samedi 24 août 2013

Sophonie 2

V 1 à 3 : appel aux humbles

Si Sophonie annonce avec vigueur l’imminence du jour du Seigneur, ce n’est pas uniquement à destination des impies qu’il le fait. Parce qu’il est au service de Dieu comme sentinelle, le prophète se doit de dire à ses contemporains ce que Dieu lui a transmis. Rien ne laisse cependant présager, dans le contenu des annonces qu’il fait, que celui-ci va porter du fruit et avoir un impact significatif auprès d’eux. L’histoire démontre d’ailleurs l’inverse. Bien que la repentance et les réformes entreprises par Josias aient permis un sursis, le jugement de Juda était scellé depuis Manassé.

Le message de Sophonie s’adresse à toute la nation, mais il vise surtout un groupe particulier de personnes en son sein : les humbles. Eux seuls, chez qui se trouvent encore une sensibilité pratique pour Dieu, sont en mesure de faire quelque chose d’utile pour leurs vies et leur avenir du message du prophète. L’annonce de l’imminence du jour de la colère du Seigneur ne doit pas être source de résignation ou de démobilisation, mais l’occasion qui leur est donné de se sanctifier encore davantage. Si pour les impies qui les entourent, l’extermination est inéluctable, elle ne l’est pas pour eux. Un reste subsistera dont ils peuvent faire partie : v 3.

Le même mot d’ordre que celui de Sophonie conclut le livre de l’Apocalypse à l’intention des justes : « Et il me dit : Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre. Car le temps est proche. Que celui qui est injuste soit encore injuste, que celui qui est souillé se souille encore ; et que le juste pratique encore la justice, et que celui qui est saint se sanctifie encore. Voici, je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun selon son œuvre : Apocalypse 22,10-11. » Les signes annonciateurs de la fin ont une double portée. Ils sont là pour dire à l’impie que son jugement est proche. L’exemple de Noé montre malheureusement que, bien que prévenu, celui-ci n’en tient aucun compte : 2 Pierre 2,5 ; Hébreux 11,6. Ces signes parlent aussi au juste. Plus efficaces qu’un sermon, ils sont une incitation pressante pour lui à se préparer, par la justice de ses actes, à être trouvé digne de son Dieu. Qu’au fur et à mesure que Tes pas se font entendre, notre vie se détache du péché de ce monde pour épouser la justice de Ton royaume, ô Dieu !

V 4 à 7 : extermination annoncée des philistins, à l’ouest

L’invitation lancée aux humbles du pays à chercher le Seigneur et la justice est d’autant plus d’actualité que l’extermination des peuples hostiles à Juda qui sont dans son entourage est arrêtée. Le pays des philistins à l’ouest, en premier, sera ravagé. Les villes du bord de la mer seront dévastées, privées d’habitants. Elles seront redonnées au reste de Juda qui y fera paître ses troupeaux. Ce retournement de situation inimaginable ne sera dû qu’à une seule cause : l’intervention souveraine de Dieu.

Alors qu’Israël vit aujourd’hui sous la menace permanente de voisins hostiles, il aurait tout à gagner à relire le livre de Sophonie. Le salut d’Israël ne tient qu’à une seule chose : la fidélité de Dieu. Il passe en même temps par un phénomène présent tout au long des âges : la sanctification du reste qui Lui est attaché. « Le reste qui subsiste, sauvé du jugement, devient le fondement d’un développement ultérieur… la marche avec Dieu du reste fidèle sauve l’avenir du monde. Ils sont les vrais porteurs de l’histoire en général et, dans l’Ecriture, les véhicules de la chronologie du monde : Erich Sauer. » C’est ce reste fidèle aujourd’hui encore qui est la courroie de transmission des différentes étapes du dessein de Dieu. C’est par elle que celui-ci s’accomplit dans une continuité sans rupture. Insignifiante aux yeux du monde, la présence des hommes fidèles à Dieu en son sein est de la plus haute importance pour Lui. Car ils sont « les agents de chaque nouveau commencement et témoigne de l’unité du plan salvateur de Dieu : Erich Sauer. » Que Dieu nous donne la conscience de la valeur élevée que nous avons à Ses yeux dans ce monde, une valeur plus importante que celle de ses dirigeants qui passeront et dont l’œuvre mourra avec eux !

V 8 à 11 : extermination de Moab et d’Ammon, à l’est

Après les philistins, c’est à Moab et Ammon, les deux peuples issus de l’union des filles de Lot avec leur père : Genèse 19,30 à 38, que Sophonie fait part des menaces de jugement de Dieu. Le jugement que Dieu prononce sur des peuples n’est jamais arbitraire. Il est toujours motivé par des faits précis qui ont provoqué Sa colère. Ici, c’est l’attitude de Moab et d’Ammon, cousins éloignés du peuple de Dieu, qui est en cause. Dieu, dit le prophète, a entendu les outrages et les injures dont ils se sont rendus coupables envers Israël au temps de leur détresse. L’acte de condamnation d’Ammon et de Moab n’est pas propre à Sophonie. On le retrouve dans plusieurs autres livres prophétiques traitant du même sujet : Esaïe 15 et 16 ; Jérémie 48,25-27 ; Ezéchiel 25,1 à 11.

Le jugement prononcé par Dieu contre les deux peuples n’est pas fortuit. Il répond à une logique qu’il vaut la peine de méditer. Moab et Ammon seront rendus, dit Sophonie, semblables à Sodome et Gomorrhe, les deux villes desquelles Lot, leur père, a été sauvé. La motivation des deux filles de Lot, en couchant avec lui, n’était pas d’ordre moral. Isolées dans leur grotte, après la destruction des deux villes et la mort de leur mère : Genèse 19,26, les deux filles du neveu d’Abraham n’avaient qu’un souci : perpétuer la descendance de leur père : Genèse 19,32. Comme il le fit pour Abraham et Agar, Dieu exauça leur souhait. Nous sommes ici au début des choses. Sophonie, inspiré de Dieu, révèle ce qui en sera la fin. Il confirme la parole de Jésus au sujet de ce que le jugement arrachera dans le monde : Toute plante, dira-t-Il, que mon Père n’a pas plantée sera déracinée : Matthieu 15,3. Moab et Ammon ont échappé au jugement de Sodome et Gomorrhe. Ils sont nés par des moyens charnels du salut de Lot. Ils ne subsisteront pas. Le souhait des deux filles de Lot ne se réalisera pas. Moab et Ammon seront à leur tour rendus semblables aux deux villes honnies.

Le jugement de Dieu n’est pas arbitraire. Il ne fait que rendre à chacun la moisson de ce qu’il est. Ce qui est né de la chair subit le jugement réservé à la chair : la mort. Seul ce qui vient de Dieu a le pouvoir de passer au travers du jugement de Dieu : cf 1 Corinthiens 3,12 à 15. Que chacun dès lors s’examine et sois sûr de la nature de ce qui l’identifie !

V 12 à 15 : extermination des peuples du nord et du sud

Sophonie termine le tour d’horizon des peuples qui subiront le jugement de Dieu en s’adressant de Sa part aux grandes puissances de l’époque au sud (les Koushites), et au nord du pays (les Assyriens). Pour elles aussi, comme pour les autres, pas de salut ! Ces grandes puissances ont beau se croire invincibles : elles finiront elles aussi en ruines.

Une place spéciale est donnée par le prophète à Ninive, la capitale assyrienne. On le sait : ce n’est pas la première fois que la grande ville entend parler du jugement imminent de Dieu sur elle. Au temps de Jonas, le prophète, elle a été avertie. Suite à sa repentance, Dieu lui a fait grâce. Ninive a survécu : Jonas 4,11. Mais la grande ville ne s’en est pas souvenue. Il suffira de quelques générations pour qu’elle retourne dans ses crimes et ses exactions. Pire ! La grâce dont elle a été l’objet l’a rendue arrogante. Epargnée une première fois, Ninive se croit désormais invincible. Mais le temps de la grâce et de la patience de Dieu est terminé. Nahum l’a annoncé, Sophonie le confirme : Ninive va affronter de plein fouet la colère de Dieu. La ville sera un lieu dévasté qui servira de gîte à des animaux sauvages de toute espèce. Sa destruction est arrêtée ! Elle sera si complète et di radicale qu’elle frappera l’esprit de quiconque passera près de ses ruines !


Que ce soit Ammon, Moab ou Ninive, ce n’est pas sans avoir connu le Seigneur que ses peuples seront jugés. Les uns étaient proches parents d’Israël, les autres ont été l’objet de la miséricorde de Dieu. La colère de Dieu est le résultat du mépris de Sa grâce. Ceux qui la subissent ne sont pas des victimes, ils sont inexcusables. La grâce dont nous sommes l’objet nous rend responsables de vivre à la hauteur du don reçu. Ne la prenons pas comme un cadeau bon marché ! Souvenons-nous qu’elle exprime la main tendue d’un Dieu qui ne désire pas la mort du méchant, mais sa conversion et son salut : Ezéchiel 18,23 ; 33,11.

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