mercredi 8 décembre 2010

Malachie 4

1. INTRODUCTION :

A cause de la place que ce chapitre occupe dans la Révélation, il convient que chacun de nous prête une attention particulière aux paroles qui nous sont transmises ici de la part de Dieu par Malachie. Car, outre le fait qu’il conclut le livre du prophète, ce chapitre clôt la Bible juive, toute la série de paroles que Dieu aura donné à Israël depuis Moïse. Suite aux paroles dites ici par Malachie, un silence de 4 siècles va s’établir entre Dieu et Israël. Ce silence n’est pas le fait du hasard. Il est là pour dire et signifier à la nation que le temps de la préparation et des promesses liées à la venue du Messie est terminé. La prochaine voix qui s’élèvera et se fera entendre n’aura pas comme objet, comme les voix précédentes, de projeter la foi de ceux qui l’entendront vers le futur, mais de les inviter à croire maintenant. Car, désormais, le temps de l’attente est terminé. C’est celui de la réalisation qui commence : Marc 1,14-15 : le temps est accompli !

2. LE JOUR DE L’ETERNEL :

Alors que les chapitres précédents du livre de Malachie étaient consacrés aux débats et à l’argumentation entre Dieu et Son peuple, place est faite dans la conclusion du livre aux affirmations. Il y a dans nos vies et dans la vie du peuple de Dieu, des temps où l'on peut plaider, discuter, contester, argumenter devant Dieu. Mais arrive aussi le temps où, les choses ayant été dites, la place doit être laissée à Dieu. Car, quels que soient notre avis ou nos sujets de dispute et de contestation avec Lui, c’est Lui seul qui apporte dans l’histoire le mot de la fin. Nous préparer dès maintenant à l’entendre est la plus sage décision que nous puissions prendre !

S’il y a un jour auquel tout homme devrait se préparer, c’est le jour de l’Eternel. Ce jour nous est décrit par Malachie comme par le reste des prophètes et de la Bible comme le jour le plus terrible de l’histoire :

a. C’est un jour grand et redoutable : Mal 4,5, expression que l’on retrouve aussi chez le prophète Joël : Joël 2,11 ; 3,4. Ce sera, disent Esaïe et Joël, un jour de ravage : Esaïe 13,6 ; Joël 1,15, un jour d’ardente colère pour Dieu qui réduira la terre en désolation et en exterminera les pécheurs : Esaïe 13,9, un jour de ténèbres et non de lumière : Amos 5,18.20, le jour du rendez-vous de Dieu avec toutes les nations : Ezéchiel 30,3 ; Abdias 1,15. Ce jour est appelé dans le Nouveau Testament comme le jour du Seigneur, le jour du retour de Jésus-Christ : 1 Thes 5,2, le jour de la rétribution des justes et des injustes : 2 Thes 1,5 à 10, le jour du jugement : 2 Pier 2,9 ; 3,7, le jour où la création première sera anéantie : 2 Pier 3,10.12, le grand jour du combat de Dieu : Apoc 16,14 et de Sa colère ainsi que de celle de l’Agneau : Apoc 6,7.

b. C’est un jour qui sera pour les méchants comme une fournaise : Mal 4,1, une expression qui nous rappelle que, si notre Dieu est un Dieu plein de grâce, de miséricorde et de patience, Il est aussi un feu dévorant : Exode 24,17 ; Deut 4,24 ; 9,23 ; Esaïe 10,16 ; Hébr 12,29. Le feu de Dieu est le feu de Sa jalousie : Soph 3,8. Peu avant que Jésus vienne sur terre, Jean avait prévenu ses auditeurs : Celui qui vient après Lui baptisera d’Esprit-Saint et de feu : Mat 3,16. Toujours, partout, le feu est considéré dans la Bible comme un élément à la fois purificateur et destructeur.

Pour le peuple de Dieu, ce feu peut revêtir la forme de la persécution et de l’épreuve : 1 Pier 4,12. Le feu est aussi l’élément qui, au jour du tribunal de Christ, éprouvera la qualité de l’œuvre de chacun : 1 Cor 3,13 à 15.

Pour les injustes, le feu de Dieu sera un feu éternel de souffrances : Apoc 21,8, un feu préparé au départ pour le diable et ses anges : Mat 25,41, qui ne s’éteindra pas : Mat 3,12 ; Ezéchiel 21,1 à 4, le feu de la géhenne : Mat 5,22.

Si les jugements de Dieu au cours de l’histoire ont été temporaires et partiels : ex : Sodome et Gomorrhe, Ninive, Babylone, le jugement du Jour de l’Eternel se distingue par le fait qu’il sera total, global et définitif. Dieu, précise Malachie, ne laissera aux méchants ni racine, ni rameau : 4,1. Le jugement du Jour de l’Eternel éradiquera le mal de façon si complète qu’aucun rejeton, ni redémarrage de l’iniquité et de l’idolâtrie ne seront possibles ( racine et rameau représentent les deux extrémités d’un arbre).

3. LE SOLEIL DE JUSTICE

De même que la nuée qui séparait les Egyptiens des Israélites était synonyme de mort d’un côté et de vie de l’autre : Exode 14,19-20, Malachie montre que, si le feu de l’Eternel signifiera la ruine des méchants, il sera, par contre, pour les justes, le début d’une allégresse sans fin : 4,2. Le même feu qui consumera les ennemis de Dieu réjouira le cœur de ceux qui L’auront craint. Joie et guérison seront les bienfaits qu’apporteront ses rayons.

A l’étude de ce passage, Malachie semble dire qu’il n’y a pas deux réalités auxquelles seront confrontés perdus et sauvés, mais une seule. Tandis que les uns (les sauvés) connaîtront les bienfaits de son recto, les autres (les perdus) souffriront d’être exposés à son verso. Comme le feu est bienfaisant au corps si l’on se sait tenir à distance respectueuse de la flamme, il est source d’infinies souffrances pour quiconque a l’audace de le braver. Telle est l’explication de la situation si opposée que connaîtront damnés et élus face à la même réalité. Notons que sans Christ, notre justice, aucun de nous ne pourrait subsister face aux flammes éternelles du feu de la sainteté de Dieu : Esaïe 33,14.

« Le feu, tel que nous le voyons dans le soleil, est la source de toute vie sur la planète. En soi, il est une puissance terrible de destruction. Si l’on viole les lois de la nature en l’approchant de trop près, on en est puni par la souffrance et la destruction. Et pourtant de cette source embrasée rayonnent toutes les merveilles et toutes les beautés, les couleurs et la chaleur de la lumière douce et bienfaisante. Sans feu, pas de lumière. Sans lumière, pas de vie sur la terre, car la lumière pénètre dans la nature entière pour vivifier, nourrir, donner couleur et forme à toute chose…. Le feu vengeur de l’enfer fait partie de Dieu, c’est une partie intégrante inéluctable de Sa nature, car ce sont exactement les mêmes flammes qui brûlent dans l'amour au céleste royaume. Si Lucifer et ses armées, puis les hommes séduits par lui, ne s'étaient pas détournés du royaume de la lumière de Dieu vers le royaume de son feu, nul n’aurait jamais connu ni éprouvé le caractère féroce et infernal de ces flammes… L’enfer est ainsi devenu, non tant un lieu qu’une manière d’être. Partout où le moi rebelle domine, c’est l’enfer : c’est là que brûle la colère de Dieu. Au-dedans, là où les flammes de l’emportement, de la haine, de la malice et de la convoitise font rage, là est l’enfer : Norman Grubb : La loi de la foi.

4. DERNIER RAPPEL, DERNIERE ANNONCE :

C’est sur un dernier rappel, englobant tout l’enseignement de l’Ancienne Alliance et une dernière promesse, inaugurant l’imminence de la Nouvelle Alliance que se termine le livre de Malachie :

a. Dernier rappel : v 4

Souvenez-vous de la loi de Moïse ! Car en elle se trouve tout ce dont vous avez besoin pour vivre : Lévitique 18,5. Qui a la loi a la connaissance et l’essence même de la vérité : Rom 2,20. Aussi, tant que le ciel et la terre subsisteront, pas un trait de lettre de la loi ne disparaîtra : Luc 16,17. Tout enseignement qui méprise la loi ne peut à terme que conduire à l’erreur !

b. Dernière annonce : v 5 et 6

Dieu finit le livre et clôt l’Ancienne Alliance en annonçant quelle sera la prochaine étape de la Révélation : le retour d’Elie, le prophète, dont la mission sera de ressouder la nation divisée, de manière à ce qu’elle échappe à la malédiction du jugement.

Accomplie en partie par la venue de Jean-Baptiste : Jean 1,21 ; Matthieu 11,14, l’annonce s’accomplira en totalité à la fin des temps par le retour de Moïse et d’Elie peu avant le jour de la colère : Apoc 11,1 à 6. Comme Moïse et Elie rencontrèrent Christ pour parler de Son départ à Jérusalem et de Sa mort prochaine : Luc 9,31, les deux témoins apparaîtront au vu et su de toute l’humanité pour l’avertir du retour imminent du Christ, preuves vivantes qu’un tel fait est possible.

« Revenez à Moi, et Je reviendrai à vous : Mal 3,7. Tel est le grand appel de Dieu au travers du livre du prophète. Qu’il trouve un écho profond dans nos cœurs !

dimanche 5 décembre 2010

Malchie 3,13 à 18

Un Dieu décevant

Dans le cadre du procès qui, dans tout le livre du prophète, oppose Dieu à Son peuple, nous arrivons dans ce passage au 5ème contentieux entre les deux parties. Comme les quatre précédents, c’est sous la forme d’un reproche adressé par Dieu au peuple et d’une demande de justification par le peuple à Dieu sur le bien-fondé du reproche émis, qu’est construite l’argumentation visant à résoudre le différent :

1er reproche : Je vous aime : Mal 1,2 – Demande de justification : En quoi nous aimes-Tu ?

2ème reproche : vous méprisez mon nom : Mal 1,6 - Demande de justification : en quoi avons-nous méprisé Ton nom

3ème reproche : Vous me fatiguez par vos paroles : Mal 2,17 – Demande de justification : en quoi le fatiguons-nous ?

4ème reproche Vous me frustrez : Mal 3,8 – Demande de justification : en quoi T’avons-nous frustré ?

5ème reproche : Vos paroles ont été dures contre Moi : Mal 3,13 – Demande de justification : En quoi avons-nous parlé entre nous contre Toi ?

1. Ce que sont nos paroles :

C’est, dit Jésus, de l’abondance du cœur que la bouche parle : Matthieu 12,34. De même que, chez Dieu, la Parole est le moyen par lequel Il exprime ce qui est caché au plus profond de Lui-même, Ses intentions, Ses désirs : Hébr 11,3, la parole est chez l’être humain l’orifice duquel jaillit les sources qui habitent dans son cœur : Jac 3,10-11. La parole est plus que la formulation verbale de nos idées. Elle est, dit un commentateur, comme il en est pour Dieu : Ps 33,6.9, le moyen de création de notre univers. Quelle que soit la nature des paroles que nous prononçons, obligatoirement, elles affectent et façonnent notre environnement : famille, amis, relation avec Dieu et les autres. D’où la raison pour laquelle, selon Jésus, les paroles serviront de témoins à charge ou à décharge dans le jugement final qui scellera le sort définitif de tout homme : Mat 12,37.

2. Ce que sont des paroles dures contre Dieu

A l’écoute de ce que disent entre eux les israélites, Dieu leur fait le reproche de prononcer des paroles dures contre Lui. Que sont pour le cœur de Dieu des paroles dures à entendre ?

Analyse de la nature de ces paroles dures à entendre par Dieu :

a. Ce sont des paroles dans lesquelles perce la déception : v 14 ! Ceux qui les prononcent expriment le fait que ce qu’ils espéraient recevoir de Dieu, en échange des services qu’ils avaient rendus, n’a pas satisfait leur attente. Elles nous rappellent, dans une mesure plus grave encore, les paroles des pèlerins d’Emmaüs rencontrés par Jésus : Luc 24,21.

b. Ce sont des paroles empreintes d’accusation et de cynisme : v 15 ! Fruit de l’attente déçue, elles expriment les conclusions subjectives, qu’elles savent pourtant contraires au bon sens, auxquelles sont parvenues les personnes sur la base de leur analyse de la situation. Des paroles dures contre Dieu sont des paroles dans lesquelles on L’accuse de mentir et de ne pas être à la hauteur de Ses promesses !

c. Ce sont enfin des paroles qui sentent la colère, sentiment qu’expriment de manière universelle tous ceux qui, quelque part, s’estiment victimes de l’injustice. Des paroles dures contre Dieu sont des paroles dans lesquelles Dieu est accusé de ne pas être le Dieu juste qu’Il prétend être !

3. Analyse des causes sous-jacentes aux paroles dures que l’on peut exprimer contre Dieu

A la lumière de la réponse de Dieu donnée aux juifs du temps de Malachie, complétée par d’autres passages bibliques, trois causes peuvent être à l’origine des paroles dures d’amertume que nous pouvons prononcer contre Dieu :

a. 1ère cause : de fausses attentes

La 1ère raison pour laquelle les israélites sont déçus de Dieu est que leur foi s’est nourrie de fausses attentes à Son égard. A l’écoute de leurs arguments, il apparaît que les israélites ont doublement mal pensé au sujet de la conception qu’ils avaient de la bénédiction :

- la bénédiction était synonyme pour eux du don par Dieu d’une vie marquée par le bien-être dans le temps présent. Or, malgré leurs services, les israélites n’avaient pas vu leur situation sociale et matérielle changer.

- La bénédiction était envisagée chez eux en termes de gain, comme le salaire ou la rémunération de Dieu pour leurs services. La concevant comme un dû, ils ne pouvaient que se sentir lésés de ne pas obtenir en fin de compte ce à quoi ils pensaient avoir droit.

Nous devons absolument nous défaire, dans notre relation avec Dieu, des deux fausses idées sur lesquelles reposait la conception de la bénédiction de Dieu chez les israélites du temps de Malachie. Tout service pour Dieu qui repose sur un calcul est obligatoirement perverti à la base : Luc 17,10. Pour deux raisons au moins, notre relation avec Dieu ne reposera jamais sur un système d’échange équitable : la 1ère est que quoi que nous fassions pour Dieu, même s’Il s’en réjouit, nous ne Lui apportons rien de vital duquel Il serait privé sans nous : Psaume 50,12 ; la seconde est qu’il ne peut jamais y avoir égalité entre ce dont nous sommes redevables à Dieu et ce que nous Lui rendons ! De même, nous devons nous défaire de l’idée que servir Dieu nous mènera obligatoirement à une vie facile. Toute la Bible est là pour témoigner des souffrances, revers, calamités, épreuves dont ont souffert de nombreux serviteurs, par ailleurs fidèles à Dieu : Job, Moïse, Joseph… La bénédiction que conçoit Dieu pour nous est le plus qu’apporte le fait de Sa présence fidèle dans nos vies, non celui que représenterait l’épargne de toute difficulté : Mat 28,20.

b. 2ème cause : le danger que représente l’illusion d’une obéissance partielle

S’ils se trompaient dans leurs attentes à l’égard de Dieu, il est un 2ème domaine dans lequel les israélites faisaient fausse route : c’était le niveau de leur soi-disant consécration. Dans les reproches qu’ils adressent à Dieu, les israélites parlent comme si eux-mêmes étaient irréprochables à Son égard et que Lui seul avait manqué dans le contrat qui les liait l’un à l’autre. La réalité était tout autre. Non seulement les termes du contrat, tel qu’ils le concevaient, étaient faux, mais, de plus (tout le livre de Malachie en témoigne), la qualité des services qu’ils rendaient à Dieu était loin d’atteindre le niveau qu’Il attendait.

Il y a toujours danger à trouver satisfaction dans le niveau d’obéissance que nous démontrons envers Dieu. Une telle attitude, contraire à la motivation qui animait Paul : Phil 3,12 à 14 ; 1 Cor 9,24 à 27, peut peut-être fournir au cœur naturel des raisons d’en vouloir à Dieu, mais celles-ci, en aucun cas ne sauraient peser au point d’établir l’injustice de Dieu. Tant que nous n’avons pas atteint, dans l’obéissance à Dieu, le niveau de Jésus-Christ, nous n’avons aucun argument à faire valoir à Dieu pour prétendre à quoi que ce soit de Sa part : Hébr 12,4 à 13. « Souviens-toi de moi selon Ta miséricorde » est la seule prière que nous pouvons, en tant que serviteur, faire monter vers Lui : Psaume 25,6

c. 3ème cause : la perte de la juste perspective des choses

La 3ème cause de l’erreur de jugement que se faisaient, dans leur situation, les israélites à l’égard de Dieu vient de l’oubli de leur part de regarder le présent à la lumière du jugement inévitable qui va venir. Cette erreur était déjà celle commise par Asaph, lorsque trompé par les sirènes de la prospérité apparente dont jouissaient les méchants, il souffrait pour sa part de passer par l’épreuve : Psaume 73,1 à 5. Dans sa crise, Asaph se mit à penser comme les israélites contemporains de Malachie : il ne voyait plus quel avantage il y avait pour lui à marcher avec Dieu et Lui être fidèle, quel en était le gain ! Psaume 73,13-14. Le dilemme prit fin pour lui lorsqu’il considéra leurs fins : Psaume 73, 16 à 20. De ce point de vue seulement, il saisit à nouveau la différence qui existe entre le sort du juste et du méchant.

Le même argument est ici repris par Malachie. Oui ! Il est possible aujourd’hui que l’on ne trouve que très peu d’avantages à marcher avec Dieu ! Pire, il peut se trouver que l’on connaisse, en tant que croyant, un sort plus difficile que l’arrogant : Mal 3,15. Si c’est en cette vie seulement que nous espérons en Christ, dit Paul, nous sommes les plus malheureux de tous les hommes : 1 Cor 15,19. Car il arrive le jour de la colère : Mal 4,1, jour où la différence entre le juste et le méchant, celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas : Mal 3,18, sera visible par tous ! Alors nous comprendrons à quel point notre foi en Dieu et notre obéissance sont un avantage. Nous trouverons alors sans difficulté toutes les raisons de Le louer pour Sa grâce et Sa fidélité à Ses promesses !

« Je désire avoir toujours devant les yeux à la fois le ciel et l’enfer, tant que je me tiendrai sur la jetée de cette vie, entre l’infini de ces deux océans ; et je crois en toute vérité que la méditation quotidienne des deux sied à tous les hommes de raison et de religion : John Wesley. »

4. La réaction des justes aux paroles dures proférées contre Dieu : Mal 3,16 à 18

Si Dieu entend les paroles dures qui sont prononcées contre Lui, que ce soit en public ou en privé, Il entend aussi celles de ceux qui, à contre-courant de l’avis majoritaire, ne peuvent, du fond de leur cœur, adhérer aux propos des désabusés. De tout temps, il apparaît que, au sein même de l’incroyance généralisée, un reste de fidèles à Dieu subsiste : cf 1 Rois 19,18 ; Rom 11,5 ; Luc 2,25 et 38.

« Les jugements de Dieu dans l’histoire ne sont jamais totaux (cf le déluge, Elie, Esdras et Néhémie…). Autrement, le rapport entre ce qui est passé et ce qui est à venir serait perdu. Ce qui survient à leur suite serait différent et indépendant plutôt que continuation et progrès… Une nouvelle vie doit toujours sortir du sein du jugement ; sans cela l’unité du tout ne saurait être conservée et le futur ne saurait être organiquement lié au passé ou au présent. Telle est la signification des hommes pieux dans le monde. Dans le jugement, ils sont les agents de chaque nouveau commencement. Ils témoignent de l’unité du plan de salut de Dieu. (Erich Sauer).

Nous sommes nous aussi, en tant que disciples du Christ, appelés à faire partie de ce reste, un groupuscule certes minoritaire, mais qui, dans sa minorité, fait entendre une autre voix, un autre son de cloche que celui véhiculé par la majorité désabusée, amère, méprisante envers Dieu. Outre le fait important de s’inscrire en faux par rapport au message global véhiculé autour d’eux, Malachie en relève un autre qui vaut largement le poids de l’opposition à laquelle il a à faire face. Ce poids est celui de l’appui et de l’approbation de Dieu pour les positions prises par ce groupe, positions qui, Il le promet, seront récompensées en leur temps : Mal 3,16 à 18.





vendredi 3 décembre 2010

Malachie 3,8 à 12

Un Dieu frustré

Le passage que nous abordons ici a pour sujet deux questions personnelles et précises posées à Dieu

1. 1ère question : Un être humain peut-il frustrer Dieu ?

La question qui nous est posée en tête de cette partie est d’importance. Car, suivant la réponse qui lui est apportée, elle nous conduit à deux conceptions totalement opposées de la Personne de Dieu ! Examen des deux réponses possibles :

a. Qu’induit la réponse « non » à la question posée ?

1ère chose : si Dieu n’est affecté en rien par notre conduite, si, quelle que soit la façon avec laquelle nous nous comportons à Son égard, cela ne provoque en Dieu ni chaud, ni froid, l’idée qui en résulte est que Dieu, bien qu’existant en tant qu’Etre, possède moins d’attributs de ce qui caractérise une personne que nous ! Un Dieu qui ne ressent pas de frustration est un Dieu qui ne saurait ce qu’est l’amour, la joie, l’espérance, le bonheur, comme la tristesse, la déception, le dépit ou la colère qui résulte d’une relation interpersonnelle.

2ème chose : si Dieu n’est en rien affecté par notre façon d’être et de nous conduire à Son égard, toute la légitimité de la notion de colère qui est à la base de Son jugement, perd sa raison d’être ! Comment Dieu pourrait-Il nous juger si, dans le ciel dans lequel Il vit, rien de ce qui se passe au milieu de nous sur terre ne L’importe ou ne Le touche ?

3ème chose : Si Dieu est insensible aux émotions que nous pouvons connaître en tant que personne, il est inutile de s’adresser à Lui et de compter sur Lui et Sa grâce dans les difficultés auxquelles nous avons à faire face dans la vie. Un Dieu qui ne ressent rien est un Dieu pour qui la grâce ne signifie rien !

b. Qu’induit la réponse « oui » à la question posée ?

1ère chose : elle implique que, bien que Dieu soit un Dieu tout-puissant et autosuffisant en Lui-même*, Dieu est un Etre au moins aussi personnel que nous ! Dieu, à cause cet attribut de Sa nature, est donc quelqu’un qui est totalement impliqué dans la relation qu’Il a avec nous. Ce qui conduit au 2ème constat !

*La Bible affirme de long en large que Dieu est immuable et qu’Il ne change pas : Jacques 1,17 ; Mal 3,6. Il est Dieu de toute éternité : Psaume 90,2 ; 93,2. « Il n’y a dans sa vie ni période de croissance, ni période de déclin. Il n’acquiert pas de nouveaux pouvoirs, et ne perd pas ceux qu’Il a toujours possédés. Il ne connaît ni maturation, ni développement. Il ne devient ni plus fort, ni plus faible, ni plus sage avec le temps. Il ne peut devenir meilleur puisqu’il est déjà parfait. Dieu ne peut jamais cesser d’être ce qu’Il est ! Telle est la puissance de « la vie impérissable » de Dieu : Héb 7,16.

2ème chose : tout ce que nous vivons, faisons, disons, et même pensons, a une incidence sur Dieu. Comme Dieu peut être réjoui par la façon avec laquelle nous répondons à Son amour, Il peut être profondément attristé, déçu par les actes mauvais, égoïstes dont nous nous rendons coupables à Son égard ou à l’égard d’autrui : Job 1,8 ; 2 Sam 11,27 ; Ps 51,5-6. Oui, nous pouvons frustrer Dieu, Le priver de quelque chose qu’Il espérait, Le déposséder de ce qui, légitimement, Il est en droit d’attendre de nous !

3ème chose : Parce que Dieu est une Personne à part entière, nous pouvons en tant que personne Lui faire part de nos problèmes, de nos luttes, de nos difficultés de personne. Tous nos combats réels se passent à l’intérieur de nous-mêmes, dans le conflit continuel entre les intérêts contraires dans lesquels se débat notre personnalité. Comment Dieu pourrait-Il nous entendre, compatir avec nous, s’Il n’était animé d’aucune émotion, s’Il n’avait à se battre avec aucun dilemme ? Toute l’Ecriture témoigne du fait que l’Eternel, notre Dieu, est un Etre à qui le problème du mal et des relations suscitent en Lui les mêmes interrogations, émotions que celles auxquelles nous avons à faire face : Esaïe 63,9 ; Exode 32,14 ; Jonas 3,10 ; Jérémie 18,18 ; Amos 7,3.6.

2. 2ème question : En quoi T’avons nous frustré ?

La question posée à Dieu par le peuple trouve une réponse claire et précise ! Une des choses qui frustre le plus Dieu est l’ingratitude dont fait preuve Son peuple à l’égard des bienfaits dont il est l’objet, ingratitude qui s’exprime par le fait que Dieu ne voit venir vers Lui aucun retour des richesses desquels Il les a pourvu !

La question plus profonde qui nous est posée ici est celle de la signification spirituelle que revêt l’utilisation que nous faisons des biens que nous possédons, et, en particulier, celui de notre argent. Quel lien l’argent que nous possédons a-t-il avec Dieu ? En quoi est-il, aux yeux de Dieu, un critère de valeur, un test indicateur de la qualité de la relation que nous avons avec Lui ? telles ont les questions que pose ce texte ! Réponses :

a. Un 1er préalable : Psaume 50,7 à 15

Si Dieu attend quelque chose de nous, ce n’est jamais, comme cela pourrait être le cas pour nous, en raison d’un besoin que cette attente est motivée ! Dieu est quelqu’un qui n’a aucun besoin, pour la simple et bonne raison que tout ce qui existe est à Lui !

b. un second préalable : Aggée 2,8

Si tout Lui appartient, notre or et notre argent ne sont pas d’abord à nous, mais à Lui. Le fait donc que nous ne gardions l’argent que nous possédons que pour notre utilisation n’est pas seulement une marque d’ingratitude envers Dieu, mais un vol. C’est une façon de déposséder Dieu d’un capital dont Il est le propriétaire et dont nous ne sommes que les gérants !

c. la valeur de l’argent

Si la question de l’utilisation que nous faisons de notre argent est capitale dans la relation que nous avons avec Dieu, c’est à cause de la valeur et des vertus que, dans notre cœur, nous lui prêtons. Plus que tout, l’argent est synonyme, dans le cadre de notre vie terrestre, de sécurité et de réussite : Luc 12,18 à 21. Accepter de se défaire de notre argent pour le service et la cause de Dieu, parfois jusqu’au nécessaire, c’est témoigner du fait que ce n’est pas d’abord en lui, mais en Dieu que nous avons mis notre confiance pour notre salut : Luc 21,1 à 4

d. Un révélateur de nos priorités

L’utilisation prioritaire que nous faisons de notre argent est un révélateur de ce qui nous préoccupe. Selon la logique de l’institution de la dîme, logique selon laquelle, systématiquement, le dixième de tout ce que le peuple récoltait va automatiquement au service de Dieu : Lév 27,30 à 33, notre première réflexion, lorsque nous percevons notre salaire, devrait être de nous préoccuper, avant toute dépense pour nous-mêmes et nos besoins, de ce que nous allons d’abord donner à Dieu ! c’est ce principe qui, depuis longtemps n’était plus respecté par les Israélites : Mal 3,10. C’est aussi dans cet esprit que Paul encourage dès le 1er jour de la semaine de mettre à part les sommes qui seront collectées pour les besoins des églises : 1 Cor 16,1-2.

e. Une condition de la bénédiction

Le fait de ne plus fermer son portefeuille, mais de l’ouvrir pour rendre à Dieu une partie de la grâce dont nous sommes l’objet de Sa part est une condition nécessaire au retour de la bénédiction : Mal 3,10. La bénédiction retrouvée aura deux effets :

- le retour de l’abondance : la terre redonnera son fruit : v 11

- un témoignage : Israël sera reconnu comme un peuple béni par Dieu par toutes les nations : v 12

Sans adhérer au message de l’évangile de la prospérité, qui institue le don en moyen de profit, il y a une relation de cause à effet entre ce que nous semons sur le plan financier et ce que nous récoltons : 2 Cor 9,5 à 7. Ouvrir son portefeuille pour donner à Dieu ne fera jamais de nous des perdants. La mise à l’épreuve de Dieu dans ce domaine est comparable à celle vécue par les Israélites au moment de franchir le Jourdain : Josué 3,13. Dès que leurs pieds entrèrent dans l’eau, celles-ci s’ouvrirent pour les laisser passer. Dieu promet que, de même, les écluses de la bénédiction de Dieu s’ouvriront sur tous ceux qui, sur le plan financier, remettent Dieu à la tête de leurs priorités.

4. Une leçon sur la grâce

Nous avons vu dans le passage précédent que tout retour à dieu est le produit de la grâce. Le passage que nous avons étudié ici nous rappelle que la grâce justement comprise ne nous laissera jamais dans l’état dans laquelle elle nous a trouvé. La grâce qui ne produit en nous aucun fruit et n’engendre aucune réforme dans notre vie n’est pas celle que l’on trouve dans la Bible. Car, si la grâce nous relève, le 2ème volet de son action est qu’elle nous enseigne : Tite 2,11-12. Elle nous enseigne à vivre selon les nouveaux principes dont la connaissance de Dieu, et la relation renouvelée avec Lui, nous a rendu conscients. Elle produit en nous un désir d’obéissance qu’aucune loi n’aurait pu produire !

Que Dieu, par Son Esprit et sous l’effet de Sa grâce, s’empare de nous au point que toute notre vie soit alignée sur les bonnes priorités : celles du Royaume de Dieu : Mat 6,33.

samedi 2 octobre 2010

Malachie 3,5 à 7

La réponse de Dieu à la question posée : 2,17 ; 3,5-6

a. Un jugement qui touche aux faits et à la vie : v 5

Voyant que la reconstruction du temple n’avait pas amené la libération espérée (le peuple restait sous la domination perse), le peuple, amer et déçu, avait posé à Dieu la question de savoir où se trouvait le Dieu du jugement : 2,17. Dieu avait commencé par répondre en donnant à Malachie une prophétie : en accord avec le souhait des Israélites, le Seigneur de l’Alliance allait venir. Précédé de Son messager, Il apparaîtrait là soudainement dans Son temple : 3,1.

Cependant, avertit le prophète, que le peuple ne se méprenne pas ! Si le Dieu du jugement se manifeste, c’est par la maison de Dieu que va commencer ce jugement : cf 1 Pier 4,17. Car les premiers, les fils de Lévi, chargés du service du culte, étaient impurs : v 3. Comment donc auraient-il pu apporter à Dieu des offrandes qui soient justes ? Dieu, dit Malachie, les épurera en les faisant passer par le procédé du fondeur, procédé par lequel, au travers du feu, l’ouvrier détachait la couche d’oxyde qui recouvrait le métal précieux jusqu’à ce qu’il puisse voir son propre reflet dans celui-ci !

Si Dieu se présente donc à Son peuple, insiste Malachie, c’est d’abord pour le jugement ! C’est pour faire disparaître du milieu de lui tout ce qui outrage et déshonore Son nom tant :

- sur le plan des pratiques spirituelles : la magie, la sorcellerie, les pratiques occultes : Deut 18,10 à 13

- que dans le domaine de la vie de couple des prêtres : adultères, union avec des femmes étrangères : Mal 2,14

- de la vérité dans les engagements pris : les faux serments : Lév 5,20 à 24

- des abus de pouvoir dans le domaine social : oppression du salarié, de la veuve, de l’orphelin et de l’étranger : Lév 19,13 ; Deut 10,18-19 ; Exode 22,21.

Les domaines d’application dans lesquels entre le jugement de Dieu sur les fils de Lévi nous rappellent que pour Dieu, le fait d’être à Son service englobe au même niveau toutes les composantes de la vie. Etre prêtre de Dieu, c’est l’être dans la dimension spirituelle du service rendu au temple, mais aussi dans sa relation de couple comme dans toute sa manière d’être. Ce qui était déjà vrai dans l’Ancienne Alliance l’est d’autant plus dans la nouvelle : Mat 5,13 à 16 ; Ephés 4,1.17.25 à 32 ; Col 1,10.

Un autre aspect souligné par le prophète est que le jugement de Dieu ne se prononcera pas sur une impression ou des ouï-dire : cf Esaïe 11,3, mais sur la bases de fait avérés. C’est comme témoin des actes coupables et délictueux que Dieu se présentera à la barre du tribunal dans le procès qui sera fait à Son peuple : cf Mal 2,14. Sachons qu’il est impossible à quiconque d’entre nous de cacher nos péchés aux yeux de Dieu : Hébr 4,13. Plutôt donc que d’attendre le jour où Dieu les étalera devant nos yeux, la solution préconisée par le Nouveau Testament est que, maintenant, aujourd’hui, nous nous jugions nous-mêmes en les Lui confessant : 1 Jean 1,5 à 10.

b. Un jugement qui rétablit l’intégrité de la Personne de Dieu : v 6

Tout autant, au moins, que le fait de purifier les fils de Lévi pour les rendre de nouveau aptes à un service honorable, l’autre but du jugement est de rétablir l’honneur et l’intégrité de Dieu. Car, outre la honte qu’il apporte à ceux qui le pratiquent, le péché produit inévitablement un effet pervers dans leurs consciences. Cet effet est qu’il déforme, en la relativisant, l’idée que l’on se fait de Dieu, cela, comme l’indique le verset, d’autant plus si Dieu ne semble pas réagir immédiatement aux péchés pratiqués : Psaume 50,18 à 23 ; Esaïe 26,10. Au lieu de le pousser à la repentance, ce qui devrait être l’attitude logique, trop souvent la patience de Dieu conduit le pécheur à s’endurcir toujours plus dans ses voies : Rom 2,4-5.

Comme le souligne le récit de la tentation originelle dans la genèse, le relativisme fait partie intégrante de la mécanique du péché : Gen 3,1. Personne ne pèche sans s’être auparavant laissé affaiblir dans la conscience qu’il a de Dieu. Pécher conduit obligatoirement à réduire la distance qui nous sépare de Dieu pour nous Le rendre le moins sévère et le plus complaisant possible : du « Dieu a-t-Il réellement dit », Satan, pour gagner Eve, passe à « Dieu sait »… C’est une très mauvaise conception de la grâce et de l’amour de Dieu que de penser que ceux-ci équivalent de Sa part à de l’indulgence envers le péché.

Dieu, même s’Il tarde à juger : 2 Pierre 3,8-9, dit Malachie, n’a pas changé ! Il est toujours le Dieu trois fois saint : Esaïe 6,3, séparé du mal, celui qui est lumière et dans lequel il n’y a aucune ténèbres : 1 Jean 1,5. Telle est la vérité que rétablit le jugement. Non seulement il est le moyen de punir le péché comme il se doit, mais encore de rétablir l’honneur et la dignité bafouée de Dieu !

3ème passage : appel au retour : Malachie 3,7

Bien que le jugement soit annoncé, il est de loin dans la nature de Dieu de préférer bénir plutôt que de juger : Ezéchiel 33,11. Il est notoire qu’en se présentant à Moïse, Dieu commence par décliner Ses dispositions à la clémence et à la patience plutôt qu’à la justice : Exode 34,6-7.

Aussi, le fait que Dieu dise qu’Il n’a pas changé concerne tout autant le rappel de Sa sainteté que celui de Sa patience. Si Jacob n’a pas encore été exterminé, c’est que Dieu attend encore pour le faire. Il attend, espère, supplie que le peuple revienne à Lui pour qu’Il lui épargne la souffrance de le juger ! Toute l’histoire du peuple de Dieu, depuis Jacob, le fourbe, le rusé, est le témoignage de l’immense patience de Dieu envers des êtres qui, en réponse à Son amour, ne Lui ont offert la plupart du temps que désobéissances et rébellions : Néhémie 9,16 à 20.

Maintenant donc encore, avant de juger, Dieu, comme M Seguin pour sa chèvre qu’il sait aller au-devant de la mort et du malheur, appelle ! Il l’appelle à revenir à Lui ! Que signifie, dans la situation des Juifs de l’époque un tel appel ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre maintenant !

1. 1ère vérité liée à la repentance : v 7

Elle ne se construit pas, de la part de Dieu, sur des illusions. Comme si, après des siècles d’infidélité, le peuple, soudain, devenait obéissant. Josué, déjà en son temps : Josué 24,16 à 24 et Jésus plus tard, ne se feront guère d’illusions sur la valeur des engagements humains : Jean 2,25. Ce n’est pas sur la base de belles promesses faites pour l’avenir que doit se construire notre retour vers Dieu !

2. Seconde vérité : l’exigence de Dieu

L’exigence de Dieu pour la repentance est la même que celle que Jésus traduira dans la parabole du fils prodigue. Ce que Dieu attend est que, suffisamment déçus de l’état dans lequel nous a conduit nos voies, nous revenions : cf Luc 15,17 à 19. Remarquons qu’ici aussi le fils ne fait aucune promesse au père. Il se limite à se condamner pour la voie qu’il a choisi et à espérer un peu de miséricorde de sa part !

3. 3ème vérité : le retour de Dieu

Autant la repentance est un retour du peuple de Dieu vers Dieu, autant elle l’est pour Dieu vers lui. Dans le mouvement qui fait que nous revenions à Dieu, nous ne faisons pas tout le chemin : Dieu Lui-même vient au devant de nous pour nous accueillir et rendre plus facile notre retour vers Lui : cf Jean 15,20. C’est sur la base de la force de Son amour renouvelé que Dieu compte pour nous attacher à Lui, plus que sur le caractère ferme de nos dispositions : cf Ps 119,106-107.

samedi 18 septembre 2010

Malachie 2,17 à 3,4

1. La lassitude de Dieu : Mal 2,17

Après le mépris envers Lui dont faisaient preuve les prêtres dans leur service : Ch 1, après les péchés d’adultères dont se rendaient coupables le peuple et les chefs en quittant leurs épouses juives pour s’unir à des femmes étrangères : Ch 2, Malachie présente ici un autre aspect du comportement répréhensible des juifs de son temps qui avait fini par user la patience de Dieu. Cet aspect se révèle par les paroles dures et ironiques que le peuple exprime à l’égard de Dieu.

Nous ne pouvons comprendre les paroles que rapporte ici Malachie si nous ne les replaçons pas dans leur contexte. Alors que le peuple de Dieu revenait de l’exil, le prophète Aggée nous rapporte quelques-uns des propos qu’il entendait déjà parmi le peuple : Aggée 2,3. Comparant l’éclat du nouveau temple à la gloire de celui qui le précédait, le peuple paraissait déçu. La reconstruction du temple n’avait donné lieu à aucune manifestation de la gloire de Dieu comme lors de l’inauguration du 1er : 2 Chr 7,1 à 3. Alors que le 1er temple avait vu le jour au sommet de la puissance du règne de Salomon, les juifs de l’époque de Malachie étaient toujours sous la coupe des rois de Perse desquels ils dépendaient pour obtenir leur liberté de culte. Déçus dans leurs attentes, amers de ne pas voir Dieu agir comme ils l’espéraient, la tentation était grande pour eux d’accuser Dieu de ne pas être le Dieu juste qu’Il prétend être.

Si les propos relevés ici par Malachie avaient fini par lasser la patience de Dieu, la Bible révèle que, même chez les meilleurs croyants, la tentation d’en vouloir à Dieu, en voyant comment ceux qui ne le connaissent pas prospèrent alors que ceux qui Lui appartiennent souffrent, n’est pas rare. Asaph, parmi ceux qui l’ont vécu, comme Habacuc en son temps en témoignent : Psaume 73 ; Hab 1,13. La difficulté à laquelle avaient à faire face les israélites du temps de Malachie était double :

- la 1ère est que quelles que soient les œuvres glorieuses dont Dieu ait été l’auteur dans le passé, il n’est jamais bon et juste dans la foi d’attendre que les mêmes œuvres se reproduisent. Certains événements qui se sont produits à certaines époques de la révélation ne se sont produits qu’une fois, et il n’est pas sain d’attendre de Dieu qu’ils les reproduisent : les dix plaies d’Egypte, le passage de la Mer rouge, l’effusion de l’Esprit lors de la Pentcôte avec les langues de feu et le parler en langue, les miracles opérés par Pierre et Paul… Cela est particulièrement vrai des signes accompagnant la mise en place d’une nouvelle étape dans la Révélation : Héb 2,3-4. Prétendre ou s’attendre à ce que Dieu, dans une circonstance, reproduise exactement ce qu’Il a fait dans le passé, c’est tromper ceux à qui nous faisons croire de telles choses et leur faire courir le risque d’une profonde déception. Sans pour autant ne rien attendre d’extraordinaire de la part de Dieu, nous devons nous rappeler que les temps dans lesquels Dieu agit sont différents et que Sa révélation et Ses manifestations le seront aussi.

- La seconde est que les propos tenus par ceux qui souhaitaient voir se produire le jugement de Dieu l’étaient par des hommes totalement aveugles et inconscients de leur état devant Dieu. Car, précise Malachie, lorsque viendra son jour, c’est par la maison de Dieu que commencera le jugement de Dieu et non par les peuples païens qui l'entourent : cf 1 Pierre 4,17. Attention à nous donc lorsque nous souhaitons voir arriver le jour du jugement de Dieu sur le monde. La question qui se pose est non pas : qu’est ce qui restera des méchants en ce jour-là, mais que restera-t-il de l’Eglise et du peuple de Dieu à ce moment là : Luc 3,7 à 9. C’est à nous d’abord, chrétiens, de juger de ce qui se passe au milieu de nous, sans quoi ce sera Dieu qui le fera : 1 Cor 5,1 à 5. 9 à 13 ; 11,27 à 32.

Sachons-le ! Dieu n’est et ne sera jamais ni complaisant avec le mal, ni complices de ceux qui le commettent. S’Il n’agit pas, c’est uniquement en raison de Sa patience, cette patience qui le pousse à retarder Son jugement de manière à ce que le maximum puisse se repentir : 2 Pierre 3,3-4.9. Cependant, ne nous y trompons pas, dit Pierre, le jour promis par le Seigneur viendra ; en ce jour-là, il sera alors trop tard pour régler avec Lui ce qui doit l’être : 2 Pier 3,10 à 13.

2. La venue du Messager de Dieu : 3,1 à 4

Puisque les Israélites souhaitent la venue et la manifestation du Dieu de la justice, ils vont l’avoir, annonce ici Malachie. Lucas m’a demandé récemment pour quelles raisons, dans la Bible, Dieu donnait parfois des choses pour lesquelles Il se mettait ensuite en colère contre Son peuple. La réponse est ici : si nous tenons absolument à recevoir quelque chose que Dieu n’a pas en vue de nous donner, Il peut arriver que Dieu cède à notre demande. Ce que nous recevrons cependant ne sera jamais à notre profit, mais pour notre propre malheur.

Les Israélites le désirant, Dieu, annonce Malachie en accord avec une ancienne prophétie déjà annoncée par Esaïe : Esaïe 40,3 à 5, va leur envoyer son messager. Ce messager ne viendra pas pour lui-même. Il sera envoyé pour préparer le chemin du grand Messager, le Seigneur de l’Alliance qui fera soudainement Son apparition dans le temple. Allusion est ici clairement faite à Jean-Baptiste qui, tel un Messager, sera envoyé comme précurseur pour préparer la venue du messager par excellence, le Seigneur Jésus-Christ : Mat 11,7 à 10. Il est à noter ici que, la voix de Malachie se taisant, plus aucune autre voix prophétique ne s’élèvera en Israël avant celle de Jean, le précurseur de Jésus.

Si la raison d’être principale que nous prêtons à la venue de Jésus est le salut du monde, Malachie nous révèle ici un autre aspect non négligeable de celle-ci, aspect souvent évoqué dans les Evangiles. La venue de Jésus, Messie juif dans un contexte et une culture totalement juifs est fortement liée au temple et à ce qui s’y passait. Outre le salut, la purification du culte dans le temple sera l’une des raisons majeures de la venue de Jésus.

Cette mission de purification du culte de laquelle Jésus est porteur se voit dans toutes les étapes qui, du Jourdain, le conduiront à Golgotha :

- le 1er acte fort de jugement opéré par Jésus en colère : l’expulsion manu militari des marchands du temple : Jean 2,14 à 17.

- Notons le ton toujours sévère que Jésus emploie à l’égard des religieux de son temps et de la façon avec laquelle ils détournaient les préceptes de la Parole pour servir leurs intérêts : Marc 7,1 à 13

- Notons que c’est lorsqu’Il sera dans le temple que Jésus s’en prendra de la façon la plus virulente aux scribes et aux pharisiens : Mat 21,23, les traitant d’hypocrites, de conducteurs aveugles, de serpents ou de sépulcres blanchis. C’est dans le temple qu’Il prononcera le jugement qui attend Jérusalem qui sera laissée comme une maison déserte : Mat 23,38-39

Lisant Malachie, et voyant Jésus agir, il apparaît que l’un des désirs majeurs de Dieu en envoyant Son Fils ici-bas est de susciter pour Lui un peuple de véritables adorateurs : non des adorateurs comme ceux du passé et du temps de Malachie, qui s’en tenaient à maintenir les formes légales du culte, mais des adorateurs réels « en esprit et en vérité : Jean 4,23 à 24. Il est notable à ce sujet que, alors qu’en l’an 70, les Romains détruisaient le grand Temple de Jérusalem en le rasant jusqu’à la dernière pierre, des communautés nouvelles, remplies de l’Esprit de Christ, se multipliaient dans tout l’Empire jusqu’à le saturer. Une révolution s’était opérée : la religion morte de l’Ancien Testament (le judaïsme) s’était transformée en un culte vivant rassemblant des communautés de nouveaux croyants de toutes origines, dispersées dans le monde entier. La prophétie était accomplie : la gloire du nouveau temple allait dépasser de loin celle de l’ancien, même au temps de sa splendeur sous Salomon !

3. L’application du message de Malachie pour nous :

C’est à l’image du fondeur auquel Malachie fait référence pour illustrer le processus de purification par lequel Dieu agira pour que les fils de Lévi (les prêtres) apportent à leur Dieu des offrandes qui Lui seront agréables. Ce procédé tiré de la métallurgie nous parle peu à nous qui ne sommes pas des habitués ou des experts en la matière.

Voici ce qu’en disent deux commentateurs : « L’affineur est assis. Le creuset est devant lui, et il observe à la fois l’intensité de la flamme et le métal dont les scories sont en train de se séparer… Lorsque le fondeur d’argent arrivait vers la fin de son travail, la couche d’oxide disparaissait et la surface brillante et pure de l'argent étincelait. Arrivé à ce point, une fois que toutes les scories avaient été évacuées, le fondeur voyait sa propre image se refléter à la surface de l’argent. »

Tel est le test révélateur du fait que le processus de la purification a atteint son objectif : il permet, dit le commentateur, à l’affineur de voir son propre visage se refléter dans l’objet purifié. Tel est aussi le but du travail de Jésus et de l’Esprit de Dieu dans nos vies, dit Paul : 2 Cor 3,18. Croyons que tant que ce but ne sera pas atteint, Dieu continuera à nous éprouver par le feu de l’épreuve, de manière à obtenir le résultat parfait qu’Il attend pour nos vies : Jac 1,3 à 4.

Croyons aussi que si Dieu a agi avec sévérité contre le judaïsme, qui était, au temps de Malachie, à l’un de ses niveaux les plus bas, pour le purifier, Il n’hésitera pas à le faire aussi, comme Il l’a déjà fait dans l’histoire, avec l’Eglise de Jésus-Christ. La Réforme en est un exemple parlant, elle qui s’est produite au XVIème siècle en un temps où les papes et les prêtres se vautraient dans l’immoralité et l’avarice les plus grossières (le siècle des Borgia d’où nous vient le mort orgie !)

L’avertissement donné par Malachie aux hommes de son temps : Mal 3,5, est adressé dans l’Apocalypse à l’Eglise de tous les temps : Apoc 2,5.20 à 23 ; 3,16. Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises, conclut chaque lettre. Que nous puissions nous aussi entendre ce que Dieu nous dit aujourd’hui par Malachie !

lundi 21 juin 2010

Malachie 2,10 à 16

L'ALLIANCE ROMPUE

1. INTRODUCTION :


Après avoir dressé le procès des prêtres et défini la part de responsabilités qu’il leurs revenait dans l’état moral et spirituel de la nation, Malachie se tourne maintenant vers le peuple pour stigmatiser l’infidélité par laquelle l’unité du peuple de Dieu se trouve brisée et l’alliance avec son Dieu profanée. Si les responsables spirituels d’une entité sont les premiers à qui Dieu demande des comptes pour l’état de celle-ci, ils ne sont pas les seuls à devoir le faire. Chacun à son niveau est responsable devant Dieu des décisions qu’il prend et des actes qu’il commet. Quand bien même des responsables ne seraient pas à la hauteur de leur vocation, leurs défaillances ne justifient pas pour autant les péchés et les écarts de conduite du peuple. Toute l’histoire du peuple d’Israël et de l’Eglise témoignent du fait que le péché toléré d’un seul membre du peuple suffit à porter un coup fatal au témoignage de l’ensemble et à la bénédiction de Dieu sur tous : Josué 7,1.11-12 ; Actes 5,1 à 6 ; 1 Cor 5,1 à 5. Quelle incidence a le péché d’une personne sur le tout ? Où commence et où s’arrête la liberté de choix d’un membre du peuple de Dieu ? C’est à ce type de questions que le passage de la prophétie de Malachie répond.

2. L’APPARTENANCE : LE PRINCIPE SPIRITUEL DE BASE : v 10

Comme il l’a fait au 1er chapitre à propos des prêtres, c’est par deux questions que Malachie introduit l’interpellation qu’il adresse aux membres du peuple concernés par le péché qu’il va dénoncer pour les amener à réfléchir selon Dieu à leur conduite. Les deux questions posées par Malachie ne présentent aucune difficulté quant à leur réponses. Celles-ci sont d’une évidence telle qu’il paraît presque absurde de les poser.

Le fait que l’évidence est le mode par lequel le prophète opère pour amener ses contemporains à la réflexion sur leur conduite n’est pas le fait du hasard. Ce fait témoigne tout simplement du fait qu’il est impossible pour quiconque d’entrer dans le péché sans automatiquement gommer de sa mémoire des réalités qui relèvent du bon sens. Les questions posées ici par Malachie ont un but : rappeler aux membres du peuple le cadre et les limites auxquels se heurte leur liberté :

1ère limite : en tant que membre du peuple de Dieu, nous ne sommes pas des individus isolés. Nous faisons partie d’une famille dont les membres sont rattachés par de forts liens et dont Dieu est le Père. Cette limite implique que chaque chose que je fais, et dont je me rends coupable, rejaillit inévitablement sur l’ensemble. Comme Dieu l’a dit à Josué, le péché pratiqué par l’un, quand il n’est pas jugé, est le péché de tous : Josué 7,1.10-11

2ème limite : en tant que peuple créé par Dieu, je fais partie d’une nation régie, comme toutes les nations, par des règles internes. De même que quiconque qui vit en France est sanctionné s’il vient à contrevenir aux règles qui régissent la société française, celui qui, au nom de sa liberté personnelle, contrevient aux règles de la nation sainte à laquelle Il appartient, et dont Dieu est la tête, mérite d’être sanctionné : 1 Pierre 2,9.

Avant la prière de Jésus pour les Siens précédant Son départ, Malachie remet en valeur le principe évident, mais oublié, selon lequel c’est l’unité du peuple de Dieu dans l’obéissance à Dieu et la soumission à Sa volonté qui est la garantie de la durabilité de Sa bénédiction sur lui. Dans l’état dans lequel se trouvait la nation au moment où parle Malachie, il était impossible à Dieu d’écouter leurs prières et d’agréer leurs sacrifices : v 13.

Comme il en a été dès le début, Malachie rappelle au peuple de Dieu que, encore et toujours, les péchés conscients que nous pratiquons, dans lesquels nous persévérons et desquels nous refusons de nous séparer, sont et restent le principal obstacle à l’exaucement par Dieu de nos prières : Psaume 66,18. Si Dieu, nous connaissant, ne s’attend pas à trouver au milieu de nous un peuple parfait, sans péché, ce qu’il ne peut accepter par contre est son installation sans réaction au milieu de nous : un état de fait que Pierre ne supporta pas à Jérusalem et Paul à Corinthe : Actes 5,1 à 6 ; 1 Cor 5,1 à 5.

L’Eglise ne doit jamais, en aucun cas, être un lieu semblable à celui dans lequel vivaient les chèvres de Robison Crusoe : leur enclos était si vaste que celles qui se trouvaient à l’intérieur étaient aussi sauvages que celles de l’extérieur. Deux sphères nettement différentes existent :

- la 1ère est celle du Royaume de Dieu dans laquelle la liberté de chacun est soumise à la volonté de celui qui en est le Chef

- la seconde est celle du monde, dont le prince est le diable, autorité visible dans les actes et les attitudes de ceux qui en sont membres : Jean 8,44

C’est par nos actes que nous témoignons du Père et du Chef auquel nous appartenons !

NOTA : Importance et réalité du sentiment d’appartenance :

Le sentiment d’appartenance est le fait de se sentir pleinement intégré dans un groupe. Ce sentiment dépasse le simple fait d’être un membre physique du groupe. Il implique une identification personnelle aux références du groupe : à son identité, ses valeurs, ses normes, ses habitudes. Le sentiment d’appartenance est renforcé par les attaches affectives personnelles, le sentiment et les actes de solidarité envers les autres membres et la considération mutuelle.

Le sentiment d’appartenance est le fondement de la cohésion de la vie d’un groupe et de son esprit d’équipe. Il s’exprime visiblement par le fait que les objectifs du groupe priment sur les buts personnels et que les succès comme les échecs du groupe sont aussi ceux de chacun. C’est le sentiment d’appartenance à un groupe qui fait que chacun y trouve sa place sans heurts avec les autres. La part irremplaçable de l’un est complété et dépendante de la part irremplaçable de l’autre, dans le seul but du service de la collectivité toute entière.

3. NATURE DES PECHES D’INFIDELITE :

Après avoir rappelé les principes qui conditionnaient les relations des membres du peuple entre eux et avec Dieu, le prophète en vient aux faits commis, faits synonymes à ses yeux de trahison entre eux et de rupture d’alliance avec Dieu :

1er fait : le mariage des israélites avec des femmes étrangères : v 11

Notons que si Dieu s’oppose à de telles alliances, ce n’est en aucun cas pour des critères raciaux, mais uniquement pour des raisons spirituelles. Comme il le dit dans la loi, ce que Dieu craint, en voyant un israélite épouser une païenne, c’est que celle-ci le conduise à se détourner de Lui pour l’amener à adopter ses dieux : Deut 7,1 à 4. La preuve que la crainte de Dieu à ce sujet était fondée sera donnée par l’exemple même de Salomon, un des hommes pourtant réputés les plus sages de tous les temps : 1 Rois 11,1 à 8. A l’opposé de cet exemple, Dieu Lui-même donnera à Rahab et Ruth, deux femmes d’origine païenne, ayant abandonné leurs dieux pour s’attacher à l’Eternel, de faire partie de la lignée du Christ : Mat 1,5.

Il est courant d’entendre parmi les enfants de Dieu l’argument selon lequel le fait d’épouser un non croyant peut aboutir à l’heureuse conclusion de la conversion de celui-ci. Si la grâce de Dieu peut le permettre, jamais la Bible ne soutient un tel point de vue. L’expérience, au contraire, tend à prouver l’inverse : succombant à l’attrait qu’exerce sur lui l’incroyante, c’est le croyant faible qui s’éloigne de Dieu plutôt que l’incroyante qui s’en approche !

En quoi, le fait pour un membre du peuple de Dieu d’épouser une femme étrangère, adoratrice d’une autre dieu, est-il une trahison envers ses frères et un acte de rupture à l’alliance de Dieu ? Plusieurs raisons :

1. L’union est vécue par Dieu comme une profanation de ce qui est sacré : v 11b. L’enfant de Dieu, dit Paul, est un membre de Christ et son corps le temple du Saint-Esprit. En s’unissant à une incroyante vouée à l’idolâtrie, le croyant s’engage dans une alliance contre nature qui porte atteinte au caractère même de Dieu : 1 Cor 6,12 à 20. C’est pourquoi Paul indique que si le chrétien, suite à sa conversion, peut se séparer de son épouse incroyante, il ne peut se remarier qu’avec une croyante : 1 Cor 7,12 à 15.39.

2. L’union d’un croyant avec une incroyante porte préjudice au témoignage de Christ et l’affaiblit dans l’église. Si, déjà, le mariage est une condition qui oblige les époux à s’adapter l’un à l’autre, parfois au détriment du Seigneur : 1 Cor 7,32 à 35, combien davantage ce partage, qui diminue la part consacrée au Seigneur, sera-t-il une réalité dans un tel cas de figure ! L’idée que le croyant transmet à l’incroyante en l’épousant est que, certes, les commandements de Dieu existent mais que, finalement, ils n’ont que peu d’importance. Ce n’est pas à lui seul, mais aussi à sa conjointe que, sur le plan spirituel, le croyant nuit.

3. L’union d’un croyant avec une incroyante a des répercussions inévitables sur leur descendance commune. Au lieu d’engendrer des enfants éduqués dans la foi, c’est un foyer déchiré et divisé que, inévitablement, les époux offrent à leur progéniture. Comment, dans ce cas, le père pourra-t-il éduquer les enfants selon le Seigneur : Ephés 6,4 et leur inculquer les valeurs de la Parole de Dieu : Deut 6,6-7

4. L’union d’un croyant avec une incroyante témoigne du fait que ce qui l’a attiré vers elle n’avait rien à voir avec le Seigneur auquel il appartient, mais ne provenait que de considérations humaines et charnelles. S’il n’y avait rien de Dieu en elle, il faut se poser la question de savoir de quelle nature était ce que le croyant a aimé en elle au point de l’épouser : Prov 5,20 à 23.

2ème fait : la banalisation du divorce comme préalable au mariage des israélites avec des femmes étrangères : v 14

Un péché ne venant jamais seul, Malachie en vient maintenant à ce qui, en son temps, représentait aux yeux de Dieu le comble de la trahison, de l’infidélité et de la rupture du contrat d’alliance qui, par ses obligations, liait le peuple de Dieu à son Dieu : le divorce.

Si, rappelons-le, la cause de tous les désordres qui étaient dans le peuple venait du fait que celui-ci avait oublié qu’il devait vivre comme une famille dont Dieu était le Père ou une nation sainte dont Dieu était le Créateur : v 10, c’est dans le cadre de la famille humaine, et plus particulièrement des liens sacrés qui fondaient le mariage que cet oubli était le plus criant. Il peut nous arriver, comme Israël, de continuer à exister en tant que peuple de Dieu, de nous considérer même, en tant qu’Eglise, comme une famille dont les membres sont, à nos yeux, comme de vrais frères et sœurs. Malachie nous prévient : nous sommes menteurs aux yeux de Dieu si cet esprit de famille que nous voulons montrer au monde ne se traduit pas dans le cadre des liens de notre propre foyer.

C’est vu sous cet angle que Malachie nous transmet, de la part de Dieu, comme aucun autre passage de l’Ecriture ne le fait, Sa vision du divorce. Il nous dit de Sa part trois choses à ce sujet :

1. le divorce d’un mari est une trahison de l’engagement pris lors du mariage envers la femme avec qui il s’est lié devant Dieu.

Pour nous faire sentir le degré auquel atteint cette trahison, Malachie donne un double titre à la femme à laquelle les liens du mariage nous ont attachés :

- c’est la femme de ta jeunesse, celle qui, dans les meilleures années de la vie, s’est offerte à toi et qui a fait toute ta joie : Prov 5,15 à 20. Est-il juste, maintenant qu’elle a porté tes enfants, qu’elle a tant fait pour toi et ton bonheur que, parce que les années ont passé, tu la rejettes pour une autre plus attirante à tes yeux ? Avant d’être une rupture, le divorce est d’abord aux yeux de Dieu la marque d’une profonde ingratitude et d’un grand égoïsme.

- C’est la femme de ton alliance. Si le mariage te donne des droits en tant qu’époux, il t’impose aussi des devoirs, semble dire Malachie. Sache donc que le jour où tu as signé le contrat d’alliance qui te liait à ta femme pour la vie, c’est non seulement devant les hommes, mais devant Dieu que tu as apposé cette signature. Dieu te demandera compte de ton abandon.

2. C’est dans l’esprit que se produit la rupture avant qu’elle ne le soit dans les faits : v 15 (fin).

Prenez donc garde en votre esprit, dit Malachie, car c’est dans ce que vous nourrissez dans le secret de votre cœur que commence le processus qui aboutit un jour à la rupture : Mat 5,27 à 29. Sachons bien que la tentation du divorce, de plus en plus courante en notre temps dans les milieux chrétiens, n’a pas pour seule cause la convoitise. Elle peut aussi être l’aboutissement de problèmes relationnels non réglés au fur et à mesure dans la vie du couple :

- le refus de se pardonner certains torts

- le refus de servir l’autre, l’égoïsme

- le manque de communication : une vie où l’on se croise : plus d’intimité, d’échange, d’amitié : Mal 2,14 parle de l’amie que doit être l’épouse. Amie = confidente privilégiée

- le danger d’une trop grande proximité avec d’autres femmes

- des attentes injustifiées
- etc…

« Un homme, dit Thomas Watson, ne se garde pas chaste en ayant une femme, mais en aimant sa femme. » Prenons garde en notre esprit. C’est là que se trouve la genèse de toutes les ruptures conjugales malheureuses.

3. le divorce est l’une des choses les plus détestables qui soit aux yeux de Dieu : v 16.

Il est détestable pour de multiples raisons :

- pour l’acte de violence qu’il représente pour le cœur de la personne trahie : v 16b. Il n’est pas interdit de penser ici que les larmes versées et les cris poussés près de l’autel, rendant impossible le fait pour Dieu d’agréer les offrandes apportées par les israélites à Son autel, soient ceux des femmes abandonnées par leurs maris qui n’avaient que Dieu vers qui se tourner pour répandre leur chagrin.

« Ces petites pensées « innocentes » qui folâtrent « gentiment » par-delà les frontières du mariage équivalent, au regard de Dieu, aux pensées d’un malfaiteur qui se prépare à assaillir quelqu’un pour le mettre à mal : John Benton. »

- à cause du péché qui, quelles que soient les raisons souvent avancées (incompatibilité d’humeur, monotonie…) en est toujours la cause. Même quand Jésus autorise le divorce, soulignons que c’est à contre-cœur qu’Il le fait, davantage par compassion pour ceux qui souffrent que pour valider un processus justifiable : Mat 19,3 à 9.

- A cause des dégâts, souvent irréversibles, qu’il occasionne dans le cœur et l’esprit des enfants issus du couple. Comment les enfants nés de famille chrétienne pourrait-il apprendre l’amour, la patience, le pardon, la fidélité, la responsabilité s’ils voient leurs parents, se disant chrétiens, se séparer pour cause de refus de les pratiquer ! C’est le couple qui, selon Paul, est la meilleure illustration de la relation profonde qui lie Christ à l’Eglise : Ephés 5,21 à 33

Dieu haïssant la répudiation, Il promet la plus sévère des corrections à qui passerait outre Ses avertissements : v 12 ; Prov 2,16 à 19 ; 6,27 à 35. Que, par Son Esprit, Dieu nous donne conscience de la gravité des péchés que notre société banalise si facilement !

samedi 19 juin 2010

Malachie 2, 1 à 9

PROCES DES SACRIFICATEURS

1. INTRODUCTION :

Nous avons vu dans le 1er chapitre que, si Malachie dénonce le mépris dont le peuple de Dieu fait preuve à Son égard à travers les sacrifices honteux qu’il Lui offre, c’est d’abord sur les prêtres que le prophète fait reposer la responsabilité de cet état de fait. Si le peuple était coupable de ses péchés, les prêtres, censés être la conscience spirituelle du peuple et les gardiens de l’obéissance à la loi, l’étaient encore davantage.

Aussi Malachie poursuit-il en s’en prenant ici, exclusivement cette fois-ci, de nouveau à eux, convaincu qu’il est qu’une tête malade( les responsables) ne peut donner un corps en bonne santé: cf Esaïe 1,5-6.

2. MESSAGES AUX SACRIFICATEURS :

V 2 : 1er message : la relation avec Dieu est une relation conditionnée

Le 1er message que, au nom de Dieu, Malachie rappelle aux sacrificateurs est que les privilèges dont ils sont l’objet de la part de Dieu doivent s’entendre dans le cadre d’une relation conditionnée avec Lui. Les prêtres ne sont au bénéfice des bénédictions de Dieu que dans la mesure où ils sont fidèles à la double vocation qu’ils ont reçue de Lui :

1ère vocation : L’écouter

C’est toujours ici, selon Dieu, que tout commence. En effet, si le premier commandement de la loi, que les sacrificateurs devaient enseigner, est celui d’aimer Dieu, la loi elle-même le fait précéder d’un mot d’ordre sans lequel il est impossible de la pratiquer : Ecoute Israël : Marc 12,29 à 31. Plus que les activités et le faire, Jésus rappellera à maintes reprises que l’écoute de Dieu et de Sa Parole est la condition incontournable de tout bonheur, plénitude, efficacité dans le service de Dieu : Luc 8,21 ; 10,38 à 42 ; 11,28.

Quoi que ce soit qui n’aille pas ou que nous trouvons malade ou en mauvais état dans notre vie, nous pouvons dire à coup sûr que l’origine du mal tient au départ à une seule chose : notre manque d’écoute de Dieu et de Sa Parole : 1 Sam 12,15 ; Néhémie 9,29.

Des passages que nous avons lu, il ressort clairement une idée qu’il nous faut retenir. Ecouter dans le langage de Dieu signifie bien autre chose qu’entendre. L’écoute de Dieu et de Sa Parole n’a de sens que si elle est vécue dans l’esprit d’être disciple : Esaïe 50,4, de mettre en pratique ce que Dieu dit et de s’y conformer : Jacques 1,22 à 24. C’est pour ne pas avoir pratiqué ce type d’écoute que les sacrificateurs ont péché contre Dieu et ont amené le peuple à pécher ensuite contre Lui.

2ème vocation : Lui rendre gloire

Il y a bien des manières de s’acquitter de cette vocation que Dieu adresse à tout homme, en particulier à ceux qui sont les Siens. Nous rendons gloire à Dieu :

- lorsque nous disons la vérité et reconnaissons notre état de péché et nos fautes devant Lui : Josué 7,19 à 21
- lorsque nous rendons à Dieu le culte, l’honneur, la reconnaissance qui Lui reviennent pour ce qu’Il est et ce qu’Il fait pour nous : Mat 22,21
- lorsque nous répondons à Ses bienfaits et à Ses dons d’une manière qui soit, à notre niveau, à la hauteur de Son amour pour nous : Jean 12,8 ; 1 Jean 4,19.

Quel que soit le ministère ou le service que nous avons, souvenons-nous que toute activité, tout engagement pour Dieu n’a de sens que s’il s’inscrit dans la double vocation qui nous est adressée : L’écouter, Lui rendre gloire.

Malachie nous prévient du danger qu’il y a pour tout serviteur de Dieu de penser que, puisqu’il est l’objet de Sa faveur, rien de grave ni de malheureux ne peut lui arriver. Quel que soit le cadre d’alliance dans lequel nous nous trouvons, les bénédictions qui s’attachent à la grâce dont nous sommes l’objet restent soumises en tout temps à des conditions : exemples :

- Deut 4,25-26 : la pérennité des promesses données à Israël : Deut 8,2.19 dans la 1ère alliance était suspendue à leur fidélité à cette alliance

- Rom 6,16 : la promesse de la liberté vis-à-vis du péché est suspendue à la condition de notre obéissance à Christ : Rom 8,13

- Col 1,21 à 23 : la promesse de notre salut définitif est liée à la condition de rester dans la foi sans nous détourner de l’espérance que nous apporte l’Evangile

La grâce de Dieu, qui fait de nous Ses associés dans Son œuvre, n’est pas conditionnée, dans Sa réception, à nos mérites : Ephés 2,8-9. Cependant, elle ne peut pleinement porter ses fruits dans nos vies que si nous la traduisons par le comportement qu’elle nous enseigne comme étant celui qui plaît à Dieu : Ephés 2,10 ; Tite 2,11 à 13

V 2 et 3 : 2ème message : le comportement de Dieu envers Son peuple est le reflet du comportement du peuple envers Lui.

Les sacrificateurs traitant Dieu avec mépris, Dieu ne voit aucune raison pour laquelle Il devrait continuer à leur prodiguer Ses soins attentionnés ou les faire jouir de Sa faveur. La seule façon qu’Il juge efficace pour leur faire comprendre la gravité de leur attitude est de les traiter de la même manière qu’ils Le traitent : Psaume 18,24 à 28.

Il nous est possible, à la lecture des versets parlant de la façon avec laquelle Dieu va traiter les prêtres, de trouver les paroles et la réaction de Dieu choquantes. Elle ne l’est que parce que nous n’avons pas saisi la portée des sentiments que Dieu exprime au 1er chapitre sur le mépris qu’Il ressentait de la part de ceux qui avaient la charge de donner gloire à Son nom ! Nous sommes parfois si endurcis de cœur que ce n’est que lorsque nous sommes traités par les autres comme nous les avons traités que nous comprenons la gravité de nos actes.

Quels qu’ils soient, les jugements et les châtiments de Dieu envers le monde ou les Siens, portent tous la marque du même témoignage : ils sont justes et équitables : Hébr 12,5 à 11 ; Apoc 16,4 à 7.

Outre le mépris dont les sacrificateurs infidèles seront l’objet, l’autre moyen de pression  sur lequel Dieu agira contre eux sera de les priver de leurs revenus : v 3a. Serviteurs de Dieu, les Lévites n’avaient hérité d’aucune propriété. L’Eternel seul devait être leur héritage : Deut 10,9. Héritiers de Dieu, leurs revenus provenaient de 3 sources :

- de la dîme payée par les autres tribus d’Israël : Nomb 18,21

- d’une part des sacrifices consumés par le feu que le peuple apportait : Deut 18,1

- les lévites avaient reçu en outre comme patrimoine de la part de Dieu, 48 villes disséminées dans tout le territoire d’Israël avec leurs abords pour y faire vivre leurs propres troupeaux : Nomb 35,1 à 8.

Ce sont sur toutes ses sources de revenus que l’Eternel allait agir pour châtier Ses serviteurs infidèles.

Nous pouvons penser à tort que notre salaire ou nos revenus sont exclusivement le fruit de notre travail. Ils sont en fait un cadeau de Dieu : Aggée 2,8 : un cadeau que Dieu a le pouvoir de nous reprendre si, au lieu de Le servir comme Il le souhaite, nous ne pensons qu’à profiter pour nous-mêmes de Ses bienfaits. Si la menace concerne tout le monde, elle s’applique encore bien davantage à ceux dont le ministère nécessite d’être à plein temps au service de Son culte !

V 4 à 7 : 3ème message : l’objectif de Dieu, en agissant comme Il le fait, n’est pas de rompre l’alliance avec Lévi (les prêtres), mais de la rétablir en l’amenant à retourner aux attitudes et au comportement qui étaient ceux des lévites au début de l’exercice de leur ministère.

Un des combats et une des grandes difficultés auxquels sont confrontés chaque chrétien et chaque église est de garder le zèle et les attitudes qui étaient les leurs au début de leur vie avec Dieu : Apoc 2,5. Si elle peut arriver, il est rare que la déchéance ou l’éloignement du chrétien vis-à-vis de Dieu soient brutaux. La plupart du temps, cela se fait insensiblement, compromis après compromis, jusqu’au point d’atteindre parfois le niveau le plus bas : ex : 1 Sam 2,12 à 17.22.

Alors que les Lévites se satisfaisaient de la médiocrité et du service minimum, Malachie leur rappelle que le niveau que Dieu désire leur voir atteindre dans leur service est celui qu’avaient les premiers lévites, tels Phinéas par exemple : Nomb 25,6 à 13 ; Psaume 106,28 à 31.

Les Lévites du temps de Malachie l’ayant oublié, Dieu leur rappelle ici les attitudes qu’Il attend d’eux et le contenu de la mission qu’Il leur a donné. Pour être les serviteurs qualifiés qu’Il attend d’eux, les Lévites doivent :

- plus que les autres, être habités par la crainte de Dieu : v 5. Pour ne pas l’avoir eu, certains en sont morts : Lév 10,1 à 5

- plus que les autres, être habités par la loi de Dieu : v 6a et 7, ce qui sous-entend qu’ils soient pour le peuple des modèles de respect et d’application dans leurs vies de cette loi : la même exigence est réclamée de nous tous dans le NT : Col 3,16 ; Jac 1,22

- plus que les autres, être des hommes droits qui soient une conscience pour les autres : v 6b : un souci partagé par Paul : 2 Cor 4,2.

Pour Malachie, et en conclusion de ce point, les Lévites ne peuvent atteindre le standard de qualité requis par Dieu dans le service que s’ils sont conscients de leur identité devant Dieu. Les Lévites ne sont pas des hommes comme les autres : ils sont des envoyés, des représentants, des missionnaires de Dieu : v 7b ; 2 Cor 2,17

Avant Paul, qui insiste beaucoup sur ce point, Malachie montre ici que ce n’est que lorsque l’on est conscient de l’identité spirituelle qui est la nôtre que l’on peut avoir le comportement qui en découle. C’est mettre la charrue avant les bœufs que de demander à un chrétien de réformer sa conduite avant qu’il n’ait pris conscience de la nouvelle personne qu’il est en Christ : 2 Cor 5,17. C’est la conscience de ce que je suis en Christ et pour Dieu qui me donnera la capacité de l’être dans les faits devant les hommes.

V 8 et 9 : 4ème message : le sujet d’accusation principal de Dieu à l’encontre des Lévites : l’utilisation dévoyée de la loi

Totalement liés à la loi, c’est pour leur utilisation frauduleuse et dévoyée de la loi que les Lévites seront principalement jugés par Dieu. Le procès de Dieu à leur encontre porte sur 3 chefs d’accusation précis :

- contrairement à leur père Lévi qui marchait avec Dieu dans la paix et la droiture : v 6, les Lévites du temps de Malachie s’étaient écartés de la voie, c’est-à-dire de la stricte obéissance à la loi : v 8a. Leur péché était semblable à celui des pharisiens qui déformaient ce que disait la loi en y mêlant des interprétations qui leur convenaient : Marc 7,8 à 13.

- laxistes avec la loi, les lévites avaient entraîné d’autres après eux dans les mêmes travers, les conduisant par la loi à tomber dans le péché à leur tour : Esdra s 10,2-3.18 à 44.

- dépositaires par la loi de l’exercice de la justice, les lévites s’étaient rendus coupables de favoritisme dans leurs jugements : v 9, en ayant égard à la personne du grand et du riche par rapport à celle du pauvre et du petit : Deut 1,17 ; Michée 3,9 à 11.

Le réquisitoire dressé par Malachie nous rappelle à quel point est grande la responsabilité qui pèse sur les épaules des enseignants de la Parole de Dieu : Jac 3,1. Non seulement ceux-ci devront rendre compte du contenu de leur enseignement, mais de l’application qu’ils en auront faite dans leurs vies !

3) CONCLUSION :

Pour conclure cette section, dans laquelle Dieu dresse l’acte d’accusation des sacrificateurs de l’époque de Malachie, nous pouvons dire que les reproches de Dieu à l’égard de Ses serviteurs portent sur trois domaines qui, s’ils sont capitaux pour Lui, doivent aussi l’être pour nous :

1er domaine : les attitudes

Mal 2,5 nous dit que les sacrificateurs de l’ancien temps avaient la crainte de l’Eternel. C’était cette crainte respectueuse qui était à la base du sérieux avec lequel ils faisaient leur service. La crainte disparue, immédiatement l’esprit dans lequel se faisaient les choses se détériora.. La crainte de Dieu est le commencement de toute sagesse : Prov 1,7

2ème domaine : l’enseignement donné

Mal 2,6 nous dit que les sacrificateurs anciens se préoccupaient d’être de véritables messagers de la Parole de Dieu. Ils avaient à cœur, non seulement de bien enseigner, mais de ne rien enseigner de faux. Les nouveaux sacrificateurs n’enseignaient plus la Parole telle qu’elle était : ils s’étaient écartés des voies prescrites par Dieu pour enseigner au peuple leurs voies. L’Ecriture ne cesse de souligner la grande responsabilité qui pèse devant Dieu sur les épaules de quiconque enseigne Sa Parole : Jac 3,1

3ème domaine : le comportement

Mal 2,6 rappelle également quel était le comportement des sacrificateurs anciens : Lévi, dit Dieu, marchait dans la paix et la droiture. Si l’attitude est première dans ce qui fait notre façon d’être, l’Ecriture souligne de part en part la nécessité pour tout serviteur de Dieu de veiller à son comportement : 2 Cor 1,12 ; 1 Tim 3,2. Car c’est par lui que, d’abord, nous sommes ou ne sommes pas des modèles pour les autres.