions que pose ce texte ! Réponses :

a. Un 1er préalable : Psaume 50,7 à 15

Si Dieu attend quelque chose de nous, ce n’est jamais, comme cela pourrait être le cas pour nous, en raison d’un besoin que cette attente est motivée ! Dieu est quelqu’un qui n’a aucun besoin, pour la simple et bonne raison que tout ce qui existe est à Lui !

b. un second préalable : Aggée 2,8

Si tout Lui appartient, notre or et notre argent ne sont pas d’abord à nous, mais à Lui. Le fait donc que nous ne gardions l’argent que nous possédons que pour notre utilisation n’est pas seulement une marque d’ingratitude envers Dieu, mais un vol. C’est une façon de déposséder Dieu d’un capital dont Il est le propriétaire et dont nous ne sommes que les gérants !

c. la valeur de l’argent

Si la question de l’utilisation que nous faisons de notre argent est capitale dans la relation que nous avons avec Dieu, c’est à cause de la valeur et des vertus que, dans notre cœur, nous lui prêtons. Plus que tout, l’argent est synonyme, dans le cadre de notre vie terrestre, de sécurité et de réussite : Luc 12,18 à 21. Accepter de se défaire de notre argent pour le service et la cause de Dieu, parfois jusqu’au nécessaire, c’est témoigner du fait que ce n’est pas d’abord en lui, mais en Dieu que nous avons mis notre confiance pour notre salut : Luc 21,1 à 4

d. Un révélateur de nos priorités

L’utilisation prioritaire que nous faisons de notre argent est un révélateur de ce qui nous préoccupe. Selon la logique de l’institution de la dîme, logique selon laquelle, systématiquement, le dixième de tout ce que le peuple récoltait va automatiquement au service de Dieu : Lév 27,30 à 33, notre première réflexion, lorsque nous percevons notre salaire, devrait être de nous préoccuper, avant toute dépense pour nous-mêmes et nos besoins, de ce que nous allons d’abord donner à Dieu ! c’est ce principe qui, depuis longtemps n’était plus respecté par les Israélites : Mal 3,10. C’est aussi dans cet esprit que Paul encourage dès le 1er jour de la semaine de mettre à part les sommes qui seront collectées pour les besoins des églises : 1 Cor 16,1-2.

e. Une condition de la bénédiction

Le fait de ne plus fermer son portefeuille, mais de l’ouvrir pour rendre à Dieu une partie de la grâce dont nous sommes l’objet de Sa part est une condition nécessaire au retour de la bénédiction : Mal 3,10. La bénédiction retrouvée aura deux effets :

- le retour de l’abondance : la terre redonnera son fruit : v 11

- un témoignage : Israël sera reconnu comme un peuple béni par Dieu par toutes les nations : v 12

Sans adhérer au message de l’évangile de la prospérité, qui institue le don en moyen de profit, il y a une relation de cause à effet entre ce que nous semons sur le plan financier et ce que nous récoltons : 2 Cor 9,5 à 7. Ouvrir son portefeuille pour donner à Dieu ne fera jamais de nous des perdants. La mise à l’épreuve de Dieu dans ce domaine est comparable à celle vécue par les Israélites au moment de franchir le Jourdain : Josué 3,13. Dès que leurs pieds entrèrent dans l’eau, celles-ci s’ouvrirent pour les laisser passer. Dieu promet que, de même, les écluses de la bénédiction de Dieu s’ouvriront sur tous ceux qui, sur le plan financier, remettent Dieu à la tête de leurs priorités.

4. Une leçon sur la grâce

Nous avons vu dans le passage précédent que tout retour à dieu est le produit de la grâce. Le passage que nous avons étudié ici nous rappelle que la grâce justement comprise ne nous laissera jamais dans l’état dans laquelle elle nous a trouvé. La grâce qui ne produit en nous aucun fruit et n’engendre aucune réforme dans notre vie n’est pas celle que l’on trouve dans la Bible. Car, si la grâce nous relève, le 2ème volet de son action est qu’elle nous enseigne : Tite 2,11-12. Elle nous enseigne à vivre selon les nouveaux principes dont la connaissance de Dieu, et la relation renouvelée avec Lui, nous a rendu conscients. Elle produit en nous un désir d’obéissance qu’aucune loi n’aurait pu produire !

Que Dieu, par Son Esprit et sous l’effet de Sa grâce, s’empare de nous au point que toute notre vie soit alignée sur les bonnes priorités : celles du Royaume de Dieu : Mat 6,33.