samedi 2 octobre 2010

Malachie 3,5 à 7

La réponse de Dieu à la question posée : 2,17 ; 3,5-6

a. Un jugement qui touche aux faits et à la vie : v 5

Voyant que la reconstruction du temple n’avait pas amené la libération espérée (le peuple restait sous la domination perse), le peuple, amer et déçu, avait posé à Dieu la question de savoir où se trouvait le Dieu du jugement : 2,17. Dieu avait commencé par répondre en donnant à Malachie une prophétie : en accord avec le souhait des Israélites, le Seigneur de l’Alliance allait venir. Précédé de Son messager, Il apparaîtrait là soudainement dans Son temple : 3,1.

Cependant, avertit le prophète, que le peuple ne se méprenne pas ! Si le Dieu du jugement se manifeste, c’est par la maison de Dieu que va commencer ce jugement : cf 1 Pier 4,17. Car les premiers, les fils de Lévi, chargés du service du culte, étaient impurs : v 3. Comment donc auraient-il pu apporter à Dieu des offrandes qui soient justes ? Dieu, dit Malachie, les épurera en les faisant passer par le procédé du fondeur, procédé par lequel, au travers du feu, l’ouvrier détachait la couche d’oxyde qui recouvrait le métal précieux jusqu’à ce qu’il puisse voir son propre reflet dans celui-ci !

Si Dieu se présente donc à Son peuple, insiste Malachie, c’est d’abord pour le jugement ! C’est pour faire disparaître du milieu de lui tout ce qui outrage et déshonore Son nom tant :

- sur le plan des pratiques spirituelles : la magie, la sorcellerie, les pratiques occultes : Deut 18,10 à 13

- que dans le domaine de la vie de couple des prêtres : adultères, union avec des femmes étrangères : Mal 2,14

- de la vérité dans les engagements pris : les faux serments : Lév 5,20 à 24

- des abus de pouvoir dans le domaine social : oppression du salarié, de la veuve, de l’orphelin et de l’étranger : Lév 19,13 ; Deut 10,18-19 ; Exode 22,21.

Les domaines d’application dans lesquels entre le jugement de Dieu sur les fils de Lévi nous rappellent que pour Dieu, le fait d’être à Son service englobe au même niveau toutes les composantes de la vie. Etre prêtre de Dieu, c’est l’être dans la dimension spirituelle du service rendu au temple, mais aussi dans sa relation de couple comme dans toute sa manière d’être. Ce qui était déjà vrai dans l’Ancienne Alliance l’est d’autant plus dans la nouvelle : Mat 5,13 à 16 ; Ephés 4,1.17.25 à 32 ; Col 1,10.

Un autre aspect souligné par le prophète est que le jugement de Dieu ne se prononcera pas sur une impression ou des ouï-dire : cf Esaïe 11,3, mais sur la bases de fait avérés. C’est comme témoin des actes coupables et délictueux que Dieu se présentera à la barre du tribunal dans le procès qui sera fait à Son peuple : cf Mal 2,14. Sachons qu’il est impossible à quiconque d’entre nous de cacher nos péchés aux yeux de Dieu : Hébr 4,13. Plutôt donc que d’attendre le jour où Dieu les étalera devant nos yeux, la solution préconisée par le Nouveau Testament est que, maintenant, aujourd’hui, nous nous jugions nous-mêmes en les Lui confessant : 1 Jean 1,5 à 10.

b. Un jugement qui rétablit l’intégrité de la Personne de Dieu : v 6

Tout autant, au moins, que le fait de purifier les fils de Lévi pour les rendre de nouveau aptes à un service honorable, l’autre but du jugement est de rétablir l’honneur et l’intégrité de Dieu. Car, outre la honte qu’il apporte à ceux qui le pratiquent, le péché produit inévitablement un effet pervers dans leurs consciences. Cet effet est qu’il déforme, en la relativisant, l’idée que l’on se fait de Dieu, cela, comme l’indique le verset, d’autant plus si Dieu ne semble pas réagir immédiatement aux péchés pratiqués : Psaume 50,18 à 23 ; Esaïe 26,10. Au lieu de le pousser à la repentance, ce qui devrait être l’attitude logique, trop souvent la patience de Dieu conduit le pécheur à s’endurcir toujours plus dans ses voies : Rom 2,4-5.

Comme le souligne le récit de la tentation originelle dans la genèse, le relativisme fait partie intégrante de la mécanique du péché : Gen 3,1. Personne ne pèche sans s’être auparavant laissé affaiblir dans la conscience qu’il a de Dieu. Pécher conduit obligatoirement à réduire la distance qui nous sépare de Dieu pour nous Le rendre le moins sévère et le plus complaisant possible : du « Dieu a-t-Il réellement dit », Satan, pour gagner Eve, passe à « Dieu sait »… C’est une très mauvaise conception de la grâce et de l’amour de Dieu que de penser que ceux-ci équivalent de Sa part à de l’indulgence envers le péché.

Dieu, même s’Il tarde à juger : 2 Pierre 3,8-9, dit Malachie, n’a pas changé ! Il est toujours le Dieu trois fois saint : Esaïe 6,3, séparé du mal, celui qui est lumière et dans lequel il n’y a aucune ténèbres : 1 Jean 1,5. Telle est la vérité que rétablit le jugement. Non seulement il est le moyen de punir le péché comme il se doit, mais encore de rétablir l’honneur et la dignité bafouée de Dieu !

3ème passage : appel au retour : Malachie 3,7

Bien que le jugement soit annoncé, il est de loin dans la nature de Dieu de préférer bénir plutôt que de juger : Ezéchiel 33,11. Il est notoire qu’en se présentant à Moïse, Dieu commence par décliner Ses dispositions à la clémence et à la patience plutôt qu’à la justice : Exode 34,6-7.

Aussi, le fait que Dieu dise qu’Il n’a pas changé concerne tout autant le rappel de Sa sainteté que celui de Sa patience. Si Jacob n’a pas encore été exterminé, c’est que Dieu attend encore pour le faire. Il attend, espère, supplie que le peuple revienne à Lui pour qu’Il lui épargne la souffrance de le juger ! Toute l’histoire du peuple de Dieu, depuis Jacob, le fourbe, le rusé, est le témoignage de l’immense patience de Dieu envers des êtres qui, en réponse à Son amour, ne Lui ont offert la plupart du temps que désobéissances et rébellions : Néhémie 9,16 à 20.

Maintenant donc encore, avant de juger, Dieu, comme M Seguin pour sa chèvre qu’il sait aller au-devant de la mort et du malheur, appelle ! Il l’appelle à revenir à Lui ! Que signifie, dans la situation des Juifs de l’époque un tel appel ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre maintenant !

1. 1ère vérité liée à la repentance : v 7

Elle ne se construit pas, de la part de Dieu, sur des illusions. Comme si, après des siècles d’infidélité, le peuple, soudain, devenait obéissant. Josué, déjà en son temps : Josué 24,16 à 24 et Jésus plus tard, ne se feront guère d’illusions sur la valeur des engagements humains : Jean 2,25. Ce n’est pas sur la base de belles promesses faites pour l’avenir que doit se construire notre retour vers Dieu !

2. Seconde vérité : l’exigence de Dieu

L’exigence de Dieu pour la repentance est la même que celle que Jésus traduira dans la parabole du fils prodigue. Ce que Dieu attend est que, suffisamment déçus de l’état dans lequel nous a conduit nos voies, nous revenions : cf Luc 15,17 à 19. Remarquons qu’ici aussi le fils ne fait aucune promesse au père. Il se limite à se condamner pour la voie qu’il a choisi et à espérer un peu de miséricorde de sa part !

3. 3ème vérité : le retour de Dieu

Autant la repentance est un retour du peuple de Dieu vers Dieu, autant elle l’est pour Dieu vers lui. Dans le mouvement qui fait que nous revenions à Dieu, nous ne faisons pas tout le chemin : Dieu Lui-même vient au devant de nous pour nous accueillir et rendre plus facile notre retour vers Lui : cf Jean 15,20. C’est sur la base de la force de Son amour renouvelé que Dieu compte pour nous attacher à Lui, plus que sur le caractère ferme de nos dispositions : cf Ps 119,106-107.