samedi 19 juin 2010

Malachie 2, 1 à 9

PROCES DES SACRIFICATEURS

1. INTRODUCTION :

Nous avons vu dans le 1er chapitre que, si Malachie dénonce le mépris dont le peuple de Dieu fait preuve à Son égard à travers les sacrifices honteux qu’il Lui offre, c’est d’abord sur les prêtres que le prophète fait reposer la responsabilité de cet état de fait. Si le peuple était coupable de ses péchés, les prêtres, censés être la conscience spirituelle du peuple et les gardiens de l’obéissance à la loi, l’étaient encore davantage.

Aussi Malachie poursuit-il en s’en prenant ici, exclusivement cette fois-ci, de nouveau à eux, convaincu qu’il est qu’une tête malade( les responsables) ne peut donner un corps en bonne santé: cf Esaïe 1,5-6.

2. MESSAGES AUX SACRIFICATEURS :

V 2 : 1er message : la relation avec Dieu est une relation conditionnée

Le 1er message que, au nom de Dieu, Malachie rappelle aux sacrificateurs est que les privilèges dont ils sont l’objet de la part de Dieu doivent s’entendre dans le cadre d’une relation conditionnée avec Lui. Les prêtres ne sont au bénéfice des bénédictions de Dieu que dans la mesure où ils sont fidèles à la double vocation qu’ils ont reçue de Lui :

1ère vocation : L’écouter

C’est toujours ici, selon Dieu, que tout commence. En effet, si le premier commandement de la loi, que les sacrificateurs devaient enseigner, est celui d’aimer Dieu, la loi elle-même le fait précéder d’un mot d’ordre sans lequel il est impossible de la pratiquer : Ecoute Israël : Marc 12,29 à 31. Plus que les activités et le faire, Jésus rappellera à maintes reprises que l’écoute de Dieu et de Sa Parole est la condition incontournable de tout bonheur, plénitude, efficacité dans le service de Dieu : Luc 8,21 ; 10,38 à 42 ; 11,28.

Quoi que ce soit qui n’aille pas ou que nous trouvons malade ou en mauvais état dans notre vie, nous pouvons dire à coup sûr que l’origine du mal tient au départ à une seule chose : notre manque d’écoute de Dieu et de Sa Parole : 1 Sam 12,15 ; Néhémie 9,29.

Des passages que nous avons lu, il ressort clairement une idée qu’il nous faut retenir. Ecouter dans le langage de Dieu signifie bien autre chose qu’entendre. L’écoute de Dieu et de Sa Parole n’a de sens que si elle est vécue dans l’esprit d’être disciple : Esaïe 50,4, de mettre en pratique ce que Dieu dit et de s’y conformer : Jacques 1,22 à 24. C’est pour ne pas avoir pratiqué ce type d’écoute que les sacrificateurs ont péché contre Dieu et ont amené le peuple à pécher ensuite contre Lui.

2ème vocation : Lui rendre gloire

Il y a bien des manières de s’acquitter de cette vocation que Dieu adresse à tout homme, en particulier à ceux qui sont les Siens. Nous rendons gloire à Dieu :

- lorsque nous disons la vérité et reconnaissons notre état de péché et nos fautes devant Lui : Josué 7,19 à 21
- lorsque nous rendons à Dieu le culte, l’honneur, la reconnaissance qui Lui reviennent pour ce qu’Il est et ce qu’Il fait pour nous : Mat 22,21
- lorsque nous répondons à Ses bienfaits et à Ses dons d’une manière qui soit, à notre niveau, à la hauteur de Son amour pour nous : Jean 12,8 ; 1 Jean 4,19.

Quel que soit le ministère ou le service que nous avons, souvenons-nous que toute activité, tout engagement pour Dieu n’a de sens que s’il s’inscrit dans la double vocation qui nous est adressée : L’écouter, Lui rendre gloire.

Malachie nous prévient du danger qu’il y a pour tout serviteur de Dieu de penser que, puisqu’il est l’objet de Sa faveur, rien de grave ni de malheureux ne peut lui arriver. Quel que soit le cadre d’alliance dans lequel nous nous trouvons, les bénédictions qui s’attachent à la grâce dont nous sommes l’objet restent soumises en tout temps à des conditions : exemples :

- Deut 4,25-26 : la pérennité des promesses données à Israël : Deut 8,2.19 dans la 1ère alliance était suspendue à leur fidélité à cette alliance

- Rom 6,16 : la promesse de la liberté vis-à-vis du péché est suspendue à la condition de notre obéissance à Christ : Rom 8,13

- Col 1,21 à 23 : la promesse de notre salut définitif est liée à la condition de rester dans la foi sans nous détourner de l’espérance que nous apporte l’Evangile

La grâce de Dieu, qui fait de nous Ses associés dans Son œuvre, n’est pas conditionnée, dans Sa réception, à nos mérites : Ephés 2,8-9. Cependant, elle ne peut pleinement porter ses fruits dans nos vies que si nous la traduisons par le comportement qu’elle nous enseigne comme étant celui qui plaît à Dieu : Ephés 2,10 ; Tite 2,11 à 13

V 2 et 3 : 2ème message : le comportement de Dieu envers Son peuple est le reflet du comportement du peuple envers Lui.

Les sacrificateurs traitant Dieu avec mépris, Dieu ne voit aucune raison pour laquelle Il devrait continuer à leur prodiguer Ses soins attentionnés ou les faire jouir de Sa faveur. La seule façon qu’Il juge efficace pour leur faire comprendre la gravité de leur attitude est de les traiter de la même manière qu’ils Le traitent : Psaume 18,24 à 28.

Il nous est possible, à la lecture des versets parlant de la façon avec laquelle Dieu va traiter les prêtres, de trouver les paroles et la réaction de Dieu choquantes. Elle ne l’est que parce que nous n’avons pas saisi la portée des sentiments que Dieu exprime au 1er chapitre sur le mépris qu’Il ressentait de la part de ceux qui avaient la charge de donner gloire à Son nom ! Nous sommes parfois si endurcis de cœur que ce n’est que lorsque nous sommes traités par les autres comme nous les avons traités que nous comprenons la gravité de nos actes.

Quels qu’ils soient, les jugements et les châtiments de Dieu envers le monde ou les Siens, portent tous la marque du même témoignage : ils sont justes et équitables : Hébr 12,5 à 11 ; Apoc 16,4 à 7.

Outre le mépris dont les sacrificateurs infidèles seront l’objet, l’autre moyen de pression  sur lequel Dieu agira contre eux sera de les priver de leurs revenus : v 3a. Serviteurs de Dieu, les Lévites n’avaient hérité d’aucune propriété. L’Eternel seul devait être leur héritage : Deut 10,9. Héritiers de Dieu, leurs revenus provenaient de 3 sources :

- de la dîme payée par les autres tribus d’Israël : Nomb 18,21

- d’une part des sacrifices consumés par le feu que le peuple apportait : Deut 18,1

- les lévites avaient reçu en outre comme patrimoine de la part de Dieu, 48 villes disséminées dans tout le territoire d’Israël avec leurs abords pour y faire vivre leurs propres troupeaux : Nomb 35,1 à 8.

Ce sont sur toutes ses sources de revenus que l’Eternel allait agir pour châtier Ses serviteurs infidèles.

Nous pouvons penser à tort que notre salaire ou nos revenus sont exclusivement le fruit de notre travail. Ils sont en fait un cadeau de Dieu : Aggée 2,8 : un cadeau que Dieu a le pouvoir de nous reprendre si, au lieu de Le servir comme Il le souhaite, nous ne pensons qu’à profiter pour nous-mêmes de Ses bienfaits. Si la menace concerne tout le monde, elle s’applique encore bien davantage à ceux dont le ministère nécessite d’être à plein temps au service de Son culte !

V 4 à 7 : 3ème message : l’objectif de Dieu, en agissant comme Il le fait, n’est pas de rompre l’alliance avec Lévi (les prêtres), mais de la rétablir en l’amenant à retourner aux attitudes et au comportement qui étaient ceux des lévites au début de l’exercice de leur ministère.

Un des combats et une des grandes difficultés auxquels sont confrontés chaque chrétien et chaque église est de garder le zèle et les attitudes qui étaient les leurs au début de leur vie avec Dieu : Apoc 2,5. Si elle peut arriver, il est rare que la déchéance ou l’éloignement du chrétien vis-à-vis de Dieu soient brutaux. La plupart du temps, cela se fait insensiblement, compromis après compromis, jusqu’au point d’atteindre parfois le niveau le plus bas : ex : 1 Sam 2,12 à 17.22.

Alors que les Lévites se satisfaisaient de la médiocrité et du service minimum, Malachie leur rappelle que le niveau que Dieu désire leur voir atteindre dans leur service est celui qu’avaient les premiers lévites, tels Phinéas par exemple : Nomb 25,6 à 13 ; Psaume 106,28 à 31.

Les Lévites du temps de Malachie l’ayant oublié, Dieu leur rappelle ici les attitudes qu’Il attend d’eux et le contenu de la mission qu’Il leur a donné. Pour être les serviteurs qualifiés qu’Il attend d’eux, les Lévites doivent :

- plus que les autres, être habités par la crainte de Dieu : v 5. Pour ne pas l’avoir eu, certains en sont morts : Lév 10,1 à 5

- plus que les autres, être habités par la loi de Dieu : v 6a et 7, ce qui sous-entend qu’ils soient pour le peuple des modèles de respect et d’application dans leurs vies de cette loi : la même exigence est réclamée de nous tous dans le NT : Col 3,16 ; Jac 1,22

- plus que les autres, être des hommes droits qui soient une conscience pour les autres : v 6b : un souci partagé par Paul : 2 Cor 4,2.

Pour Malachie, et en conclusion de ce point, les Lévites ne peuvent atteindre le standard de qualité requis par Dieu dans le service que s’ils sont conscients de leur identité devant Dieu. Les Lévites ne sont pas des hommes comme les autres : ils sont des envoyés, des représentants, des missionnaires de Dieu : v 7b ; 2 Cor 2,17

Avant Paul, qui insiste beaucoup sur ce point, Malachie montre ici que ce n’est que lorsque l’on est conscient de l’identité spirituelle qui est la nôtre que l’on peut avoir le comportement qui en découle. C’est mettre la charrue avant les bœufs que de demander à un chrétien de réformer sa conduite avant qu’il n’ait pris conscience de la nouvelle personne qu’il est en Christ : 2 Cor 5,17. C’est la conscience de ce que je suis en Christ et pour Dieu qui me donnera la capacité de l’être dans les faits devant les hommes.

V 8 et 9 : 4ème message : le sujet d’accusation principal de Dieu à l’encontre des Lévites : l’utilisation dévoyée de la loi

Totalement liés à la loi, c’est pour leur utilisation frauduleuse et dévoyée de la loi que les Lévites seront principalement jugés par Dieu. Le procès de Dieu à leur encontre porte sur 3 chefs d’accusation précis :

- contrairement à leur père Lévi qui marchait avec Dieu dans la paix et la droiture : v 6, les Lévites du temps de Malachie s’étaient écartés de la voie, c’est-à-dire de la stricte obéissance à la loi : v 8a. Leur péché était semblable à celui des pharisiens qui déformaient ce que disait la loi en y mêlant des interprétations qui leur convenaient : Marc 7,8 à 13.

- laxistes avec la loi, les lévites avaient entraîné d’autres après eux dans les mêmes travers, les conduisant par la loi à tomber dans le péché à leur tour : Esdra s 10,2-3.18 à 44.

- dépositaires par la loi de l’exercice de la justice, les lévites s’étaient rendus coupables de favoritisme dans leurs jugements : v 9, en ayant égard à la personne du grand et du riche par rapport à celle du pauvre et du petit : Deut 1,17 ; Michée 3,9 à 11.

Le réquisitoire dressé par Malachie nous rappelle à quel point est grande la responsabilité qui pèse sur les épaules des enseignants de la Parole de Dieu : Jac 3,1. Non seulement ceux-ci devront rendre compte du contenu de leur enseignement, mais de l’application qu’ils en auront faite dans leurs vies !

3) CONCLUSION :

Pour conclure cette section, dans laquelle Dieu dresse l’acte d’accusation des sacrificateurs de l’époque de Malachie, nous pouvons dire que les reproches de Dieu à l’égard de Ses serviteurs portent sur trois domaines qui, s’ils sont capitaux pour Lui, doivent aussi l’être pour nous :

1er domaine : les attitudes

Mal 2,5 nous dit que les sacrificateurs de l’ancien temps avaient la crainte de l’Eternel. C’était cette crainte respectueuse qui était à la base du sérieux avec lequel ils faisaient leur service. La crainte disparue, immédiatement l’esprit dans lequel se faisaient les choses se détériora.. La crainte de Dieu est le commencement de toute sagesse : Prov 1,7

2ème domaine : l’enseignement donné

Mal 2,6 nous dit que les sacrificateurs anciens se préoccupaient d’être de véritables messagers de la Parole de Dieu. Ils avaient à cœur, non seulement de bien enseigner, mais de ne rien enseigner de faux. Les nouveaux sacrificateurs n’enseignaient plus la Parole telle qu’elle était : ils s’étaient écartés des voies prescrites par Dieu pour enseigner au peuple leurs voies. L’Ecriture ne cesse de souligner la grande responsabilité qui pèse devant Dieu sur les épaules de quiconque enseigne Sa Parole : Jac 3,1

3ème domaine : le comportement

Mal 2,6 rappelle également quel était le comportement des sacrificateurs anciens : Lévi, dit Dieu, marchait dans la paix et la droiture. Si l’attitude est première dans ce qui fait notre façon d’être, l’Ecriture souligne de part en part la nécessité pour tout serviteur de Dieu de veiller à son comportement : 2 Cor 1,12 ; 1 Tim 3,2. Car c’est par lui que, d’abord, nous sommes ou ne sommes pas des modèles pour les autres.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire