vendredi 18 juin 2010

Malachie 1, versets 6 à 14

Reproches divins


Après la déclaration d’amour introductive de Dieu à l’égard d’Israël, l’Eternel, par la voix de Son messager, en vient aux reproches qu’Il a à formuler. Avant le peuple, la première cible de ces reproches se trouve être les prêtres ou sacrificateurs : v 6.

La raison de cette priorité de Dieu tient à une raison simple. C’est que, pour tout organisme malade (couple, famille, nation, Eglise), c’est d’abord à ceux qui en sont la tête que Dieu s’adresse pour définir les responsabilités premières de cet état de fait.

Ainsi, bien qu’Eve ait péché la première, c’est à Adam que Dieu va s’adresser d’abord pour poser des questions et établir la vérité au sujet de ce qui vient de se passer : Genèse 3,9. De même c’est au père de famille que Dieu demande d’aimer sa femme et de ne pas irriter ses enfants : Ephés 5,25 ; 6,4. Quel que soit le domaine, celui qui est placé en responsabilité plus grande est aussi davantage redevable à Dieu de l’état de la situation sur lequel il a autorité.

En ce qui concerne le domaine de la relation entre Dieu et Son peuple, les sacrificateurs occupaient les postes clés :

1. ils faisaient office de médiateurs entre Dieu et le peuple. Ils servaient Dieu dans le sanctuaire en Lui présentant toutes les espèces de sacrifices exigés par la loi pour assurer la relation entre Dieu et Son peuple : culpabilité, réparation, offrande, holocaustes… : Hébreux 5,1 ; 10,11. Une tribu entière, la tribu de Lévi, avait été consacrée à cette charge : Deut 10,8-9. A ce sujet, les Lévites avaient reçu des recommandations précises de Dieu : la loi de Moïse interdisait formellement l’offrande d’animaux aveugles, infirmes ou malades : Lév 22,18 à 25 ; Deut 15,19 à 21. Seul un animal parfait et en bonne santé pouvait constituer un sacrifice d’une qualité digne d’être agréée par Dieu. Si le peuple était coupable d’amener à Dieu des bêtes malades ou difformes, la faute des sacrificateurs était, non seulement de ne pas les refuser, mais d’oser penser qu’une telle offrande pouvait satisfaire Dieu.

2. en plus de leur service dans le sanctuaire, une seconde responsabilité des sacrificateurs consistait à l’enseignement systématique de la loi au peuple : Mal 2,4 à 7 ; Lév 10,8 à11 ; Néh 8,2. Non seulement les sacrificateurs du temps de Malachie n’appliquaient plus la loi, mais ils négligeaient de la faire connaître au peuple.

Si Malachie relève les insuffisances du service des sacrificateurs, il ne s’arrête pas là. Car ces insuffisances ne sont que la partie immergée de la réalité. Le véritable problème ne se situe pas d’abord dans la mauvaise qualité de service des prêtres. Elle est bien plutôt dans ce qui se trouve caché au plus profond des coeurs : l’abandon de tout le respect légitime dû à la personne de Dieu : v 6 et 8.

Application : Nous pouvons, en tant que peuple de Dieu, chanter à Dieu de beaux cantiques, formuler de belles prières, assister de manière formelle à de nombreuses rencontres autour de Lui ou de Sa Parole. Tout ceci cependant reste sans valeur, s’il n’est marqué par le premier sentiment que doit nous inspirer la conscience de la grandeur de la Personne devant qui nous nous tenons : le respect, la révérence, la déférence…

Quels sont les marques et les symptômes d’un culte irrévérencieux face à Dieu ? Regardons ce qu’en dit Malachie et voyons quelles applications nous pouvons en tirer pour nous. Pour Israël de l’époque du prophète, il était dans le fait :

1. que le peuple offrait à Dieu des sacrifices qui ne lui coûtaient rien : v 7 et 8.

Or, un sacrifice ne peut avoir de valeur que s’il a coûté quelque chose de valeur et de précieux de la part de celui qui l’offre : cf 2 Sam 24,24 ; Jean 12,3 à 5. La mesure de notre amour et de notre consécration à Dieu ne s’évalue pas sur la base de belles déclarations, mais sur celui des sacrifices réels auxquels nous sommes prêts à consentir pour les lui exprimer : temps, affection, renoncements divers.

Que penserait quelqu’un que j’appelle ami si, en guise de cadeau au jour de son anniversaire, je lui offrais le contenu de ma poubelle, ce dont je ne veux plus, mes rebuts… ? Toute attitude qui consiste à offrir à Dieu les « restes de sa vie », « ce qui vient après tout le reste », en pensant que « ça ira déjà pour Lui et qu’avec cela Il peut s’estimer heureux » est d’un affront sans borne aux yeux de Dieu.

L’attitude que l’on a envers Dieu se reflète souvent dans celle dont on fait preuve dans le service de l’église locale.

2. que le peuple rendait à Dieu un culte mécanique, irréfléchi : v 8 .

Le peuple faisait à l’égard de Dieu ce qu’il n’aurait jamais osé faire à un grand de ce monde.

Son offrande, dit un commentateur, ressemble à celle que ferait tel maître d’hôtel désobligeant à l’égard d’un prince d’Orient. « Voici que le maître d’hôtel entre dans la grande salle à manger et, prononçant les mots « Avec les compliments du chef », il retire le couvercle du plat d’argent et présente au prince un gigot d’agneau puant, faisandé, et grouillant d’asticots ! Comment croyez-vous que le prince va réagir, demande le commentateur ?

Les applications de cette attitude faite de mépris dans le service de Dieu sont faciles à trouver :

- tel chrétien qui ne se permettrait jamais d’être en retard à son travail se permet régulièrement de ne pas être ponctuel aux rencontres de l’église. Plaire au patron, c’est important ; Dieu, Lui, est large. Il a le temps…

- tel chrétien qui n’hésite pas à dépenser sans compter quand c’est pour se faire plaisir avec des amis trouve toujours que tout est trop cher quand il s’agit de financer l’œuvre de Dieu

- tel chrétien qui n’hésite pas à passer des heures entières à parler de banalités avec des amis la moitié de la nuit trouve soudainement que passer une heure dans la prière avec des frères est trop fatiguant

La question que Dieu nous pose ici est la suivante : nous disons facilement que Dieu compte pour nous plus que toute autre personne. Notre vie dans les détails prouve-t-elle cette affirmation ou l’infirme-t-elle ?

3. que le peuple rendait à Dieu un culte illusoire et méprisant : v 9 à 13

Après la qualité des sacrifices, c’est à la qualité de tous les services que Malachie s’en prend ici en parlant aux sacrificateurs. Nous devons le savoir : il est impossible de servir bien longtemps Dieu avec un cœur partagé. Notre cœur est un. Il ne peut se donner entièrement qu’à une chose : cf  Mat 6,24. Commençant quelque part, notre déficience par rapport à Dieu ne tarde pas à se montrer dans tous les domaines qui exigent de nous du cœur : vie d’église, relations fraternelles, vie de famille…

Déficients dans le domaine de l’offrande des sacrifices, les sacrificateurs l’étaient partout :

- ils continuaient à demander à Dieu de leur faire grâce, mais ne faisaient preuve d’aucun esprit de repentance : v 9. Dieu pouvait-Il leur faire bon accueil ? La demande de grâce qui n’est qu’un prétexte pour soulager sa conscience sans réformer sa conduite n’a aucun poids devant Dieu : elle ne sera pas entendue.

- ils continuaient d’entretenir le feu de l’autel, alors que, depuis longtemps, Dieu n’agrée plus rien venant de leurs mains. Face à cette attitude, Dieu pose la seule question qui vaille d’être posée : qui parmi vous fermera les portes du temple ? Dieu préfère voir les salles, dans lesquelles un culte hypocrite Lui est rendu, fermées plutôt qu’ouvertes ! Une absence de culte cause moins de tort à la réputation et à la gloire de Dieu qu’un culte creux et vide !

- ils continuaient à assurer le culte, mais trouvait tout service pour Dieu lourd, pesant, fatigant : v 13. Tout était préférable, au point de vue de la joie ressentie, au fait de servir Dieu. C’était donc à reculons et à contre-cœur que les sacrificateurs continuaient (parce qu’il fallait bien vivre de quelque chose) à assurer le service minimum dans le temple de Dieu.

Question : quels qualificatifs mettrais-je à l’idée d’un projet de service pour Dieu : captivant, motivant, stimulant, enrichissant ou plutôt, pesant, ennuyeux, fatigant, saoûlant ? Si je trouve ce que j’ai à faire pour Dieu plus lourd et laborieux que ce que j’ai à faire pour moi ou les autres, c’est que, quelque part, ma vie spirituelle est affectée du même syndrome que celle des Israélites du temps de Malachie.

Les chaussures que je porte dans ma vie chrétienne sont-elles celles du zèle que communique l’Evangile de paix : Ephés 6,15.

Au milieu de tous les reproches formulés, Malachie met pour terminer le doigt sur la cause première de l’irrévérence que les sacrificateurs manifestent à l’égard de Dieu : leur oubli de Sa grandeur, une gloire et une grandeur telles qu’un jour elle illuminera toutes les nations comme le fait le soleil : v 11.

Alors qu’Israël aurait dû être le peuple précurseur, porteur de cette gloire, par son attitude il a failli. C’est pourquoi, Malachie annonce plus loin la venue de Celui par qui la gloire de Dieu va de nouveau briller dans le pays et dans le temple : 3,1-2. C’est sur le fond sombre de la faillite d’Israël et de ses chefs que se produira l’événement de la venue du Messie.

Le texte de Malachie pose pour nous une dernière question. Si Israël, peuple de Dieu, était conduit sur le plan spirituel par un clergé, les sacrificateurs, telle n’est plus la situation dans le Nouveau Testament. Nous tous, croyants, sommes sacrificateurs pour Dieu : 1 Pierre 2,9 ; Apoc 1,6. Car tous, d’une manière ou d’une autre comme chrétiens, faisons office par nos prières, notre témoignage, notre service, nos actes, de médiateurs entre Dieu et ceux qui Le connaissent ou ne Le connaissent pas encore : le père de famille, le (la) responsable de l’école du dimanche, le prédicateur, les missionnaires encore davantage que les autres : Rom 15,16. Tous travaillent au même but : unir plus profondément les hommes à Dieu.

La question se pose donc à chacun de nous de savoir comment nous remplissons cette mission, avec quel entrain, dans quelles dispositions de cœur ? D’une manière générale, une autre question se pose : la venue première du Messie s’est greffée sur la réalité de l’abandon du clergé officiel de la vraie piété. Dans quel état Jésus trouvera-t-il Son Eglise lorsqu’Il reviendra pour la seconde fois ?

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